royal

"Elle n’avait pas beaucoup changé, si on tenait compte du temps passé…"

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le temps retrouvé, 1927.

Finalement peu coûteux et assez facile à trouver, Royal bain de Caron est l’un de ces parfums oublié et méconnu qui méritent pourtant que l’on daigne parler d’eux. Je ne le porte pas moi-même, mais il est l’un de ces sillages que j’aime plus que tous les autres. Il démarre par une belle note de fruits blets, lumineuse et dorée qui est peut-être ce que je préfère chez lui.

Indéniablement, immédiatement, on sent la richesse, l’opulence. Il ne s’appelait pas Royal Bain de Champagne pour rien ; si c’est une eau, elle ne sera pas fraîche. L’évolution va vers un bouquet poudré, lilas, violettes,  terriblement rétro et crémeux, délicieusement daté. C’est l’un de ces sillage qui ne font pas «jeune», c’est vrai, il est bien trop cossu pour ça. Chez Caron, on ne pense pas qu'il faille s'excuser d'être riche et la jouer dépouillement et minimalisme. Laissons ça à d'autres.

Ensuite, il embarque pour des baumes ambrés, orientalisants, qui échappent miraculeusement à la lourdeur en évitant les effets de gras qui plombent certains parfums anciens. Il est particulièrement délicieux sur peau chaude lorsque les températures montent.

Très rétro, mais vraiment chic, différent, Royal Bain doit être redécouvert. Il serait sorti au XXIème siècle dans l’une ou l’autre marque de niche, il serait un parfum culte, un must-have. Dans la production historique et grandiose de Caron, il est effectivement plus une eau, se mettant un peu en retrait derrière le Narcisse Noir et Farnésiana. Ne le boudez pas pour autant, mettez votre snobisme nichu dans votre poche et allez le découvrir, il vaut vraiment le détour pour peu que vous soyez sensible à cette sensation vitage qui vous transporte et vous emporte, non pas dans d'autres lieux, mais dans d'autres temps. Certes, Royal Bain est importable avec un vison, mais il faut bien que votre vison aille se reposer chez le fourreur de temps en temps, non?

Royal bain de Caron, Ernest Daltroff pour Caron, 1941.

(NB : je parle de la version actuelle, n’ayant qu’un vague souvenir de l’ancienne, mais cette version est très jolie et surtout très plaisante à sentir et à porter si on est du genre à aimer les baumes.)

Commentaires

  1. Je le convoite depuis un certain temps ce Caron... Vous me tentez horriblement en ce moment !

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  2. Puis-je conseiller eBay? J'en ai trouver pour offrir à 35€ les 250 ml, ce serait bête de se priver...

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    1. J'ai trouvé 125 ml, j'ai craqué. Ca fait plusieurs mois que je n'ai rien acheté, c'est un grand moment. Merci Dau, j'ai hâte !

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  3. Bonjour.
    Tu parles de le porter en été sur peau chaude pourtant je croyais que les parfums baumés faisaient pas bon ménage avec les hautes températures...

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    1. Il fait partie des rares qui sont beaux parce qu'il n'est absolument pas gras. Sa poudre le sauve, elle le garde sec et un peu propre savonneux. En outre, pour un fond oriental, il est présent mais pas envahissant. (Il tient, mais n'a pas un sillage de dingue.)

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    2. Merci pour ces précisions Dominique

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  4. Acheté suite à la lecture de ce billet. Porté par temps chaud et frais et..... je l'adore ! Merci pour cet article qui m'a donné envie de ce très joli parfum!

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    1. Je pourrais avoir quelques scrupules à pousser au crime, je n'en ai aucun si mes billets peuvent aider à rencontrer de jolis, que dis-je, d'adorable parfums 😉

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