pénombre dorée

"Et la femme qu’en levant les yeux bien haut on distinguait dans cette pénombre dorée prenait, dans cette nuit où l’on était perdu et où elle-même semblait recluse, le charme mystérieux et voilé d’une vision d’Orient."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le temps retrouvé, 1927.

Heureusement qu’il y a Noël, ses décorations et ses bougies pour nous aider à survivre en ces mois si sombre de la fin de l’année ou le soleil se couche à… Je ne sais même pas s’il se lève certains jours! Alors, oui, il y a eu la jolie Sapin de Diptyque, mais la plus belle, celle que j’aime d’amour, parce que oui, on peut aimer d’une façon irraisonnée et passionnée une bougie, c’est l’Odalisque de Cire Trudon. Le verre en argenté est sublime. (Je suis plus argent qu’or. J’avais la version dorée pour Nazareth l’an passé, mais…) Une touche de lumière supplémentaire, un peu de reflet en plus…

L’odeur : une fleur d’oranger. Probablement l’une des plus belles du marché, marché du parfum en général, pas juste de la bougie. Un bouquet, ou le jasmin tient sa place, à la fleur d’oranger, qui évite les excès de lourdeur et de langueur pour se faire élégant, chic, comme un décolleté grand soir qui n’a pas oublié les bijoux. (Par opposition au décolleté "nichons au balcon," toujours un peu cagole.) De la douceur, beaucoup, pas trop d’innocence, nous ne sommes pas dans le parfum pour chambre de bébé mais bien dans le salon de dame et une petite note, discrète, de gourmandise. Quand je le sens, j’ai une petite pensée pour les  Lacquemants de  Désiré de Lille. (Référence micro ciblée que peu de gens comprendront mais qui émoustillera les amateurs.) 

Je n’ai pas l’impression d’un parfum statique, je le perçois différemment, selon que je suis plus ou moins près de la bougie, selon qu’elle est éteinte ou allumée. Oui, une bougie aussi, ça peut-être sophistiqué et ciselé. Chez Trudon, on est dans le parfum Grand Genre, pas dans le naturalisme poétique à la Diptyque. Les deux ont leurs charmes, mais en cette saison, ma préférence va à la sophistication de Trudon. Attention, cette bougie risque peut-être de voler la vedette à votre parfum. (J’opte pour un hespéridé type cologne tout simple quand je décide de l’allumer.) Pour l’accompagner, l’idéal, c’est le thé Néroli Impérial d’ Honoris Causa et peut-être relire l’Éloge de l’ombre de Tanizaki Junichirô parce qu’Odalisque se prête bien au mystère des maisons qui ne sont point violentée par la lumière électrique. Le parfum est plutôt baroque, offre lui des clairs obscures baroques, une pénombre dorée.

Odalisque, bougie Cire Trudon.