blue grass, elizabeth arden

 

Vous pouvez me traiter de cheap queen mais ce serait vraiment regrettable de ne voir que le prix ridiculement bas de Blue Grass (on le trouve facilement à moins de 20€) alors qu’il présente moult autres qualités susceptibles de le rendre cher à notre cœur. A vrai dire, le côté de l’Atlantique où nous nous trouvons influence notre jugement : inconnu en Europe, il est plus aimé aux USA où il fait figure de classique respecté. Né dans les années ’30, il n’y pas de doute à propos de la formule actuelle qui a changé mais elle présente les caractéristiques qui peuvent d’emblée séduire les amateurs d’antiques.

 

Né dans les années ’30 avec un cheval sur l’étiquette, Blue Grass se veut le parfum de la vie au grand air (et un reflet de la passion de Madame Arden pour ses chevaux. L’occasion de rappeler que LE produit culte de la marque -et produit culte tout court- la célèbre Crème de 8 Heures était d’abord un soin conçu pour les blessures de ses chevaux !) N’attendez pas quelque chose dans le genre des eaux chyprées ou qui lorgne vers le registre de la cologne, ce parfum généralement célébré comme le premier grand parfum américain est totalement dans son époque : une énorme bouffée d’aldéhydes métalliques vous saute au visage, avec une fugace note verte un peu herbeuse avant que s’installe un bouquet floral, très abstrait, épicé et relativement capiteux qui évoque l’œillet sur un fond actuel boisé qu’on sent à peine tant le bouquet est présent longtemps sur la peau. Comme tous les classiques anciens, Blue Grass est très soudé et évolue avec fluidité donnant de lui-même une trompeuse impression de constance…

 

Ce qui rend le parfum intéressant, c’est, en plus d'une lavande qui tire le parfum du côté campagne de la force, une note foin très vite présente qui se marie fort bien avec les aldéhydes savonneux, les deux restant présent tout le long du parfum assurant au parfum un aspect propre et campagne qu’il est impossible de rater et qui le rend moins sophistiqué que ses contemporains européens. Ce qui explique en partie son succès ; il était plus accessible, et pas uniquement en termes de prix, qu’un N°5, Arpège ou Joy et pouvait faire office de parfum de transition entre la cologne et le « vrai » parfum. Aujourd’hui encore, il pourrait facilement permettre de passer de choses modernes aux formes classiques car même s’il a tout du classique, il a indéniablement un côté cool et relax.

 

Entendons-nous bien : Blue Grass vit peut-être à la campagne où il passe ses journées en tenues d’équitation et blue jean mais jamais sans son rouge à lèvres bien rouge et son mascara. C’est une provincial lady mais une lady ! C'est un parfum terriblement confortable et rassurant que je trouve facile à porter aujourd’hui parce qu’il s’adapte à tout et ne choque jamais. Certes, plutôt que cheap, on entendra dire sur notre passage qu’on « sent la vieille » de la part de ceux qui sont capable de porter des tenues de sport sans faire de sport ; vous comprendrez donc que je puisse me rouler dedans !

 

Blue Gass, Georges Fuchs pour Elizabeth Arden, 1934.

 

NB: je pense que la gamme Elizabeth Arden tout entière est à reconsidérer…

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