C’est l’un de ces parfums que l’on connait assez peu mais quand même, parce qu’ils sont là depuis tellement longtemps même si on ne les considère pas, à tort, comme des grands classiques. Ce parfum incarne merveilleusement la marque… Ralph Lauren s’est fait connaître en rendant désirable des looks classiques, subtilement modernisés et mis en scène de façon très cinématographique. (Il est d’ailleurs responsable des costumes du Gatsby de 1974 et de Annie Hall qui ont contribué à l’imposer.) Les vêtements sont adaptés à la vie réelle mais raconte une histoire et Polo, le parfum, fait de même en se plaçant hors du temps et hors des modes.
L’époque était aux parfums plus tapageurs, plus tonitruant mais Ralph Lauren a joué la sécurité d’un parfum discret, poli et bien élevé, qui aurait toujours existé. Le départ est vert, des notes de pin, d’armoise, qui évoque une forêt, un peu aromatique, après une toute première note un peu cologne. Les notes vertes durent soutenues par un bouquet floral classiquement masculin avec son géranium et par un fond un peu cuir, un peu bois mais surtout mousse et patchouli terreux pour prolonger l’effet vert forêt. La caricature du mâle de l’époque est évitée : pas de fougère qui sent bon le barbier, à la place un léger effet propre et savonneux.
Il faisait déjà un peu rétro quand je l’ai connu et l’effet ne s’est pas véritablement accentué : Polo parle d’un temps et d’un lieu qui ne sont pas les nôtres, ne l'ont jamais été, d’un mélange de vie au grand air, de lecture dans un bibliothèque ancienne, de laine et de tweed, de maturité un peu campagnarde mais pas spécifiquement masculine : il est tout aussi joli, si ce n’est plus, sur les dames à condition d'éviter les robes à fleurs. Il a passé l’âge du romantisme, des émois et des coups de cœur, il s’est installé dans la durée, la solidité, la stabilité.
Si c’est un film, les héros sont châtelains, la bâtisse est confortable, les fermes rapportent. C’est un peu sans histoire, mais les images sont belles, l’ambiance est plaisante et puisque, après tout, les gens heureux n’ont pas d’histoire, on aime ce parfum toujours chic qui tient compagnie à Grey Flannel sur l’étagère des parfums élégants, une élégance un peu rustique dans le cas de Polo qui a l’extrême bon goût de ne jamais en faire trop…
Je le trouve très facile à porter: probablement parce que j'ai enfin l'âge du rôle. (Mais c'est, ma foi, fort agréable de porter un parfum que ne vous demande aucun effort, même pas de rentrer le ventre!)
Polo, Carlos Benaim pour Ralph Lauren, 1978
Il est le symbole de: "l'élégance c'est la discrétion".
RépondreSupprimerA notre époque "j'en fais trop, il faut que ce soit instagrammable" on ne peut que se sentir bien avec un pantalon kaki (ni slim, ni baggy) une jolie chemise bleu ciel et "Polo"... et non, on n'est pas tradi pour autant!
Oh être tradi n'est pas un problème tant qu'on peut choisir la tradition... Tout sauf être réactionnaire! Militons pour lui donner un second souffle et le faire reporter à nouveau! (Détail cocasse qui convaincra peut-être certains: une jeune fille qui sentait très fort la vanille m'a complimenté à son sujet dans l'ascenseur Oui, oui, il plaît encore, même au jeunes!) Je l'imagine personnellement très bien sur une jeune femme qui s'inspirerait de Katharine Hepburn ! (Tradi, mais surtout pas tradwife!)
SupprimerOld money...j'adore
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