le guide ultime?

Dans la communauté skincare l’engouement est généralisé pour le livre de Caroline Hirons. Je dois dire que j’ai un peu de mal. Je passe sur le fait que je le trouve assez mal écrit et peu sympathique, je sors de la relecture de Jane Austen, ce ne serait pas fair play, d'autant je suis bien certain que les fans de Caroline y trouveront leur compte en retrouvant le style de leur idole. Ce n’est pas mon genre, mais il en faut pour tous les goûts et ça ne m’empêche pas de la respecter et de reconnaître ses qualités et sa compétence.

 

Pour commencer, est-ce que c’est un bon livre ? Oui, sans doute. Je le recommanderai sans problème à quelqu’un qui n’a pas de routine, ne sais pas quoi faire et doute, il y trouvera de quoi se construire facilement une routine qui tient la route. Maintenant, si comme moi et comme Caroline (qui n’a QUE deux ans de plus que moi) vous vous intéressez au skincare depuis 1988, vous risquez d’apprendre moins, beaucoup moins. (Et j’espère que depuis tout ce temps, vous avez une routine qui tient la route !)

 

Ce qui m’a dérangé, c’est que la blogueuse Caroline Hirons pose à l’experte. Et quand je dis qu’elle POSE, oui, j’ai bien choisi le mot ; elle prend une posture. Et c’est tout. En dehors de l’argument d’autorité, il n’y a rien ou quasiment. Pour un livre de 300 pages, il y a une demi-page de source. UNE DEMI-PAGE. Certes, les notes, les références, ça alourdit, c’est pénible. Mais tout bon scientifique vous dira à quel point c’est indispensable. Parce qu’un expert ne se contente pas de dire « je sais et c’est comme ça ! » Vraiment, vraiment, c’est quelque chose qui me choque.

 

CE N’EST PAS SCIENTIFIQUE.

 

POINT.

 

Peut-on prendre comme comparaison le livre de Paula Begoun ? Pour chaque affirmation, chaque conseil, des études sont citées, des explications sont fournies. Et la démarche est sérieuse au point de relever aussi les points où il y a un doute, de mentionner les études qui ne vont pas dans son sens. Parce que c’est comme ça qu’on travaille sérieusement. (Et si vous devez n'en lire qu'un, lisez celui-là!)

 

Une chose qui me dérange aussi, c’est que le livre n’est absolument pas pédagogique. À la manière d’un général dirigeant ses troupes, Caroline Hirons donne ses ordres mais sans prendre de donner des explications aux sans-grades. Le chapitre sur les rétinoïde est assez révélateur : Elle nous dit que c’est efficace. (Je ne suis pas d’accord avec le "gold standard", mais passons, c’est une autre discussion.) Elle vous dit qu’il y a différents types de rétinoïdes, vous dit lesquels sont les plus efficaces et lesquels sont les plus irritant. Mais sur ces cinq pages, pas une ligne ne vous dit comment les rétinoïdes se comportent, comment ils agissent et réagissent sur la peau. Pourtant, c’est ce genre de connaissance, de compréhension des mécanismes qui vous permettrait de comprendre le comment et le pourquoi et qui ferait que vous soyez en mesure de vous construire une routine de manière vraiment personnalisée. Et totalement autonome.

 

Mais comme je le dis au début, c’est un bon livre qui peut aider. Si vous ne mélangez pas les torchons et les serviettes en le prenant comme un livre de conseils d’une blogueuse, il est très bien. Ce n’est pas pour autant le guide ultime que le tire annonce. Même si je crois qu’il aurait été absolument impossible d’être à la hauteur d’un titre aussi prétentieux.

 

 

Pour finir sur une note positive, il y a des moment où Caroline Hirons fidèle à elle-même ouvre sa grande gueule. Et ce sont les meilleurs passages, les plus utiles, ceux où elle râle, dénonce, s’énerve.  Ce n’est pas mon truc parce qu’elle le fait en anglaise de banlieue populaire plutôt qu’en lady, mais c’est assurément nécessaire aujourd’hui que des gens l’ouvrent. Rien que pour ça, j’ai envie de dire « Merci Caroline ! »

 

Caroline Hirons, skincare, the ultimate no-nonsense guide, Harper & Collins, 2020.


Commentaires

  1. J'avoue qu'il ne m'est pas passé par la tête une seconde d'acheter ce livre. Je sais que CH est adulée, et elle s'y connait assurément en beauty. Mais ... j'ai du mal avec la personne. Comme tu le résumes parfaitement :
    "À la manière d’un général dirigeant ses troupes" elle donne des ordres, et j'aime pas ça. Du tout. Pourtant j'aime les gens cash et grande gueule, mais avec elle ça a du mal à passer. Ajoutons à ça que dans le passé j'ai acheté 2 ou 3 produits qu'elle a encensée et qui se sont révélés des produits au mieux quelconques, et pour l'un une véritable daube.
    PS continue à râler, on a besoin des gens qui gardent leur sens critique et ne suivent pas la foule comme des moutons!

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    1. Ah aucun risque que je ne râle plus, c'est plus fort que moi. Est-ce que j'ai déjà acheter sur base de ses recommandations? (Bonne question!) Oui, mais je n'avais pas pris que son seul avis et c'était des bonnes pioches à chaque fois. Maintenant, je sais que je ne suis pas sensible à tout son argumentaire et que je vais chercher précisément les points qui m'intéresse dons je lis en diagonale et je fait une pause sur les passages qui m'intéresse plus spécialement. (Comme chez beaucoup, en fait...)

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  2. ta revue tombe bien, j'allais t'envoyer un DM (et à Bonnie aussi) pour avoir des retours sur ce livre.
    J'avais un prof de musique au collège qui nous disait toutjours : "Wagner, c'est le romantisme à coup de canon." Caroline Hirons, c'est un peu la même chose niveau soin. Je l'imagine très bien dans une TV réalité criant "Don't use wipes you f*ing morons" à la façon de Gordon Ramsey.

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    1. Disons que si elle jouais dans une série prestigieuse comme Dowton Abbey, elle serait plutôt dans le rôle de la cuisinière ronchon que dans celui de Lady Violet. ;) Franchement, il est pas mal mais celui de Paula Bégoun est franchement meilleur. Point à la ligne. Certes, on me dira qu'elle a sa marque, mais Caroline Hirons vit largement de partenariat et compagnie. (Ce qu'elle fait en toute transparence et très honnêtement, juste l'argument mais Paula a sa marque n'en est pas vraiment un.)

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  3. Je ne suis pas suffisamment bonne en anglais pour lire ou regarder les vidéos de Caroline Hortons. Je sais cependant que c’est un des « gourous » du skin care mais le peu que j’en vois ne m’a jamais donné envie de faire l’effort. Ce que tu dis me conforte dans mon idée. Je vais passer mon tour

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    1. Comme pour beaucoup de blogueurs, il y a un style qui ravit ses fans... En plus, elle sait de quoi elle parle, c'est indéniable, mais il y a suffisamment de choix pour ne pas s'embêter si on n'accroche pas avec le personnage. Personnellement, je l'aime bien, mais à petite dose. Je serais incapable de la suivre au quotidien sur les réseaux sociaux par exemple, ce que j'adore faire avec d'autres...

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  4. Bonnie, Kim, Marie, Cyrille et toi Dominique, voilà mes sources et j'ai l'impression d'être super conseillée et en confiance totale. Merci.

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  5. J’aime beaucoup CH. C’est grâce à elle que je me suis vraiment intéressée au skincare. Mais je n’achèterai pas son livre car j’en sais beaucoup. Je ne crois pas que j’apprendrai grand chose. Mais effectivement pour quelqu'un de novice, ca peut être pas mal.

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    1. C'est vraiment ça. Si on n'y connais rien et qu'on veut une routine qui fonctionne, c'est parfait. Si on s'intéresse à la question, c'est pas le meilleur investissement (et je parle pas que d'argent mais aussi de temps) qu'on puisse faire. J'ai différents livres sur le soins auxquels je reviens (Celui de Paula, mais aussi des livres écrit par des dermatos, etc) et celui de Caroline n'ira pas dans le rayon "à consulter encore" de la bibliothèque, c'est clair. Il a droit aux rayonnages du haut "c'est lu, on passe à autre chose."

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  6. J'adore Caroline, elle me fait beaucoup rire, et j'apprécie son expertise et la simplicité avec laquelle elle explique les choses. Je n'ai pas terminé son livre dont la forme me déroute un peu pour le moment, je ne m'attendais pas à ça. Je le trouve - peut-être à tort - très américain (et non ce n'est pas un compliment). Ta revue me donne envie de me précipiter sur celui de Paula Begoun. Merci pour ce retour sincère!

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    1. Ah si même les fans trouveN’y à y redire... Oui, il y a une américanisation, probablement parce qu'elle a plus d'audience là-bas, c'est mathématique. Ce n'est pas moi qui lui reprocherai de s'adapter à son audience, mais c'est certain que ça peut nous sembler étrange. Moi, j'avoue qu'avec elle je ne ris pas trop. Mais je peux comprendre le charme... Heureusement qu'il y en a pour tous les goûts.

      Et je le redis: la lecture de l'intégrale de Jane Austen m'a rendu un peu injuste, je crois. Mais bon, en même temps, Jane Austen, quoi!

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    2. Juste un truc sur l'américanisation ... CH est à moitié américaine

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    3. Personne n’est parfait! (Et, oui, en disant ça, j’ai toujours en tête le final de some like it hot !)

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