douceur sensuelle

« La pression de la main d’Albertine avait une douceur sensuelle qui était comme en harmonie avec la coloration rose, légèrement mauve, de sa peau. »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.

Il paraît que pour les murs de son appartement new yorkais, Greta Garbo avait demandé à son décorateur une couleur très précise : celle de la lumière qui traversait un abat-jour crème, doublé de rose, qu’elle avait subtilisé dans le compartiment de première classe d’un train suédois. Cette lumière rose, couleur chair, réconfortante, ça pourrait être celle de Narciso.

Narciso, Narciso Rodriguez, eau de parfum

Pas forcément un  coup de foudre : le départ, très muscs blancs, très propre, sur touche, ne m’a pas emballé, vraiment trop lessive et adoucissant. Mais sur peau, c’est une autre histoire… 

Ne faites pas la même bêtise que moi !Foncez et testez directement sur peau!  Douceur toute poudrée, très soyeuse, de muscs un peu cosmétiques, avec une toute légère pointe d’animalité pour la sensualité. Et puis l’effet gardénia qui apparaît et prend le dessus.

C’est très à la mode un peu partout le gardénia, les effets floraux, mais ça ne m’avait jamais vraiment séduit. Il y avait toujours un petit quelque chose qui me dérangeait, une façon d’essayer de rendre le traitement de la fleur moderne, à la page, en lui adjoignant une petite note fruitée par exemple. Aurélien Guichard semble avoir trouvé la quadrature du cercle: le bouquet paraît  tout à fait naturel et parfaitement intégré à son décor. Ensuite reviennent les muscs, mais sans lourdeur, ni franchement sales, ni hygiénistes, soutenus par une pointe de bois qui évite de basculer dans une vulgaire sensualité lascive. Le dosage est parfait pour moi.

A l’usage, Narciso est addictif, offrant la même alliance entre l’effet T-shirt blanc tout simple que l’on aime retrouver et la sensualité, à la fois bien de son époque et hors du temps. (Sans côté rétro/passéiste, vraiment classique.) C’est un peu la signature de la marque depuis for her, au-delà des muscs, et c’est une belle signature qui a déjà su trouver ses fidèles. La tentation, le danger, serait d’en remettre un peu trop souvent, plus que nécessaire, trop, pour le simple plaisir de le sentir encore un peu, exactement comme Narcisse revenait sans cesse à la contemplation de son reflet…

Narciso, Aurélien Guichard pour Narciso Rodriguez, 2014.