différentes approches

 


Ce week-end, j’ai lu le livre de Saeki Shizu, the japanese skincare revolution* et je me faisais la réflexion qu’il y avait plein d’approche différentes du skincare et que beaucoup était valables. C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. J’admets volontiers que ce n’est pas agréable quand on est un lecteur à la recherche d’informations de s’entendre dire qu’il n’y a pas UNE solution. Quand tu as un blog, quand tu parles de skincare sur les réseaux sociaux, tu le sais : les gens veulent des réponses précises, des solutions clefs en main adaptée à leur cas. On est souvent dans un (non-)dialogue de type « J’ai tel problème-utilise tel produit » Je ne caricature pas, dans la tête des gens, c’est souvent, très naïvement comme ça que ça se passe. Dans la réalité, non, ça ne se passe pas comme ça.


En vrai, il y a plein d’approches. Celle de Saeki Shizu passe beaucoup par le comment. Comment on applique les produits, en insistant sur le « ne pas en faire trop » son principal reproche aux japonais étant qu’ils se lavent trop la peau. On est loin de l’approche technique d’une Paula Begoun, très technique, qui parle études scientifiques et actifs. Les deux ne sont pas incompatible, même s’il y a des points de désaccord. Je dirais même plus : on peut combinez les deux. Prendre chez l’une et chez l’autre ce qui nous plaît, en sachant que la meilleure méthode, pour peu qu’elle existe, si on ne l’applique pas parce qu’elle nous ennuie ne servira à rien. Et on devra garder ce qui nous réussit. Le meilleur soin pour notre peau, ce sera toujours celui qui nous fait une jolie peau, pas celui qui a le mieux performés au tests scientifiques.


Un de mes critères pour faire confiance quand je me pose une question cosmétique, c’est la capacité qu’à la personne en face de moi à me renvoyer à d’autre, à admettre qu’elle ne sait pas tout, qu’elle cherche aussi. Les gens qui vous expliquent qu’ils savent, qu’ils ont la réponse, que c’est comme ça et qu’ils ne se trompent pas, ça ne m’inspire pas du tout. Et ce n’est pas très sympathique. (La vie est bien trop courte que pour écouter des gens qui ne sont pas sympathiques me prendre de haut.)



En ce moment, il y a une forte tendance au discours scientifique et à l’analyse d’ingrédients et j’avoue que ça ne me plaît pas toujours trop, même si c’est très utile. Ça devient parfois la course à l’ingrédient unique, souvent en oubliant à quel point une formule efficace est quelque chose de complexe. (Ah justement, c’est complexe et on aime quand c’est facile…) Parler de l’un ou l’autre ingrédients est un bon point de repère mais pas un critère suffisant. (Exemple, s’il est écrit glycérine et acide hyaluronique, félicitation, vous avez un soin hydratant, et probablement un soin hydratant efficace, mais vous aurez besoin d’autres ingrédients et aussi de techniques pour réaliser le produit final qui vont jouer sur le résultat.) Est-ce qu’on peut tout comprendre ? Probablement pas, même si on lit des trucs sur le sujet pour nous aider. (Si la formulation vous intéresse discovering cosmetic science publié par la Royale Society of Chemistry est un livre super intéressant. Oui, en anglais…) C’est bien que des formulateurs parlent et expliquent.


Mais les formulateurs ne suffisent pas. On a AUSSI besoin d’autre points de vue scientifiques, celui du dermatologue par exemple. C’est un point de vue plus médical, mais incontournable. On a aussi besoin de l’avis de l’esthéticien(ne) qui voit défiler des dizaines de visages chaque semaine et peut constater que ceci ou cela peut fonctionner pour tel type de souci et que pour un autre problème on aura de meilleurs résultats avec ci ou ça. Le skincare, ce n’est pas que des tests en labo et des études avec des protocoles stricts qui donnent des résultats presque mathématiques. On est loin de la science exacte. Une jolie peau, c’est de l’empirisme. Et l’utilisateur à sa place. Oui, eux, moi et vous. Combien d’entre nous ont découvert la crème qui a changé leur peau sur la recommandation d’amis, de collègues, voire de blogueurs, sans jamais passé par les cases dermatos-formulateurs-esthéticiens ? (Je veux dire: il n'y a pas de hiérarchies prédéfinies...)


Même si vous n’y connaissez rien, vous pouvez voir ce qui fonctionne sur vous ou pas. Et peu importe ce que disent les études, un produit qui vous fait une jolie peau est un bon produit. Un produit qui vous fait une moche peau est un mauvais produit et il ne faut pas insister. La première personne à qui vous devez apprendre à faire confiance, c’est vous. Regardez-vous. Regardez ce qui se passe. Le skincare, ce n'est pas suivre un gourou, c’est apprendre à se connaître, à être bien avec soi, à se faire plaisir, à trouver LA formule qui NOUS convient en sachant que si telle solution ne fonctionne pas, il y en a forcément une autre qui nous conviendra.  Je sais, c’est un peu moins facile que de suivre une recette toute faite, mais vous avez une excuse pour passer des heures devant le miroir à scruter la rougeur et la micro déshydratation, c’est moi qui vous force ! (Au cas où vous ne le feriez pas déjà ! Vous avez même le droit de faire des selfies avant-après.) 



Finalement, que ça parte dans tous les sens, c’est une bonne chose si ça nous ramène à nous. Socrate, blogueur lifestyle du temps jadis, avait bien raison de dire « connais-toi, toi-même » il avait déjà tout compris au skincare.


NB : Après, il y a plein d’approche mais il y a quand même consensus sur des choses fondamentales. « Nettoyez votre visage tous les soirs » par exemple est un peu in incontournable. Même crevé et voulant juste vous effondrez. Mais au moins vous pouvez choisir la méthode qui vous amuse.



*Le livre, découvert grâce aux Chroniques de Sonia (que je vous invite à suivre sur son compte Instagram) est vraiment chouette à lire et instructif. Elle ne parle pas en termes d’actifs, mais en termes de comment appliqué avec beaucoup de bon sens, pas d’excès même si on n’est pas obligé de mettre en œuvre tout ce qu’elle conseille, on apprend des choses. Je recommande particulièrement si vous aimer masser votre visage, les techniques sont chouettes et efficaces Et comment ne pas aimer son approche réaliste ou le prix n’est pas un critère essentiel.


Commentaires

  1. Bonjour Dominique, je ne regrette pas le vieux temps où la sensorialité était reine dans le choix de nos cosmétiques.Bien contente de ne plus acheter des crèmes de perlin-pinpin et ce même si la magie disparait .Maintenant on teste moins à l'aveugle .. et cela me plaît cet aspect plus scientifique....

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    1. La sensorialité reine, non, mais de là à pinailler sur des actifs qu'on ne maîtrise pas... Le souci, c'est qu'on en arrive à perdre les gens, les décourager, et à se faire du mal parce qu'on en fait trop, alors même qu'on n'est pas forcément en mesure de tout comprendre et que donc nous faisons des raccourcis qui parfois nous font du tort. On n'a jamais eu autant de barrière cutanée malmenées, d'irritations et de sensibilités à gérer. Et le discours est souvent beaucoup trop simpliste et réducteur. C'est plus compliqué que hydratation: acide hyaluronique, rides: rétinol, pore dilatés: BHA et taches vitamine C. C'est plus complexe, plus subtil et il y a plus d'une possibilité. Sous couvert de science, on sort des formules toutes faites... En perdant de vue que ce n'est pas aussi simple que les équations du second degré.

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  2. Bonsoir, j'aime assez l'idée d'une approche un peu plus humble que le discours (pseudo ?) scientifique ambiant, même si celui-ci est utile et nécessaire aux (gros) consommateurs que nous sommes. En savoir un peu plus dans un domaine, c'est toujours prendre conscience de tout ce que l'on ignore et accepter que parfois, ça marche ou non et que l'on ne sait pas pourquoi. J'ai un peu renoncé à l'idée d'avoir une jolie peau (mes excès de jeunesse me laissent quelques souvenirs et je ne crois pas aux miracles), mais désormais mon approche, c'est surtout de ne pas aggraver les choses et, en conséquence, un bon produit, c'est celui qui préserve, qui apporte du confort et (pourquoi pas) un peu de plaisir. Merci pour cet article.

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    1. Moi, je suis pour qu'on se détende et qu'on se fasse du bien. Et la modestie, oui, vraiment c'est indispensable.

      Mais pourquoi renoncer à avoir une jolie peau? Bien sûr parfois il faut être réaliste et revoir ses critères à la baisse, il faut accepter certaine choses, mais une jolie peau, c'est possible. Même ridée et tachée, je pense qu'une peau bien hydratée et un peu exfoliée peut être très jolie. Après, je sais bien qu'on déteste probablement tous nos cicatrices, etc, mais je pense qu'on a tort et qu'on devrait apprendre à aimer le fait qu'elle montre qu'on a survécu à une blessure. (C'est jamais évident, je sais, mais souvent, c'est le regard qu'on pose dessus qui rend les choses belles, pareil pour les gens, et le truc le moins flatteur au monde, c'est de s'excuser d'être moche, ça enlaidi même les gens sublime qui ont 20 ans et une peau lisse de bébé.)

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  3. Bonjour,
    Chouette billet d'humeur. Effectivement, remettre un peu de subjectivité et de fun est une bonne idée. Le skincare est dans une phase très scientifique, et un peu rigoriste. Les dermatologues et "scientifiques" prennent une place prépondérante, alors que c'est d'abord pour se faire plaisir qu'on applique toutes nos petites fioles. Il y a quelques personnes qui ont de vraies pathologies mais j'espère qu'elles vont voir un médecin.
    Je suis un peu épuisée aussi par tous les détenteurs de vérités absolues, qui en plus se veulent iconoclastes. Par exemple, tout le monde s'est mis à porter aux nues les flacons airless, et évidemment dans le meme temps j'ai vu fleurir les amateurs de flacons non airless.

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    1. Ce n'est pas forcément de la subjectivité d'ailleurs... Juste le constat que certaines choses peuvent fonctionner pour certains, pas pour d'autre et que personne n'est vraiment d'accord avec personne, donc ça nous laisse de l'espace pour nous épanouir et de l'espoir parce qu'il y a toujours d'autres pistes à explorer.

      Ah, j'avoue que je préfère les flacons airless mais que je ne me prive pas pour autant d'un pot. Et franchement, si le produit perd un peu de son efficacité en fin de parcours, je survivrai. (Mais c'est vrai que je suis très strict sur l'hygiène... JE vois des gens faire un truc, se mettre un sérum, faire autre chose, mettre une crème et NE PAS SE LAVER LES MAINS AVANT??? (Oui, je sais, je suis naïf de m'étonner de voir que les gens sont des porcs parfois... Mais c'est mon côté optimiste de croire que.)

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  4. Joli billet d'humeur pour remettre l'église au milieu du village. C'est vrai qu'aujourd'hui on entend tout et son contraire. Alors il faut tester, réfléchir, écouter et comparer. Mais également garder du sensoriel, pas que de la technique et des actifs. Parce que quand j'ai la flemme, ce qui m'aide à faire ma routine c'est le côté pratique / facile, mais aussi le sensoriel. Alors qu'aimer un parfum dans une crème ça deviendrait presque un crime. Parce que la sensorialité ça passe par une jolie texture, mais la senteur ça compte aussi. Enfin pour moi.

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    1. Moi, j'attends surtout que ça ne sente pas "mauvais" mais je peux comprendre que pour certains l'odeur compte plus que pour moi. (Disons que je focalise sur d'autre odeurs) Et puis surtout, est-ce qu'une jolie peau doit s'acheter au prix de renoncements, châtiments et punitions? Ce serait un peu cher payer...

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