"Réveil des souvenirs mettait au milieu de la réalité matériellement perçue une part assez grande de réalité évoquée, songée, insaisissable…"
Marcel Proust à
la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.
Eau Sauvage est l’un
des parfums que j’ai le plus portés et pourtant, j’ai toujours le sentiment de
ne pas le connaître, de le découvrir à chaque fois, comme si à force d’avoir le
nez dedans depuis trop d’années, je l’avais tellement intégré à mon environnement
qu’il m’était devenu inodore et que je doive lui prêter attention à chaque fois
comme si c’était la première, comme si à force de vivre trop près de lui, je ne
le connaissais plus. Du coup, j’étais bien obligé de m’interroger sur mes
souvenirs et la perception que j’avais des différentes versions. L’actuelle me
satisfait pleinement, mais n’est-ce pas un fantasme ou du déni ? C’est
donc presqu’à des fins scientifiques que je me suis procurer un flacon vintage
d’Eau Sauvage.
vous noterez également la différence de couleur entre les deux version, l'ancien s'étant considérablement assombri. |
J’ai mis la main
sur une version du tout début des années ’80. J’étais un peu réticent car l’eau
chyprée est ce qui vieilli le plus mal entre ses agrumes et aromates qui
tendent à disparaître et le fond qui bouge assez facilement, bouscule le reste
de la formule en prenant trop de place. De fait, cette version n’est pas
intacte. Je ne vais pas me plaindre et dire qu’elle est fort abîmée, mais
enfin, comme je m’y attendais, le départ à souffert. La première sensation est
celle de l’alcool et d’une vague mais lointaine sensation parfumée. Le cœur floral
est beaucoup plus présent qu’il ne l’a jamais été, très joli sur ce fond chypré
bien à sa place et très Eau Sauvage. J’ai reconnu mon parfum, ayant l’impression
d’en goûter une variation un peu plus tendre, plus sophistiquée, plus dans la
séduction.
C’est vrai qu’il
était beau ce fond original de l’Eau Sauvage, moelleux et confortable, plus
rembourré que le fond boisé actuel très (trop !) discret. Finalement, la règlementation
étant ce qu’elle est, je continue d’aimer mon Eau Sauvage actuelle. Le travail
de François Demachy sur la création de Roudnitska est vraiment réussi : il y a la finesse, l’élégance et
surtout la joie de l’original. La version ancienne ? Elle est sympathique,
mais elle ne vaut pas vraiment le risque, pas une version aussi ancienne, pas
la peine que ça m’a donné de la chercher en tous cas. Et je trouve que c’est
plutôt une bonne nouvelle.
Bonjour Dau, trouver une nouvelle version plus agréable à porter que les précédentes est une très bonne nouvelle, et j'en dirai plus, si nous considérons que le travail de François Demachy est réussi, il y a vraiment lieu à avoir un peu d'espoir.
RépondreSupprimerContente de vous lire, à très bientôt!
Sara
Bonjour Sara,
SupprimerOui, vraiment, je trouve que le travail qu'il fait sur les classiques de la maison, compte tenu des restriction IFRA que la marque respecte est plutôt du très bon boulot, même si je trouve toujours que Miss Dior est importable quand on a connu l'ancien et que Dioressence est vraiment trop plt. Mais la formule même de Dioressence le condmne si on veut respecter les normes IFRA, je pense.
à bientôt
Dau