Sur les blogs, comme aux JT, il y a les marronniers, ces
articles qui reviennent régulièrement, presqu’à date fixe parce que ça fait du
remplissage, que c’est un passage obligé et que les gent l’attendent, ou juste
parce que le blogueur est un monomaniaque à idées fixes (oui, je parle de moi.)
qui ne craint pas de se répéter. J’avoue que la répétition me tracasse parfois,
est-ce vraiment de la paresse ou trop de quoi ou qu’est-ce?, et puis finalement
non parce que je suis bien persuadé que les gens ne reviennent pas en arrière, oublient,
que les lecteurs se renouvellent et puis surtout parce que ça me fait plaisir
et que je considère que je ne me répète pas vraiment, que mon point de vue sur
les choses change, que je nuance… Que j’ai des excuses. Et le marronnier parfum
du jour est…
Novembre, mois de l’encens.
Ne me demandez pas pourquoi je le ressens comme ça, c’est
très subjectif, mais je trouve que les senteurs d’encens se marient bien avec l’humidité,
le froid, le brouillard, l’atmosphère de novembre où je laisse u peu mon côté
romantique s’exprimer. (J’ai le romantisme un peu gothique…) J’aime beaucoup l’encens
tout le temps et je déplore un peu que cela reste une matière très niche, qui
ne perce pas vraiment dans le mainstream, probablement parce qu’elle reste
clivante selon les associations plus ou moins heureuses qu’elle suscite avec
ses associations forcément toujours plus ou moins religieuse.
Quand je dis que j’aime la matière, je mens un peu car,
pour dire vrai, je ne la trouve pas nécessairement si intéressante en tant que
telle, je ne suis pas nécessairement émerveillé par les variations, les
traitements, je suis plus exactement sensible à l’atmosphère encens, à cette
ambiance toujours un peu sacrée qui comme l’église gothique qui filtre la
lumière à travers son vitrail, emmène ailleurs. Forcément, ma référence encens
est fonction de ma culture, très catholique, mais j’imagine volontiers que cela
fonctionne dans bon nombre d’autre culture avec une connotation toujours
vaguement liée à l’un ou l’autre culte. (Si vous êtes concerné, racontez-moi !)
Cette année, je n’en sélectionne que deux, mes préférés,
de niche, qui ont un petit quelque chose en plus que juste l’évocation d’une
grand messe quelconque. (Notez que j’ai toujours envie de me racheter la
référence du genre : Avignon, de comme des garçons…)
Relique d’Amour d’Oriza Legrand, c’est la chapelle presqu’en
ruine au milieu d’une humide forêt de sapins, les pierres humides et froides,
des traces d’encens qui flotte et un lys qui se fane dans un vase, vestige d’une
célébration de funérailles manquées. Tout est fini, reste la mélancolie.
Pourtant le parfum n’est pas foncièrement dramatique et gothique, il a un calme
qui s’apparente à de la sérénité, celle d’une méditation sur la mort, la fin de
toutes choses qui permet aussi de réfléchir, de penser la vie. Et si vous ne
voyez pas de rapport avec l’automne-hiver, nous ne vivons pas sur la même
planète. (Mais j’avoue que si vous vivez en Australie, il vaut mieux que vous
reveniez lire ce billet en mai.)
Grimoire d’Anatole Lebreton est beaucoup plus joyeux et
folâtre. Il y a bien une ambiance abbatiale, mais c’est côté potager, jardin de
simples avec les aromates, la lavande, le basilic… L’encens est présent, mais
collé à la robe de bure du moine qui s’affaire à la culture de la terre plus qu’à
la lecture des ouvrages anciens. Dans la chaleur montante, on sent dans le fond
du parfum, l’odeur troublante du corps et l’on est pris de doutes quant à la
stricte observance du vœu de chasteté. C’est peut-être la face sombre du
parfum, celle qui imposera le passage au confessionnal « mon père,
pardonnez-moi parce que j’ai beaucoup péché. »
J’aurais pu tenter d’être exhaustif, en citer d’autres,
plus confortable, qui évoque seulement le plaisir de somnoler sur un coussin de
velours écarlate à l’heure de la messe dans notre chapelle privée, mais je
préfère finalement me concentrer sur ceux qui vont un peu plus loin dans la
poésie…
J'adore l'encens, spécialement l'encens d'église.
RépondreSupprimerNon pas que je sois religieuse, mais ce parfum m'apaise instantanément.
Je râle tous les automnes depuis que Diptyque a cessé de créer une bougie de Noël à l'encens. J'aime beaucoup Myrrhe, mais elle a moins l'odeur des pierres froides des églises en hiver des anciennes créations. Celle de Trudon n'est pas parfaite non plus. Bref, je cherche toujours.
Pour les parfums, j'aime la froideur un peu raide de l'encens d'Armani. C'est bizarre, mais cela me fait immédiatement penser à une promenade en forêt par un jour froid et un peu humide.
J'adore donc ton marronnier, il vient de me faire allumer ma bougie imparfaite, mais délicieuse quand même.
Oui, dans le genre "pure encens" le Armani est l'un des plus réussis, de mémoire. Bon, je suis moins à la recherche d'un pure encens, quoique... Oui, ça me tente quand même chaque année. On est donc parfaitement d'accort sur le froid humide et l'encens! Comme bougie, très classique, il y a le Spiritus Sancti chez Cire Trudon qui était parfait! (Je ne l'ai plus senti depuis longtemps, je ne me prononce pas sur la version actuelle, mais en passant, ça peut valoir le coup d'aller la respirer...)
SupprimerOui, le marronnier, finalement, c'est un peu con mais c'est de saison et si on abuse pas, ça peut même être utile-joli.
Bravo pour le clin d'œil à "c'est la ouate" dans le haut du billet.
RépondreSupprimer~fabien~
Ah mais mon répertoire de mauvaise chanson est vaste je devrais plus souvent dissimuler des citations dans mes billets.
SupprimerBonjour Dominique,
RépondreSupprimerIci, les mêmes encens : Oriza et Lebreton, et Avignon, en plus, car je n’y résiste pas, à cette vraie odeur d’église. Je file sentir le Armani que je ne connais pas.
Rayon bougie, il y a chez Chapel Factory, des choses comme Ex voto…
Merci pour la belle écriture.
Sylvie
Ah Ah Ah, il y a une vraie team encens en fait! Et comme on préfère parler la France, on peut même dire une chapelle!
SupprimerEncens Flamboyant me transcende. Et tu m'as donné envie de m'en asperger, à défaut de l'encens d'Anatole ou de celui d'Oriza. Bon mois de novembre encensé Dau. 🍂🤍🍁
RépondreSupprimerDans cette série, je préférais la myrrhe très encens aussi, bien sûr, elle n'existe plus et il ne me reste que mes yeux pour pleurer (air connu)
SupprimerChapelle encens ici aussi, Avignon , messe de minuit , rocher princier.... font mon bonheur ! Relique d'amour est vraiment comme tu le décris ... le lys fané dans le vase ne passe pas chez moi. Merci pour le plaisir de te lire.
RépondreSupprimerJe comprends qu'on puisse bloquer sur Relique même en aimant l'encens, il est vraiment très particulier et propose son ambiance bien à lui. C'est chouette de voir qu'on aime tous la même chose mais avec des choix et des goûts bien différents quand même. Comme quoi, il y a encore de la place pour les encens... C'est quand même bien plus joli et plus fin que les gros muscs ou les ambrés lourdauds... (Je dis ça e dans 5 minutes, j'irai probablement sniffer au goulot un opium vintage en extrait.)
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