Iskander, parfum d'empire

 


« Des Africains en jupe-culotte rouge, des Hindous enturbannés de blanc suffisaient pour que de ce Paris où je me promenais je fisse toute une imaginaire cité exotique… »

Marcel Proust, à la recherche de temps perdu, le temps retrouvé, 1927.

 

Iskander revisite un genre qui m’est cher, celui de l’eau chyprée et du chypre en général. Edmond Roudnitska avec l’Eau Sauvage avait créé une forme nouvelle qui résolvait la quadrature du cercle en proposant enfin une fraîcheur durable. Ce fut un classique immédiat, abondamment revisité, toujours plaisant et élégant même si manquant parfois d’originalité. Les nuances sont souvent infimes pour ceux qui ne voit que « des eaux fraîches pour l’été » interchangeables, des colognes durables… (Alors, déjà, je n’aime pas ce ton méprisant qu’on certain en parlant de la cologne traditionnelle : la formule est simple, peu tenace, mais magnifique et donnant un plaisir inouï. Certes, abondamment disponible et peu chère, on oublie de la regarder comme un vrai parfum qu’elle est. La déconsidérer en la qualifiant de sent-bon pour les pauvres est snob et témoigne d’un manque d’esthétisme flagrant.)

 


Sagement, Marc-Antoine Corticchiato offre une bouffée d’agrumes (plus citron que bergamote), mêlée d’aromates, plus présents par la suite, pour lancer le parfum. Ça sent déjà bon le sud. Mais, le truc, la vraie différence, vient après. (On pourrait être sur une énième variation type Eau du Sud que j'adore) Assez rapidement, le fond végétal du parfum est présent, très présent, ramenant la formule eau chyprée vers le chypre. Mais là où le chypre évoque les sous-bois humides et automnaux, on poursuit notre exploration du sud. Oublié les notes humide, un peu moisie du chypre traditionnel. Ici, tout est sec et bruni, paré des couleurs fauves de l’été et de la chaleurs. Mousses et herbes son sèches. On est du côté de la Provence de Giono ou dans une ferme en Afrique avec Karen Blixen. (Est-ce que c’est le parfum à porter pour rêver que Robert Redford nous lave les cheveux ? OUI !)

 

En arrière plan:
Veruschka en saharienne Yves Saint Laurent
par Franco Rubartelli, Vogue, 1968

Mon imaginaire Sud est peu développé. Pas question que je parte dans des descriptions lyriques qui colleront à l’imagerie de la marque (Iskander fait allusion à Alexandre le Grand en Orient) ou des choses du genre. Pour moi, ce parfum évoque la saharienne d’Yves Saint Laurent. (Plus que le malheureux parfum du même nom lancé par la marque.) C’est chic et décontracté, ça répond à une envie d’exotisme, de voyage, de chaleur et de soleil, c’est à portée de main pour qui sait voir en transfigurant le quotidien…

 

Iskander, Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d’Empire, 2006.

Commentaires

  1. Bonjour,
    Grâce à vous, j'ai découvert les parfums empire et ils me plaisent de plus en plus,le prochain achat sera eau suave ou équistius c'est dur de choisir ... Le second aplus de tenue et de sillage qu'en pensez -vous ?
    Bravo pour votre style rafraichissant.

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    1. J'aime vraiment beaucoup la marque. Je dis souvent que ce n'est pas celle que je porte le plus, mais celle que je conseille le plus. Mais l'eau suave pourrait changer un peu ça ;) Et pour ce qui est de la tenue et du sillage: il n'y a vraiment aucun souci, sur moi il est très présent et pour longtemps. Bon, j'ai pas testé au delà d'une journée, mais... (Globalement, c'est un souci qu'on a pas avec parfum d'empire.) Maintenant, il faudra venir me dire quoi!

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  2. Bonjour Dominique, j'attends avec impatience que Parfums d'Empire propose des échantillons à la vente ... D'ici avril mai m'ont ils dit. J'ai pu découvrir la maison Violet et Anatole le breton grâce à leurs kits d'échantillons. J'adore l'effet de surprise ... La 1ère impression, l'évolution sur ma peau tout au long de la journée, le sillage, la tenue. J'éduque mon nez grâce à toi, merci, c'est vraiment intéressant et tellement agréable.

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