intimité de cocotte

« Il m’a semblé plus tard que c’était un des côtés touchants du rôle de ces femmes oisives et studieuses , qu’elles consacrent leur générosité, leur talent, un rêve disponible de beauté sentimentale -car comme les artistes, elles ne le réalisent pas, ne le font pas entrer dans le cadre de l’existence commune- et un or qui leur coûte peu, à enrichir d’un sertissage précieux et fin la vie fruste et mal dégrossie des hommes. »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.

boudoir vénitien
Guerlain

Il y a des bougies qu’on ne brûle pas dans le hall d’entrée, dont on ne fait pas profiter tout le monde, juste certain invités très privilégiés. Boudoir Vénitien de Guerlain est de celles-là. L’ambiance est cosmétique, la bougie sent le maquillage, la poudre de riz, le fard à joue et le rouge à lèvre. Ambiance violette-rose, une touche de framboise pour relever et ajouter à l’aspect cosmétique, sur fond poudré-irisé.

C’est une ambiance de cocotte, de belle vouée à la séduction. Elle est en négligé de mousseline, aux pieds de petites mules en velours avec pompons en cygne. Le parfum la surprend au milieu de ses préparatifs, penchée sur son miroir, un peu languissante, avant d’être vraiment belle, avant d’être élégante, mais terriblement touchante, avec quelque chose d’innocent… Plus charmante dans son désordre, dans sa spontanéité, moins apprêtée, elle est d’autant plus séduisante qu’elle oublie d’être séductrice. L’ambiance est sensuelle, mais pas sexy et j’aime mieux ça. Le parfum de la dame en rose?

Boudoir vénicien, bougie Guerlain.