Ma vie professionnelle en ce moment, c’est un peu l’enfer.
(J’allais écrire de la merde, mais ce n’eut point été très littéraire, donc je
m’abstiens, mais c’est vraiment l’idée.) Déjà, être obligé de travailler, ce n’est
pas mon délire. OK, il y a des gens qui ont des rêves, de l’ambition, qui
pensent qu’ils vont changer la face du monde… Et il y a les autres qui comme
moi ont des factures à payer, besoin de manger et pas de vocation.
En fait, ça se passait plutôt bien en dépit du manque de
considération et de l’absurdité organisationnelle parce que les collègues
étaient chouettes, qu’il y avait de l’entraide et une volonté d’avancer. Jusqu’à
l’arrivée de la teigne qui se dispute avec tout le monde et pourrit absolument
toute les ambiances et qu’on laisse faire parce que elle n’est pas que psychopathe
mais aussi manipulatrice. Vous connaissez surement le genre, non ?
Bref,
en ce moment, ma vie professionnelle c’est LA GUERRE comme dirait Glenn Close
en Marquise de Merteuil. (Dangerous liaisons, Stephen Frears, 1989, merveilleux
film très fidèle au merveilleux roman.) Et moi aussi, je dis OUI!
Du coup, j’en arrive presqu’à porter de vrais parfums de
bureau. Des trucs du genre chypres très épaulés qui aurait pu être porté par
Joan Collins (dans la saison trois de Dynasty, la plus belle, celle ou elle
porte des tas de tailleurs noirs avec des chapeau à voilette et des fourrures
parce que juste les épaulettes et les talons ce n’est pas assez fétichise.)
Le
but est clairement, non pas de marquer mon territoire, ni d'avoir l'air pro, mais d’envahir celui de
l’autre en le bousculant (en tentant de le mettre KO) au passage et de ne pas
céder un pouce de terrain. La teigne est tenace mais moi aussi. (Confidence :
je l’ai aperçue l’autre jour et elle
ignore visiblement tout de l’existence du skincare, elle est horrible à voir :
avec quelques années de moins que moi, elle peut passer pour mon aieule et j’avoue
que ça me met en joie. Je n’ai jamais prétendu être charitable.)
Petite revue de mes parfum power dressing parce que "pourquoi s'effacer quand on peut porter une armure et conquérir le monde?"
Aromatics Elixir de Clinique est peut-être envisagé comme un
parfum hippie à cause de sa date de naissance, 1971, merveilleuse année, la mienne
!, mais il faut vous souvenir que c’est aussi l’année de la collection
Libération de Saint Laurent qui revisitait les épaulettes et le glamour années ’40.
(Le parfum et la collection ont cet autre point commun d’avoir été de plus en
plus apprécié alors que leur date de sortie reculait dans les limbes du passé.
De « non, ça ne va pas être possible » à CULTE !) Aromatics est
clairement un parfum inspiré du passé, qui va puiser son glamour dans le film
noir pour jeter ses charmes sans aucune discrétion. Le départ camomille pourrait
faire penser au bien être mais la rose sombre, vineuse vient jouer les fatales
main dans la main avec un patchouli revanchard et sec qui fait marcher la mousse
de chêne au pas. Ce duo met tout le monde à terre. C’est très beau, fascinant,
complexe et certainement pas fait pour les demi-portions ou les jeunes espoirs. (en détails:
ICI)
Le parfum de Paloma Picasso est aussi TRES épaulé et
revisite pareillement les classiques. (Les années ’80 adoraient les classiques,
rendons-leur cette justice parmi une multitude de fautes de goût.) Des
aldéhydes et du jasmin sombre à odeur de cire de bougie rendent hommage au N°5
avant que n’arrive le patchouli, encore et toujours lui, légèrement musqué
ambré histoire de lui ajouter un peu de puissance. C’est bourgeois, on se croirait
dans une photo d’Helmut Newton où nous serions celle ou celui qui tient la
cravache pour mettre le chauffeur au pas. Ou plutôt à genoux. Très autoritaire,
très envahissant, c’est un must have de la vie en entreprise qui envoie comme
message « je ne suis ici que pour vous faire ramper. » Office but not
friendly, vous voyez ce que je veux dire. (en détails: ICI)
Knowing, chez Lauder est un peu plus aimable même s'il n'oublie pas que savoir c'est pouvoir. Après quelques
aldéhydes, il y a la rose fluorescente typique des années ’80 et le patchouli
sombre et fatal qui rappelle beaucoup celui d’Aromatics Elixir parce que le groupe
Lauder aime recycler les formule, mais il y a les fleurs blanches, jasmin,
tubéreuse et consort qui réchauffe l’ambiance, apportent une note légèrement
sucrée qui donne au parfum un petit quelque chose qui fait penser qu’au fond, tout
au fond, Knowing a bon fond et que s’il distribuent les gifles et fait claquer
les portes, c’est probablement avec de très bonne intention.. C’est un sacré
tempérament mais pas une mauvaise personne. Évitez juste d’être sur son chemin
quand ce n’est pas le moment.
L’eau du soir de Sisley est beaucoup plus polie, plus raffinée.
Avec ses notes vertes, ses aldéhydes, elle est toute propre un peu madame. Mais
on la sent venir de loin et on devine très bien le patchouli solidement
charpenté, terreux, sous le gant de velours. Les portes ne claquent pas mais le
ton glacial fait la température a baissé de quelques degrés. Plus net, plus
mince qu’Aromatics à qui il doit aussi beaucoup, je ne suis pas certain de lui
donner ma préférence même si j’apprécie sa sobriété nette qui a mis les fleurs
en sourdine pour qu’on ne le suspecte pas d’avoir des sentiments. Un parfum de
technicien qui se met à l’abri de l’humain pour éviter le drama. #welovedrama (en détail: ici)
Autre salle,
autre ambiance, il y ales jours de télétravail, ceux ou on ignore soigneusement
la messagerie et les appels skypes. Ces jours-là, ce sont des jours
confortables en mode cocon loin du monde réel ou on tient tout à distance.
Je ne résiste
pas à la faille spatiotemporelle Ombre Rose de Jean-Charles Brosseau qui parade
dans l’un des plus magnifiques flacons qui soient. Beaucoup d’aldéhydes, encore
plus de poudre et une rose ancienne, passée, transparent et douce,
effectivement à l’ombre pour un effet la vieille marquise à la perruque poudrée
s’est échappée de son tableau au pastel. Il a beau être des années épaulettes,
tout dans ce parfum indique l’âge vénérable, la démode complète. Un délice pour
collectionneurs de dentelles anciennes qui ne savent même pas ce que
productivité et efficacité veulent dire.
Autre plaisir
que je me fais : Kenzo Memori. (Oui, je SAIS, vous allez me dire que c’est
introuvable. Cherchez !) Musqués de blanc, cotonneux et doux, ils enveloppent
dans une douceur crémeuse et poudré. Mon seul souci, devoir choisir entre le
thé de Poudre Matcha et ses nuances de céréales grillées et le mimosa joyeux de
Rêve Lotus. Je pourrais dire que le lotus est en accord avec une belle journée
ensoleillée et que le Matcha se plaît dans l’ombre presqu’obscure des jours
pluvieux sans mentir, mais la réalité est que les deux flacons se ressemblent
tant que je laisse le hasard choisir à ma place, les deux étant absolument
charmants. Interchangeables ? Oui, un peu. Pas parce qu’on les confondrait,
même s’ils ont un air de famille, mais parce qu’ils provoquent le même genre d’émotions
positives et sereines. (Inutile de dire, que, non, vraiment, ils ne sont pas faits
pour être porté au bureau, les jours où on a envie de voir la tête de la teigne
au bout d’une pique.)
Et vous ?
Vous portez quoi au bureau ? Et en télétravail ?
Moi c'est Le lion de Chanel que je porte ces jours-là, parce qu'il m'emmène immédiatement dans l'univers des chevaux, des vêtements militaires. Et paf! un coup de cravache sur le bureau de la harpie.
RépondreSupprimerQue j'aime ce film, Glenn Close est tellement parfaite et magistrale. La scène finale est inoubliable.
Les Liaisons Dangereuses: meilleure scène de démaquillage au monde!
SupprimerLe Lion, oui, j'aurais pu y penser aussi, pourquoi pas... (Sauf qu'en vrai, je ne le porte JAMAIS. Du reste, Shalimar, qui l'a clairement inspiré, non plus. Beaux, mais pas mon genre.)
Amarige de Givenchy ou Coco. Mais je ne travaille plus au bureau... quel bonheur! Au Canada, les parfums en ''milieu de travail'' c'est presque de l'hérésie... je travaillais en Ontario, c'est pire que tout! Vive le télétravail!
RépondreSupprimerEn Europe il n'y a heureusement pas ce genre d'interdiction implicite. Mais quand vous avez des collègues hommes qui portent des bois ambrés étouffants ou femmes qui sentent la pâtisserie industrielle des derniers trucs lancés à coup de millions je regrette presque le cas de votre région. Et quand vous leur expliquez charitablement qu'il y a des choses fabuleuses à porter dans l'esprit de ce qu'ils pourraient aimer (en leur donnant quelques pistes) on vous répond d'un air dédaigneux que c'est démodé et que c'est un parfum de vieux...
SupprimerCette sorte de "politesse" est absolument désolante. Pas que je ne la comprenne pas du tout et que je n'y vois certains avantages, mais elle est tellement loin de ce qui me faciliterais la vie en termes de politesse et de lissage des comportements qu'elle me gène plus qu'elle ne m'arrange. J'avoue que travailler sur un vaste plateau aide : sans espace confiné, resserré, le parfum est moins gênant... Mais comme je reçois des compliments régulièrement, de mes collègues directs avec lesquels j'aime travailler, je me fiche bien de ceux que je pourrais gêner. Oui, j'avoue, c'est mal. On a bien dit que la vie de bureau, c'était une zone de guerre...
SupprimerComme tout cela, que j'ai connu, est formidablement bien écrit ! Je me souviens d'un homme, très gentil par ailleurs, qui se parfumait exagérément de je ne sais quoi, jusqu'à ce qu'un collègue lui demande s'il avait utilisé le produit pour détartrer les WC ! :))) Il a bien enregistré la blague et s'est parfumé avec plus de légèreté de parfums plus frais, et c'était très agréable....
RépondreSupprimerDans les années 80 je m'étais entichée du N° 5, l'extrait, c'est dire si j'avais besoin d'une armure, quant à la bestiole associable, nous l'avons tous plus où moins connue, et pas de télétravail à l'époque. Par contre je me souviens de femmes, déjà insupportable, qui arrivaient dès le matin parfumées de je ne sais quoi, mêlé à l’immonde odeur du tabac ! A vous mettre le cœur au bord des lèvres, et qui se plaignaient lorsque je brûlais un peu de papier d'Arménie vers 17H lorsque tout le monde s’apprêtait à partir ! Faut-il avoir besoin de travailler !
Bonne semaine cher ami, avec mon amical soutien ! Gabrielle Dlr.
A l'odeur de la cigarette, ajoutons celle du café froid, je trouve le mélange des deux particulièrement répugnant. (Pourquoi bien plus que chacun séparément? Je n'ai pas de réponse...C'est un mystère aussi mystérieux que "Pourquoi sa si écœurante vanille devient-elle su belle dans pour un homme?" un mystère impénétrable d'autant plus fascinant qu'il reste mystérieux.)
SupprimerAlors je citerai Habanita de Molinard, très "poussez vous j'arrive" et d'ailleurs quand il est là il y reste. Être un homme et parfumer ses cheveux au Habanita.....il est où le problème ? On aime.
RépondreSupprimerLe seul problème, c'est quand on est chauve parce que ça devient un peu compliqué. Personellement, je n'aurais pas cité Habanita pour le boulot parce qu'il lui manque cette froideur qu'on les knowing et compagnie. Enfin, je dis "lui manque" mais c'est aussi une de ses qualité d'être tout feu tout flamme...
SupprimerC'est exact, Habanita sera plus "Arabesques" que "Dynasty" :)
SupprimerVoire carrément sur Grace Jones jouant May Day dans a view to a kill?
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