15 jours de rêve (sauf que pas tant que ça)

 


Mes photos peuvent envoyer du rêve… Entre Landes et Pays Basque, sous le bleu du ciel, la nature est belle et l’architecture jolie. Bon, j’étais un peu ridicule dans la nature. Me voir sortir des bois sur un nuage d’Air du Temps vintage, mon cabas Longchamp sous le bras et mon ombrelle à la main, j’étais très improbable parmi les surfeurs. J’étais sans doute ridiculement grotesque. À moins que ce ne soit grotesquement ridicule ? Le problème, ce n’étai ni mon ombrelle ni l’Air du Temps, le problème, c’était la nature.

 

L’Air du Temps (dois-je dire "de Nina Ricci"?) est un parfum absolument merveilleux… Je le porte surtout au printemps, lorsqu’il fait frais parce que son nuage d’aldéhydes sur bouquet d’œillet est un ravissement fleur bleue épicée mais pas mièvre. (L’Air du temps est un parfum plus dame que jeune fille, si vous voulez mon avis, jamais on n’aurait offert ce parfum à des gamines.) Et sa modernité, oui, oui, j’ai bien dit modernité, est certaine : il est présent, il diffuse mais sans fond gras, baumé, sans la richesse un peu lourde des parfums d’avant-guerre… Mais le porter sous le soleil, dans la chaleur d’un été dans le sud (ouest, mais quand même) le révèle tout autre. Les notes d’ylang, les salicylates, sont bien plus présent et le parfum devient très solaire, très exotique sur son fond de santal crémeux. C’était absolument délicieux de le redécouvrir. (La parenté avec Fidji, que j’avais hésité à emporter était plus évidente, mais l’Air du Temps semblait presque plus exotique. Fidji m’a toujours fait penser à une parisienne déguisée.)  Bien sûr, je parle de la version ancienne. L’actuel n’est pas moche, c’est même un joli parfum mais il n’a plus cette jolie note d’œillet, ce fond de santal, c’est autre chose. (Que je pourrais aimer si ce n’est qu’il me rappelle toujours que l’original est décédé sous les coups de la réglementation européenne.)

 

Cette garce de mère nature, incapable de supporter ma splendeur, m’a fait choir et déchoir. C’était une cheville foulée mais il y avait là un fort relent de tragédie grecque ou une divinité mesquine punit un imaginaire péché d’hybris. Ces vacances ont donc été un fiasco total. Après la chute, j’ai passé mon temps sur un canapé, désœuvré et malheureux, privé de 4g (de 3g pareil) avec pour seul recours un wifi très aléatoire. (Temps moyen de chargement d’une story sur Instagram, à peu près une heure.) Me restait à boire du thé, la contemplation de l’hortensia du jardin et une série Netflix que j’avais eu la bonne idée de télécharger. Et regarder les photos prises les trois premiers jours.

 

J’ai beaucoup aimé my liberation notes. Le format est classique, 16 épisodes d’une heure, mais la narration est très lente, c’est une série d’ambiance, presque contemplative, qui conte le mal-être de trois trentenaires (deux sœurs, un frère) qui se sentent prisonniers, à l’étroit dans leurs vies, avec une impression d’échec. Il y a de vraies interrogations sur notre place dans le monde, notre rapport au monde, ce que nous nous laissons imposer. J’avais très envie de voir la série et je n’ai pas été déçu. Mais c’est une série qui réclame qu’on prenne son temps, elle ne se laisse pas binge watcher, on n’enchaîne pas les épisodes, il faut accepter de se laisser porter par un tempo lent. Ce qui satisfait profondément le contemplatif en moi. (Oui, c’est un drama coréen.)

 

Sans originalité, j’ai lu Blackwater de Michael McDowell, série un peu fantastique qui narre la vie d’une famille au XXème siècle dans une petite ville d’Alabama. C’est tout le contraire de my libération notes, c’est du roman feuilleton qui se dévore, se lit très vite. (Il m’a fallut 4 jours pour lire les six volumes.) On est probablement loin du chef d’œuvre impérissable, mais je me suis beaucoup amusé, j’ai eu quelques frissons et si ça ne laissera pas un souvenir impérissable en moi, ça reste un tout bon moment de lecture. (Est-ce qu’en plus les couvertures sont merveilleusement jolies dans un genre un peu kitsch ? Oui, oui ! D’ailleurs, c’est probablement pour ça qu’on m’a offert les livres.)

 

Autre genre, Shocking, les mémoires d’Elsa Schiaparelli, enfin réédité ! C’est sympathique, plaisant, peu instructif, certes. Mais quel dommage qu’on oublie cette autre reine des années ’30, cette rivale de Chanel, qui mit de l’art et de l’humour dans la mode et qui fit sérieusement les choses sans se prendre au sérieux. (Soyons honnêtes, sa rivale était bien moins sympathique.)

 

Pour parler mode, je suis allé au musée Balenciaga et c’est bien autre chose, mais j’en reparlerai dans un prochain post avec moult photos de robes et de tailleurs, promis !

 

Du point de vue cosmétique, pas grand-chose. La routine habituelle. Pas ennuyeuse, mais rien à raconter. Si ce n’est que j’ai redécouvert Mixa, la marque à laquelle je ne pense jamais parce que je ne l’ai jamais sous les yeux,  sous la forme du lait réparateur après soleil.
Certes, je ne crois pas aux après. Rien ne les différencie d’un simple lait pour le corps : apaiser, nourrir, hydrater, c’est la base, le service minimum, mais les mots magiques après soleil font que les gens réfractaires au tartinage de crème acceptent de s’en servir exceptionnellement pour 15 jours et c’est mieux que rien. (Prêcher le skincare en famille n’est pas une sinécure, vous le savez aussi bien que moi.) Franchement, je l’ai trouvé parfait : léger, il s’étale facilement, pénètre vite, s’oublie mais laisse la peau douce, nourrie et hydratée, le lait pour le corps basique comme on l’aime. Avec ce petit plus très important pour moi : il est parfumé, un peu, pas trop, avec une odeur florale cosmétique propre très lait classique et pas senteur exotique cheap typique des soins solaires que je déteste. Vraiment, le cliché tiaré-coco devrait être interdit par la convention de Genève et le parti communiste chinois !

 

Point positif de ma foulure : pour la première fois, je suis revenu de vacances avec un teint que je trouve joli : vraiment pas de hale. (Ce n’est pas ma faute, je bronze très vite et très facilement d’habitude, ne pas sortir mais rester sous indice 50 est apparemment le seul truc qui fonctionne. Mais c’est un peu sévère.)

 

L’autre point cosmétique est probablement un mauvais point. J’ai commis l’un des péchés capitaux en me servant de lingettes. J’irai probablement en enfer. Ou pas. Vraiment, j’ai zéro culpabilité. Certes, c’et mal d’un point de vue écologique, mais un paquet de lingettes par an, ce n’est pas non plus la catastrophe absolue. (Pensez que je ne suis pas parti en vacances en avion à l’autre bout du monde par exemple !) Et je ne vais pas vous dire que les lingettes Pyunkang Yul que j’ai utilisées étaient d’une douceur absolue. Elles sont douces, mais restent plus agressives qu’une huile/un boume ou un nettoyant moussant bien fichu. Mais pour les vacances, ou il est question d’éliminer plusieurs couches de solaires, j’avais besoin d’un nettoyage un peu costaud et surtout j’ai bien rincé à chaque fois. (La catastrophe, c’est de ne pas rincer ! TOUS LES NETTOYANTS SE RINCENT À L’EAU !) J’ai vraiment apprécié la facilité du truc parce que je n’étais pas d’humeur à prendre du temps pour me masser, etc., il fallait que ce soit efficace et rapide. (Est-ce que j’ai eu des soucis de peau ? Non, pas du tout, donc pas la peine de me lapider avec des flacons de lotion 4 de Clinique, je n’ai pas mérité ça.)

 

Au rayon, c’est quand on n’en a plus qu’on se rend compte que c’était efficace, j’ai terminé le sérum hydratant pour le cuir chevelu de the ordinary. Ben je peux vous dire qu’il est efficace et qu’il m’a manqué. Est-ce que je vivais mieux l’inconfort avant de connaître le confort ? OUI ! Donc c’est un produit adopté. À moins que le sérum aux peptides (peptides, c’est quand même un peu un mot magique pour moi !) qui est un peu plus cher ne soit mieux. Difficile à dire, je commence seulement le flacon. Affaire à suivre. (Comme c’est supposé jouer sur la qualité de la pousse et pas juste sur le confort, je ne pense pas vous faire un retour avant longtemps.)

 

Au rayon visites culturelles et gastronomiques (traduction THÉ), je mentionne un passage à la maison Deuza (18 rue Garat à Saint-Jean-de-Luz) qui fut un véritable plaisir. On leur pardonnera de vendre du café car la sélection des thés est jolie, qualitative, assez complète et à des prix raisonnables. (Ce qui n’est pas raisonnable, c’est mon goût du luxe qui me fait préférer le gyokuro japonais au Ceylan.) Je ne suis sans doute pas le pire des clients : je sais ce que j’aime et ce que je n’aime pas et je ne débarque pas en disant juste « je voudrais du thé, conseillez-moi » mais je souligne quand même l’accueil très aimable et le conseil à la fois judicieux et patient. Je vous épargne les descriptions de mes achats parce que décrire un sencha, ce n’est pas forcément super intéressant ici, mais pour ce que j’ai trouvé de « typique » :

Baïkal : un goût russe léger qui n’est ni trop Earl Grey (Je trouve la bergamote vite agressive) ni trop fumé. Il laisse savourer le thé noir.

Rose : un thé noir parfumé à la rose (inattendu, n'est-ce pas?), ce qui ne me plaît jamais nulle part (je privilégie toujours les thés verts pour la rose) mais est ici joliment réussi, comme quoi c’est possible. La rose est bien équilibrée, présente sans être « trop » mais avec une transparence qui laisse goûter le thé sans pour autant laisser oublier la fleur.

Bali : un thé à la pêche qui évite l’effet bain moussant à la pêche à l’aide de notes fleuries. (Le thé à la pêche, c’est à la fois facile et très difficile si vous voulez mon avis.)

 

Sinon, j’ai bu mes trucs habituels, oui, du thé même quand il fait très chaud et j’ai été tellement content de rentrer pour retrouver mes théières, mon skincare et tous mes flacons. Honnêtement UN seul parfum pour deux semaines ne me frustre pas du tout mais je ne comprends pas qu’on en fasse un mode de vie. Pareil pour les pots de crèmes. Je suis au bord d’écrire un billet « plus c’est mieux. »

 

NB : je vous laisse avec ce billet monstrueusement fouillis qui me fait un peu honte… On se retrouve pour des choses plus construites (plus sobres?) plus tard.

Commentaires

  1. Cher Dau, c'était comme toujours un moment délicieux que de vous lire, d'abord parce que comme vous j'ai un gros faible pour l'Air du Temps, ensuite parce qu'en étant accablée par le boulot, les enquiquinnements de toutes sortes, je trouve il n'y a rien de mieux qu'une publication légère et frivole, même décousue. Enfin, bon rétablissement ! J'espère que vous retrouverez rapidement dans vos gambettes la grâce et la légèreté qui sont vôtres. Merci pour cette merveilleuse parenthèse dans ma journée, belle comme une bulle de savon !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci, ça va beaucoup mieux, c'est presqu'un souvenir, mais je me suis offert pour me rassurer et pour dramatiser un peu tout ça le luxe d'une canne pour quelques jours...

      Supprimer
  2. Tu nous avais manqué ! Vive les billets fouillis et décousus s'ils sont les tiens ❤️

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Finalement, j'ai opté pour baroque, je trouve que ça passe mieux! (Mais on est d'accord, ça veut dire pareil mais en plus chic.)

      Supprimer

  3. Aille ! ça fait vraiment mal une entorse, pour en avoir fait je peux le dire !
    Les prochaines vacances passez les donc en Normandie, sur les pas de Marcel Proust ou Marguerite Duras...
    Magnifique parfum que L'Air du Temps ! En ce moment je ne supporte que les frais et les eaux de Cologne...
    Amicalement. Gabrielle Dlr

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mes précédentes vacances en Normandie, je recouvrais du covid et j'étais absolument épuisé... Peut-être que les vacances ne veulent pas de moi? (Tant pis, je continue d'en vouloir!)

      Supprimer

Enregistrer un commentaire