arts & crafts

"...âcre, sensuel et révelateur comme une odeur de géranium..."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922.

Sur le theatrum mundi, les parfums Diptyque sont plus souvent des décors que des personnages, ce qui me les rend parfois difficile à porter. Ces jardins, ces maisons, ces ambiances, sont parfois fort beau, mais je n’ai pas nécessairement envie de « sentir ça » et préfère m’en tenir à leur bougies, n’aimant pas peut-être à me confondre avec le décor. Pourtant, il y a une inspiration première, celle de l’Eau, du Vinaigre de toilette, qui me plait depuis toujours, touchant mon romantisme, des inspirations d’ancienne recettes qui auraient été retrouvées…

Géranium Odorata me plonge dans un univers qui renoue avec ces premiers parfums. En le sentant, je me sens transposé au XIXème siècle, sous le règne de Victoria, et j’ai l’impression d’observer l’une ou l’autre muse préraphaélite, peut-être Jane Burden, qui fabrique elle-même son parfum en se basant sur une vieille recette d’apothicaire retrouvée dans l’un ou l’autre vieux livre qui traînait dans un grenier. Elle a mis des géraniums dans un mortier, feuille tiges, fleurs et racines, et les a écrasé. Ensuite, suivant la recette, elle a ajouté un peu de bergamote, trois grain de poivre, quelque gouttes d’essences de vétiver, etc. Après quelques jours, elle pourra filtrer et profiter de son eau de senteurs.


Le parfum est à la fois frais, vert, épicé et floral, avec une curieuse petite note propre, presque savonneuse. Il y a de l’âpreté, quelque chose de rustique, c’est effectivement un peu moins qu’un « parfum »au sens traditionnel du terme, c’est plus une odeur, un petit morceau d’histoire, une histoire intime, privée, un moment qu’on aurait réussi à mettre en flacon, avec un aspect artisanal, plus qu’artistique ou industriel. C’est joli, stylisé, plaisant et terriblement attractif, addictif. À peine l’avais-je senti que je le voulais, sans être fan de l’odeur du géranium à la base. C’est probablement à cause du côté rugueux, rustique comme un séjour en tweed dans une résidence de campagne anglaise, quelque chose de simple, mais d’une simplicité raffinée, choisie, voulue pour réjouir le corps et l’esprit sans les encombrer, les surcharger par des amoncellements baroques. Je crois que ce Géranium Odorata, c’est mon coup de cœur de l’été !

Geranium Odorata, Fabrice Pellegrin pour Diptyque, 2014

Commentaires

  1. Après un si joli billet, je meurs d'envie de le rencontrer!
    lena sous le figuier

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    Réponses
    1. J'espère que ce sera une bonne rencontre. Je suis très surpris qu'il plaise autant autour de moi, tout le monde semble l'apprécier, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, alors que je craignais qu'il ne soit trop rugueux pour son propre bien...

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