«Elles savaient que, moins richement dotées, on les recherchait cependant davantage et qu’il leur suffisait, pour plaire, d’une blancheur chiffonnée.»
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922.
Extra-vieille, Roger & Gallet réédition ancienne "rouleau de l'empereur" et flacon actuel |
L'autre versant du mythe cologne : la très française Extra-Vieille de Jean-Marie Farina par Roger & Gallet. Elle se revendique comme l'authentique, la seule vraie, s'enorgueillit d'avoir été la favorite de Napoléon Ier, pose à la doyenne, a l'ancêtre, tout en n'ayant pas vieilli en dépit de son appellation "extra-vieille." Accessoirement, elle a longtemps été ma préférée. J'en ai use des litres, ayant toujours préférée son équilibre, sa douceur à la vivacité de sa rivale allemande.
Les agrumes sont là, bien présent, mais mariés à des notes aromatiques et surtout à la fleur d'oranger. En départ le petit grain, le néroli, la fleur enfin, en cœur. Un cœur floral bien plus présent et un fond de bois et d'épices ambrées qui dure un peu plus longtemps et se poudre fort joliment. L'ensemble est frais, bien sûr, mais moins mordant, plus serein. L'Extra-Vieille n'éclate pas de rire, elle sourit.
Plus qu'aux fastes de l'Empire, c'est à la période du Directoire qu'elle me fait penser. Qui sait? L'empereur, sentimental, se plaisait peut-être à rêver à ses années de jeunesse? La cologne me semble faite pour cette accalmie après la tourmente de la Terreur, cette période où Paris retrouvait le goût de la fête et d'une certaine légèreté. Coton, lin, mousseline, lignes droites et souples, beaucoup de blanc, des rayures, d s châles, c'est tout un univers en parfaite cohérence avec l'esprit cologne. Et tout cela est bien sûr très compatible avec la lecture de Jane Austen, que j'encourage vivement.
La dernière version que j'ai sentie me semble avoir été reformulée, j'y sens une très perceptible trace de cumin qui me déstabilise un peu. (Non, je n'étais pas en sueur !) Le tout m'a semblé toujours joli mais moins harmonieux. Et puis, cette note de sueur dans un produit qui symbolise l'hygiène et la propreté, c'est un peu perturbant quand même... En revanche, les célèbres savons Roger & Gallet, et l'ensemble des produits pour le corps sont un vrai bonheur qui fait durer longtemps le plaisir... Incontestablement un must-have parmi les classiques.
Eau de Cologne Extra-Vieille Jean Marie Farina, Roger & Gallet, 1906.
Bonsoir Dau,
RépondreSupprimersi je devais mettre en évidence l'aspect le plus évident de cette Cologne extra-vieille ce serait surtout son caractère austère, ce merveilleux équilibre auquel vous avez fait référence. Je la trouve impériale, royale, immense dans sa simplicité, comme vous remarquiez elle se déploie sans bruit, ses épices ne sont pas "en colère", ses agrumes sont doux, légèrement veloutés.
A bientôt!
Sara
Bonjour Sara,
RépondreSupprimerSon équilibre, c'est sa qualité bourgeoise, je trouve. Pas d'ostentation, de la retenue loin de toute démonstration d'une vulgarité ostentatoire de nouveaux riche ou d'aristocrate faisant preuve de somptuosité à la cour... Bref, je trouve qu'elle incarne parfaitement les valeurs un peu puritaine d'un certain XIXème siècle... Même si je préfère le souffle un peu plus libre du Directoire!
à bientôt
Dau