et l'influence de la parfumerie fonctionnelle
Tous ceux qui la suivent (et les autres ont tort de ne pas
le faire) savent que c’est un achat réalisé sous l’influence de Bonnie Garner
dont l’une des obsessions récentes est « les shampooings de drugstore »
mais j’ai craqué pour le duo acide glycolique Elsève de l’Oréal. (Ceux qui me
connaissent un tout petit peu se doutent aussi que la mention « acide
glycolique » a achevé de me convaincre.) Je vous épargne la revue détaillée avec mes trois
poils de deux centimètres et demi, puisqu’il faut vraiment que j’aille chez le
coiffeur, qui se battent en duel sur mon crâne mais en résumé : oui, ça
lave, ça fait briller et le cheveu est bien plus facile à coiffer avec moins de
frisottis. Pour info : avec l’âge, j’en ai de plus en plus parce que les
cheveux blancs ont une texture bien moins lisse que les « en couleur »
chez moi. (Une collègue très frisée se plaint d’avoir le problème inverse. C’est
très individuel mais on a tous un point commun, celui de n’être jamais content
même si je relativise en me disant que j’ai de la chance d’avoir encore des
cheveux.)
Ce qui est intéressant, en dehors d’un packaging rose et
argent très joli et pas du tout girly parce que le rose n’est PAS UNE COULER DE
FILLE ET PUIS C’EST TOUT, c’est l’odeur. On est dans la suite évidente du grand
succès Fructis : une odeur de salade de fruits, moins écœurante et lourde que l’originale
de Garnier, peut-être parce que la marque vise un public moins jeune, peut-être
parce que les temps ont changé, à la fois plus discrète et rafraichie par une
note soufrée et agrume qui évoque le pamplemousse en faisant considérablement
baisser la teneur en sucre. Mais voilà qui me permet de repenser au bouleversement
qui s’est produit en 1996 quand Garnier a lancé sa ligne de shampoing qui était
formidablement en rupture avec ce qui se faisait et dont le succès a, je crois,
dépassé toutes les espérances pour le meilleur où pour le pire.
L’odeur a plus, bien plus qu’on ne l’aurait cru et d’abord à
la jeunesse avant de contaminer le monde entier, avide de jeunesse, en
réussissant à imposer un nouveau standard dans la cosmétique fonctionnelle ou
le fruit est subitement devenu synonyme de propre, ou le fun est devenu la
norme en ringardisant ce qui s’était fait durant tout le XXème siècle. Oublié
les odeurs savonneuses et poudrées, dépassée les odeurs signatures du genre « la
rose de Lancôme » définitivement devenue une marque dadame. L’impact sur
la parfumerie fine a été tout aussi important.
Sans Fructis, nous n’aurions peut-être jamais connu le
déferlement de fruitchoulis et patchoufruits du début du siècle. Certes, le
shampoing n’a pas inventé le genre mais il l’a fait entrer dans les habitudes
et les désirs des consommateurs. La gourmandise est devenue la norme en
parfumerie et plus un plaisir coupable que l’on s’offrait en douce. Mure et Musc de l’Artisan a retrouvé un
second souffle en devenant extrême et en oubliant quelque peu ses origines « eau
de » et Angel de Mugler, succès d’initiés, bien gardé, est soudain passé
sur le devant de la scène des années après son lancement. (L’occasion de
rappeler à quel point il était original lors de sa sortie et de souligner la
patience de la marque qui l’a toujours soutenu sans faiblir en lui laissant le
temps de s’imposer.)
La rupture dans les habitudes était énorme et représentative
de l’époque. Comme en mode, c’était la jeunesse qui faisait la loi et non plus
le luxe, subitement suiveur et non plus prescripteur, la rue qui prenait le
pouvoir. La tendance était déjà bien amorcée, mais jamais on ne l’avait aussi
intensément perçu. Et le rejet du patrimoine était définitif. Si les années ’90
politiquement correctes boudaient les classiques trop lourds, trop dame, le
XXIème siècle commençant les condamnait d’un cruel et sans appel « ça sent
la vieille. » Ceux qui ont résistés se sont modernisés, comme le N°5 avec
son eau première et son eau, trouvant un nouveau public, jeune qui ose parce qu’à
20 ans on a toujours l’air d’avoir 20 ans et que c’est rigolo de jouer à la
dame alors que les dames n’osent plus, s’accrochant à Angel ou La vie est belle
qui commencent déjà à devenir les nouveaux marqueurs de l’âge, ceux qu’on rejettera
bientôt parce qu’qu’ils « sentent la vieille » et sont franchement
dépassés. Et maintenant quoi ?
Super billet comme toujours.
RépondreSupprimerMême si pour ma part j'ai toujours déteste l'odeur caractéristique Frucris et encore plus les produits 😐
Et cette gamme de L'Oreal malgré son gros buzz sur les réseaux a juste été une horreur pour moi. Mais tout est propre a chacune.
Merci pour cette revue
Fructis, j'ai détesté l'odeur de tout mon cœur aussi. Là, ça passe mieux, mais c'est pas pour autant que je vais dire que j'aime. Juste c'est OK. Et oui, les cheveux, c'est comme tout le reste. (Mais j'ai un niveau d'exigence très bas, je ne suis pas près d'être influenceur perruque.)
SupprimerAlors déjà, je suis très honorée que mes obsessions capillaires du moment t'aient inspiré ce billet, et quel billet! 🥰🥰🥰
RépondreSupprimerCela me confirme donc que je suis bien toujours coincée en 1996 avec mon attirance pour les parfums fruités hespéridés 😆 C'est pas grave, j'assume. Vive 1996 (j'avais 18 ans et j'étais jeune et pleine d'énergie)!
Et oui, ils sont chouettes, ces shampoings à l'acide qui fait briller. Bon, rendons à César, si ça fonctionne, c'est aussi grâce au dimethicone, qui fait un retour fracassant dans mes routines cheveux, et ma foi, je suis plutôt contente de le retrouver pour le moment ! Mes cheveux ont, comme toi, plus de texture qu'avant et je suis ravie de trouver des formules qui les lissent correctement 😁👍
Ah mais clairement, on aime les bonnes vieilles formules classiques après les conneries clean et autre qui nous ont juste ravagé la perruque; la palme de l'horreur revenant non pas à Wes Craven mais au shampoing solide! (Wes Craven n'a jamais réussi à faire un film aussi effrayant qu'n perruque passée au shampooing solide!)
SupprimerJe ne te jette pas la pierre, Pierre, et je ne suis même pas à deux doigts de m'agacer puisque je suis moi-même resté quelque part en 1986-87 et que je refuse fermement d'avancer à grand renfort d'aldéhydes et de mousses de chêne non traitée (même pas peur!)
I came here from Bonnie's stories. Your writing is so evocative despite machine translation, I can smell the shampoo you're talking about even though I've never smelt Fructis. Thank you for the read x
RépondreSupprimerOh, thank you very much! I wish you won't be disappointed if you smell the shampoo ;-)
SupprimerJ’ai toujours détesté Fructis, Angel ma meilleure amie l’a porté quasiment dès sa sortie et très longtemps, pour moi, il lui est associé voire à elle!!! Pour mes cheveux, j’ai juste banni les silicones qui me faisaient vraiment le cheveux gras, le cuir chevelu qui gratte et l’obligation de les laver tous les jours. Depuis leurs arrêts il y a quelques années, je revis….mais évidemment c’est propre à chacun!! Belette.
RépondreSupprimerAlors, soyons honnêtes, il y a silicones et silicones et les nouveaux n'ont pas grand chose à voir avec les anciens qui me faisaient ça aussi. (Et je pense qu'on maîtrise mieux les formules.) Mais effectivement, les premiers étaient horriblement problématiques pour moi aussi et c'était inconfort plus pellicules assurées, un vrai combo de rêve! Moi, je me lave de toute façon les cheveux tous les jours et je n'utilise pas de shampooing avec silicone tous les jours. (Le the ordinary des matins salle de sport n'en contient pas.)
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