starlette

"Des meetings sportifs où des femmes biens habillées baignent dans la lumières glauque d’un hippodrome marin pouvaient être, pour un artiste moderne, motifs aussi intéressant que les fête qu’ils aimaient tant à décrire pour un Véronèse ou un Carpaccio."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.

classique intense, Jean-Paul Gaultier
La mode de Jean-Paul Gaultier était parfois un habile collage d’éléments disparates, mêlant joyeusement les cultures et les époques. Le résultat, surprenant, audacieux, était à la fois ironique et poétique. Le parfum à son nom jouait sur les codes de l’ancien et mêlait aux fleurs l’odeur de la poudre de riz, des anciens fards. Curieusement, quelque chose ne passait pas dans cette évocation rétro. Il y avait quelque chose de moderne et de synthétique qui décevait. On aurait dit une robe de Madeleine Vionnet copiée par une couturière débutante, ne maîtrisant pas la coupe en biais, qui aurait triché en remplaçant la soie par de la viscose mêlée d’élasthanne : on y croyait de loin, mais…

La version intense corrige le tir et tire le parfum vers des horizons plus exotiques. Cette fois, c’est incontestablement moderne : des fleurs tropicales (tiaré) forment le décor et la femme Classique, qui n’a de classique que le nom, sirote son cocktail au sirop de fruit en sentant bon l’huile pailletée et le bronzer pour contouring. C’est trop classe à la façon d’une mini robe lamée scintillant dans le crépuscule de Miami, exotique, dépaysant et bien de son époque. Immédiatement jouissif, les fans de Kim Kardashian devraient adorer.

Classique Intense, Francis Kurkdjian pour Jean-Paul Gaultier, 2014.

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