Il est de bon ton de
blâmer l’Oréal pour tout et de dire que les parfums d’Yves Saint Laurent ne valent plus
rien, que c’était mieux avant, etc. (Vous connaissez la chanson.) Je ne suis
pas du tout d’accord sans avoir particulièrement l'impression de vendre mon âme au Diable, je trouve que la marque en respectant les législations et
les réglementations a su maintenir les jus historiques dans une forme
reconnaissable, immédiatement identifiable. Opium est certes différent de ce qu’il
a été, il ne serait plus possible aujourd’hui, faisons-nous une raison, mais il
reste Opium avec un sillage très présent, certes plus bourgeois que fatal, mais
qui en fait encore l’un des meilleurs parfums du marché. (Je trouve qu’on est
parfois bien bête d’aller payer très cher pour de la niche quand il y a un truc
comme Opium dans toutes les parfumeries de la terre.) Quant à Rive Gauche, j’aime
tellement la version actuellement en vente, que je crois même que je la préfère
à l’original. Du moins, je ne me donne pas la peine de rechercher des versions
anciennes. Bien sûr Black Opium me
dégoûte un peu (beaucoup.) Mais Libre est un parfum que j’apprécie…
Et puis, il y a la ligne
exclusive « le vestiaire des parfums » qui propose des créations plus
luxueuses faisant un lien avec la haute couture d’Yves Saint Laurent. Les
parfums proposés n’ont à faire rougir personne. Tout ce que j’ai senti est
joliment travaillé, élégant, qualitatif, avec l’aura de luxe qu’on attend d’une
ligne prestige, mais sans sombrer dans la vulgarité du tape-à-l’œil, de la
surcharge de matière trop évidente…
Est-ce que j’ai des coups
de cœur ? Oui, pas qu’un. Vraiment, je pourrais jouer entre la ligne
mainstream et le vestiaire et ne me parfumer que chez Saint Laurent, ce serait
assez facile à vivre pour moi. Aujourd’hui, parlons un peu de Lavallière qui me plaît énormément. (C'est totalement mon genre, peut-être pas un chef d'oeuvre mais totalement mon genre.)
Si la référence mode
ancre plutôt le parfum dans la période la plus créative de Saint Laurent, le
parfum m’évoque plutôt sa mode des années ’80-’90, l’âge de la reconnaissance,
des hommages, des musées, celui ou le style était trouvé, où il n’y avait plus
le choc de la surprise, mais le perfectionnement toujours renouvelé des formes
existantes avec à chaque fois, non plus l’onde de choc du scandale, mais l’émerveillement
de la poésie, l’admiration à chaque fois renaissante devant la beauté qui était
mise sous nos yeux. (Bref, le moment où Yves Saint Laurent était passé de marque de mode à marque de luxe)
Lavallière repose
principalement sur un accord figue-rose, ce qui pourrait être un peu tout et n’importe
quoi donc une brève description s’impose parce que dire figue-rose, c’est ne
rien dire.
Le parfum s’ouvre sur une
note verte de bourgeons de cassis avant de partir sur la figue, verte, charnue,
juteuse, un peu lactée et sans sucre ajouté. Cette figue est un peu plus qu’un
bref départ même si peu à peu la rose qui est l’âme du parfum apparaît. C’est
une rose fraîche, qui évoque des transparences de mousseline, pour faire le
lien avec la lavallière. Le fond musqué, raidi par une pointe de vétiver qui la
soutient ne prend jamais vraiment le dessus mais maintient le parfum dans une
zone point trop doucereuse. Alors que la figue pouvait annoncer une pointe de
gourmandise, on se retrouve plongé dans un univers assez romantique, certes
élégant, mais surtout ravissant. Ce n’est pas un parfum qui s’impose parce qu’il
est autoritaire, chic, riche ou quoi que ce soit du genre, c’est un parfum qui
fait du charme, flirte.
Lavallière est dans la
lignée de
Paris à mon humble avis. Pas à cause de sa construction, ni même de la rose, mais parce que c’est
un parfum intrinsèquement heureux. Pas un parfum qui prend une prise de position
radicale, mais un parfum lumineux et tendre qui met notre petit cœur à l’abri
dans une petite bulle rose où personne ne pourrait avoir l’idée saugrenue de
nous faire du mal, un parfum pour les jours de fragilité ou la légèreté est une
arme.
Original par son
association figue rose., il a un côté jamais vu. Certes, il reprend un peu l’Ombre
dans l’Eau de Diptyque, mais sans le côté transi, sombre de l’ombre. Son départ
rappelle un peu la figue de Ninfeo Moi d’Annick Goutal mais en transposant la
figue du genre agreste au genre élégant. Il est évolutif, mais de façon
extrêmement fluide, on ne sent pas les transitions, on se dit juste « ah,
oui, il a encore changé » par moment. Il présente une belle aura couture,
très élégante, mais pas écrasante, jamais figée et absolument pas dame. (Je l’aime
beaucoup sur les jeunes, mais j’aime encore plus qu’il me rajeunisse un peu !)
Certain lui reprocheront peut-être sa frivolité mais…
Ecoutez, on ne peut pas
tous se prendre au sérieux. Un peu de légèreté, que diable ! Nous avons
aussi le droit de vouloir être juste heureux.
Lavallière, le vestiaire
de parfums, Annick Ménardo pour Yves Saint Laurent, 2022.
Absolument d’accord sur toute la ligne. Sauf qu’ils ont supprimé Pour Homme que j’aimais beaucoup. Mais peut-être le ressusciteront-ils comme le très joli Monsieur chez Givenchy qui avait disparu et puis miraculeusement réapparu récemment dans un flacon plus joli que le précédent.
RépondreSupprimerDifficile de dire... Et pour ce qui est des flacons, j'avoue que l'actuel de y et M7 me semble quand même très vilain.
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