comment nettoyer/démaquiller?

 

Le nettoyage, c’est OBLIGATOIRE et NON NEGOCIABLE. 

Je sais, j’avais dit que je serais cool et que je ne jouerais pas les gourous, que je n’abuserait pas d’injonction, mais oui, il y a une étape indispensable dans toute routine, c’est se laver. Ça peut même être la seule. Mais si je dois encore vous expliquer pourquoi il faute se laver, que c’est une question de santé, après (On croise les doigts) une épidémie de Covid où on vous a répété tous les jours de vous laver… J’avoue que c’est un peu désespérant. Mais je parle bien de nettoyer-démaquiller. En DOUCEUR. Pas de décaper la peau dans une maniaquerie hygiéniste. Il y a un juste milieu en tout et, en cas de doute, vous ferez plus de dégâts en lavant trop que pas assez. (Petit rappel : la peau a une fonction barrière. si, si, avant d’être un support à maquillage, je vous jure qu’il y a la fonction barrière. Et vous ne voulez pas foutre votre barrière en l’air. Parce que la barrière se venge.) 

 

On va faire un peu de science vite fait pour comprendre le nettoyage de la peau. On va faire ridiculement court parce que c’est les vacances et qu’on se fiche des points que nous aurait mis le prof de bio parce que 1) on a eu notre diplôme il y a longtemps et on peut plus nous le reprendre 2) le prof de bio était nettement moins sexy que le prof d’espagnol. 

La peau est composée de plusieurs couches de cellules et on va s’intéresser au la couche cornée, la dernière, celle qu’on voit, celle qu’on lave qui est constituée de cellules mortes qui sont remplacées plus ou moins régulièrement par des cellules neuves. Et sur ce strateum corneum (en latin, ça fait plus sérieux) on  trouve le film hydrolipidique. Hydro lipidique, vous entendez eau et huile. C’est là que baigne notre microbiote, notre flore cutanée composée de bactéries, champignons, microorganismes divers qui s’épanouissent dans ce milieu acide et l’aide à rester en forme. (Non, ce n’est pas sale, ça nous rend de sacrés services.)

Nettoyer, c’est éliminer les crasses, les résidus divers qui sont sur la peau.  Il y a ce que le corps élimine, les excès de sueur et de sébum par exemple, ce que nous avons déposé comme cosmétiques divers et variés et ce qui nous est tombé dessus à l’insu de notre plein grés comme la pollution et les postillons de notre voisin de siège de train. (Là, normalement, c’est bon, j’ai dû vous donner envie de vous laver !) Pour ce faire, la base, le rinçage à l’eau. Mais cela ne suffit pas. Le matin, si vous ne jurez que par l’eau claire, je veux bien, mais le soir, non. Essayer de faire la vaisselle à l’eau claire, de lessiver à l’eau claire, il y a un moment ou vous reviendrez au bon vieux détergent. Et c’est pareil pour la peau. Un nettoyant, c’est quoi et ça fonctionne comment ? Basiquement, il y a dans tout nettoyant des tensio-actifs qui vont permettre de lier l’eau et le gras. (Et accessoirement, il font mousser aussi quand il y en a beaucoup !) ça permet de « décoller » la crasse. Et de l’éliminer en rinçant. (Mantra du démaquillage : tous les nettoyants se ricent. TOUS.) 

Mais vous voyez le problème directement : film hydrolipidique/lier l’eau et le gras pour leur permettre de partir au rinçage. Bravo, vous avez réussi votre examen : oui, le nettoyage est une agression qui met à mal le film hydrolipidique. Toujours. En soi, ce n’est pas très grave, nous allons reproduire du sébum, etc., et reconstituer assez vite notre film hydrolipidique si nous n’avons pas décaper comme des brutes. (Dans votre salle de bain, vous êtes toujours une princesse au petit pois, jamais un viking qui n’a peur de rien. Assumez.)  Donc pour survivre, on va choisir des nettoyants doux, toujours. Sinon, il se passe que notre peau sèche se dessèche encore plus sans lutter ou que notre peau grasse se défend en graissant toujours  plus. Le résultat, c’est plus de rides, plus de bouton, moins de confort et d’hydratation, bref une moche peau. Un nettoyage agressif accentue TOUS LES PROBLEMES. (Et je sais que c’est contre-intuitif en cas de peau grasse et qu’on se dit que retirer le gras va aider mais ça ne fait souvent qu’aggraver les choses.) LA solution, c’est donc un nettoyant doux : sans trop de tensio-actifs et/ou avec des éléments adoucissants qui vont contrebalancer l’action des tensioactifs.

Comment se laver ? Avec quoi ?

C’est maintenant que ça devient fun pace que vous avez le choix. Il y a plusieurs méthodes, vous pouvez tester, voir ce qui fonctionne et ce que vous aimez. Si je dois vous donner un conseil, il va être sympa : allez vers ce qui vous plaît, ce qui vous amuse. C’est super important d’être régulier, on ne parle pas de routine pour rien, plus important que d’avoir la meilleur méthode qu’on laisse tomber parce que « pas ce soir, je suis crevé(e), il est trop tard et je préfère dormir. » Il y a un choix infini de textures et de méthodes, trouvez ce qui vous plaît de manière à vous dire « chouette, je vais me laver ! »

Il y a deux types de nettoyants : ceux à base grasse et ceux à base aqueuse. Les deux fonctionnent plus ou moins de la même façon : la base grasse, qu’il s’agisse d’un baume ou d’une huile, se colle au gras puis se lie à l’eau pour pouvoir être rincée, la base aqueuse, le gel plus ou moins moussant, se lie au gras présent sur la peau pour l’éliminer. Est-ce qu’une méthode vaut mieux que l’autre ? Pas vraiment. Une base grasse est souvent plus douce, mais peut être difficile à rincer. (Donc elle laisse la crasse sur la peau voire en ajoute) Une base aqueuse peut vite être agressive. Mais comme toujours en cosmétique, c’est la formule qui fait le produit pas un seul critère. Il y a énormément de choix et c’est difficile de trouver sans essayer. Votre type de peau n’est pas vraiment une indication. Je sais que certains aiment dire que pour les peaux sèches, une base grasse est mieux et pour les peaux grasses une base aqueuse, mais les deux ont besoin de douceur. Le critère « saleté » est plus important : des filtres UV waterproofs superposés ? Beaucoup de maquillage ? La base grasse est probablement plus indiquée… Pour moi, un critère simple serait : quand je me suis nettoyé le visage, je peux ne pas faire de soin et ma peau est confortable, souple et douce, elle ne tire pas. Si votre nettoyant fait ça, c’est qu’il convient à votre type de peau. 

NB : Il y a des ayatollahs qui vous disent que pour être doux un nettoyant ne doit pas mousser, mais bien travaillé et enrichi, un nettoyant moussant peut vraiment être doux. On ne peut vraiment pas savoir sans tester ce qui sera confortable pour nous. 

Le point double démaquillage-nettoyage.

C’est vraiment un truc qui peut générer des réactions passionnées. Il y a des gens qui ne jurent que par ça et les autres. JE suis plutôt à ranger dans les autres, tout en trouvant que ça peut être très utile. L’huile démaquillante nous vient du Japon. Shu Uemura, maquilleur de cinéma, l’a mise au point pour retirer les fards gras et épais des actrices en s’inspirant de la méthode traditionnelle de démaquillage des geisha. Visualisez bien leur maquillage épais et lourd. Pour en venir à bout, elle s’enduisait le visage d’huile, massait et puis ôtait l’huile qui s’était liée au maquillage avec de l’eau et du savon. C’est une méthode traditionnelle donc pas moderne. Les huiles démaquillante sont conçues pour s’émulsionner et se rincer. On applique l’huile ou la baume, on masse pour mélanger à tout ce qu’on souhaite voir partie loin de notre peau parfaite, on ajoute un peu d’eau, ça se transforme en crème, on rince et nous voilà propre comme un sous neuf !  Donc si nos huiles sont bien fichues, le double nettoyage n’est pas nécessaire. Si elles laissent un résidus gras sur la peau, il est indispensable. Autre cas ou un double démaquillage peut s’avérer nécessaire, celui d’une peau qui a reçu des filtres UV waterproof, des fards no-transfert ou une base fixante.  Mais c’est une situation qui ne concerne pas tout le monde tous les jours. Non votre peau ne sera pas sale et mal démaquillée si vous avez juste utilisé un solaire de ville et un peu de fond de teint. Et dans le doute, faite comme bon vous semble, faite ce qui vous tranquillise et voyez comment réagit votre peau en sachant que trop nettoyer fait plus de mal que pas assez.

Les eaux micellaires sont l’objet d’un autre débat. À la base, elle était un démaquillant d’urgence pour les défilés. On devait démaquiller ces pauvres mannequins sans accès à l’eau, rapidement. Ce produit, très chargé en tensio-actifs, faisait l’affaire. Même si la peau n’était pas vraiment propre sans rinçage, il enlevait le fard et permettait de remaquiller dans un style différent. À priori, je déconseille. Mais si vous aimer ça et que votre peau supporte, tant que vous n’oubliez pas de rincer, c’est mieux que de passer l’étape nettoyage avant d’aller dormir, un jour de flemme.

En revanche, le savon, c’est NON. Parce que le savon est basique. Et on a dit au début que la peau était acide et que le microbiote aimait ça, que c’était son lien de vie naturel. Donc le savon tue tout, ou presque. Après, il y a, si vous insistez, les pain dermatologique aka savon sans savon, mais je n’en ai jamais rencontré de très sympathique. Je les trouvais tous agressifs, je n’en ai jamais aimé, mais on a peut-être fait des progrès depuis mes derniers tests qui remontent au siècle passé. Mais, pour ma part, je n’y reviendrai pas, JAMAIS. (Je pense que c’est lié à un truc qui les maintient dans une forme solide et non liquide.) 

Les laits et crèmes, sont un peu des compromis entre les huiles et les gels moussant puisqu’ils mélangent le gras et l’eau. C’est vraiment une question de goût. Moi, le matin, j’adore mon lait Sioris, tout doux et tout frais. Mais comme on n’est plus au XXème siècle, on rince le lait, on ne se contente pas de retirer avec un coton.

Et pour les peaux sensibles ? Pas de règle, ça dépend. De ce à quoi vous êtes sensible. Un seul nettoyage est probablement plus prudent. Si vous craignez le décapage, pourquoi pas un baume tout doux ? Si vous ne supportez pas les frottement, essayez le produit moussant que vous travaillez bien avec les mains avant de juste le poser sur la peau avant de rincer. Et dans ce cas, un peu plus agressif pour dissoudre peut s’avérer une très bonne solution.

Le point SLS & compagnie :

Faut-il avoir peur des sulfates ? C’est une question qui tracasse beaucoup certaines personnes et certaines marques (qui vendent des produits « sans ») qui vous citent quelques études démontrant que les sulfates sont des tensio-actifs irritants et déshydratants. Il faut préciser que, si cela est indéniablement vrai, ce fut observé dans des conditions qui ne ressemblaient pas à l’usage prévu : il y avait application de patchs pendant 12 et 24 h. Mais nous parlons de produits nettoyants (les sulfates servent à faire mousser) donc en utilisation normale rincés rapidement et peu en contact avec la peau. (2 minutes versus 12 heures.) Typiquement, c’est l’un des faux problèmes de la clean beauty. On utilise des sulfates depuis les années ’30, on a du recul. Oui, ils peuvent être agressifs dans certaines formules, mais ce n’est pas tant un problème de sulfates qu’un problème de formules. Les gens qui « décryptent » des formules sur des blogs en se basant sur les listes INCI sont problématiques. Parce que la liste INCI est là pour dire si vous pouvez OU pas utiliser le produit selon vos allergies. Vous n’avez pas les pourcentages, vous n’avez pas les processus, vous ne pouvez pas dire grand-chose. Sur un menu, est-ce que vous commanderiez farines-œuf-lait-sucre sans savoir si vous aller manger un cake ou des crêpes ? C’est ce que vous faites en regardant une liste INCI et rien d’autre pour acheter un soin. (Perso, j’aime bien le cake et pas les crêpes sucrées, mais je sais : ce n’est pas l’objet du débat.) On peut déduire des choses, on peut se méfier, on peut repérer des choses que notre peau apprécie ou pas, chercher des actifs « star » etc., mais cela reste très personnel, subjectif et pas très scientifique si vous n’êtes pas formulateurs et si vous ne connaissez pas les dosages.

J’ai passé les 40 premières années de ma vie à ne pas me tracasser à propos des sulfates, j’en entends parler depuis 10 ans et je refuse de me tracasser avec ça.

 

La question du budget est importante. Souvent le nettoyage est un soin dans lequel on n’investit pas assez en temps et en argent. Un nettoyant de qualité n’est pas forcément très cher et rien ne vous oblige à mettre 95€ dans le cleaensing balm de Chantecaille qui est peut-être très bien mais que je refuse d’acheter parce que non c’est juste de l’indécence en pot à ce prix. Mais ce n’est pas pour autant le point sur lequel il faut économiser d’office : un bon nettoyant est important et on trouve des crèmes hydratantes efficaces et pas chères : oui, ça peut valoir le coup de payer plus cher son nettoyant que sa crème. (C’est littéralement ce que je montre sur la photo qui illustre avec mon nettoyant préféré au monde à 26 € Paula’s Choice et une crème que j’aime vraiment beaucoup qui m’a couté 11 €. L’Oréal Paris, revitalift sans alcool et sans parfum que j’aime beaucoup aussi. Remarquez que le gel nettoyant Hydra Boost de Neutrogena que je montre coûte plus ou moins 5€ et qu’il est très bien. Le matin, le soir, il est un peu léger.) Petit budget ne veut pas dire vilaine peau et manque total de sensorialité. Quand je parle d’investir, je parle aussi-surtout de prendre du temps, de chercher, se renseigner, investir du temps.

 

Cependant, pas la peine de dépenser plus pour des promesses de super actifs. C’est un soin qui reste une trentaine de seconde sur la peau. Quand une marque comme PIXI vous sort son nettoyant au rétinol et antioxydants, j’ai vraiment envie de hurler au marketing con (J’ai cherché, j’ai pas trouvé d’autres mots...) parce que ça ne sert strictement à rien de mettre des actifs traitants comme le rétinol dans un soin qui va rester 30 secondes sur la peau et être rincé. À la limite, les antioxydants sont utiles parce qu’ils servent à préserver la formule, mais ils ne vont pas empêcher votre peau de s’oxyder.

 

Il y a une question d’efficacité mais surtout de plaisir. Le meilleur rapport qualité-prix en termes de nettoyants, ce serait probablement Cerave, mais ça manque vraiment de sensorialité. Honnêtement, le meilleur endroit pour trouver son bonheur, c’est probablement la Corée du Sud. (J’aurais pu dire l’Asie, mais les japonais on un amour de la mousse qui donne des résultats plus agressifs parfois.) Il y a du choix, de la qualité, de la sensorialité et des prix raisonnables. Faites vous mousser si vous aimez ça, si vous voulez vous sentir frais et que ça aille vite ; massez avec du gras, plongez dans cette sensation de confort tout doux et prenez du temps pour vous si c’est ce dont vous avez besoin.

 

Personnellement, je suis d’avis qu’il est toujours bon d’avoir plusieurs nettoyants à sa disposition. Un très doux le matin pour éliminer les restes des soins de nuit, la poussière et la sueur. J’aime personnellement un lait ou un gel moussant, c’est frais, léger. J’aime bien un soin plus « lourd » le soir, plus efficace et qui se travaille qui peut être massé, qui réconforte. Mais en cas de grosse fatigue, j’aime bien quelque chose qui va vite aussi… Bref, je ne crois pas au nettoyant unique. Et d’ailleurs ça ne m’amuserait pas. Mais c’est tout à fait possible. Vous y croyez-vous? ça ne vous ennuie pas d'être si minimaliste?