princesse au petit pois

"…refuge vers un souvenir paisible, apaisant, où l’on voudrait se tenir et ne plus rien apprendre…"

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, la prisonnière, 1923.

Le spleen du perfumista m’est tombé dessus à l’improviste. En allant sentir des nouveautés, comme souvent. Des choses dont j’espérais plus ou moins et qui ne me laissent qu’un vague dégoût dans l’âme pour toute impression. Trop de sorties, on l’a assez dit, mais sans que ça calme le rythme, le moins du monde, et si peu de beauté. 

Des choses qui se répètent et jouent la facilité. Du caramel, de la vanille, de l’alimentaire facile et assez putassier, le genre de choses que tout le monde est supposé aimer parce que tout le monde aime son petit carré de chocolat après le dîner, n’est-ce pas ? Le tout construit rapidement, bâclé en vitesse. Ou pire ciselé pour un résultat d’une banalité consternante.

Pour les mécontents du régime au glucose, toujours la même variation sur les agrumes, les variantes fraîches ou sport qui se déclinent à l’infini, alignant un citron chimique, un pamplemousse soufré sur fond de bois ambrés (dits "bois qui piquent") pour faire durer le plaisir. Plaisir ? Le détournement de mots est l’un de ces abus de langage qui devrait être interdits par la loi tant ce fond est insupportable.

J’avoue une lassitude extrême. Due à la frustration dans ma recherche du beau. Je ne demande pas mieux que de m’émerveiller mais encore faut-il qu’un me donne un petit quelque chose, une infime parcelle de rêve à laquelle m’accrocher. (Parfois, très peu me suffit.) 

Mais pour l'heure, je me replie, m’enferme en une longue bouderie, me contentant de mes chers classiques qui ne me déçoivent jamais. Un peu d’Heure Bleue, de l’Eau d’Orange verte et ma chère Heure Exquise. J’attends que revienne l’envie, mais c’est un cercle vicieux car fréquenter ces classiques me rend difficile, encore plus, me fait faire la fine bouche. Et la princesse au petit pois en moi contemple ses trésors anciens en se disant que c’était définitivement mieux avant.


Je ne m’aime pas beaucoup comme ça.

Commentaires

  1. Idée découverte: les parfums d'abdes salaam attar/la via del profumo (via les échantillons de chez surrender to chance, par exemple)... on les reçoit par la poste, moi ça me donne toujours l'impression que c'est Noël!

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  2. Princesse au petit pois, le bleu à l'heure bleue... Moi je suis ravie de te savoir aussi exigeant...

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  3. Bonsoir Dau,
    Dans les nouveautés, je trouve que Mathilde Laurent a fait un très beau travail avec sa Panthère. Un jus qui ne soit pas poisseux collant du style à faire exploser son diabète rien qu'en le sniffant, qui ne soit pas une resucée de la Vie est belle et tout cela en mainstream, pour moi, c'est un exploit !
    J'ai trouvé de très belles choses au cours de l'année écoulée, pas beaucoup certes, mais le principal est que j'arrive à avoir de vrais moments d'émotion et de grands coups de coeur, comme l'Eau de Narcisse bleu l'année dernière, ou l'Eau Scandaleuse d'Anatole Lebreton.
    En ce moment, je suis en pleine euphorie car je redécouvre mes chers classiques, dernièrement, Rouge Hermes ou Calèche Parfum de soie J'ai été enthousiasmée par le travail de Thierry Wasser sur Mitsouko ou Chamade Le retour de Mon Parfum chéri m'a mis en joie, et grâce à vous, j'ai fait une magnifique découverte, "Ce soir ou jamais" que je me suis approprié, moi qui disais ne pas aimer la rose...
    En vieillissant, je ne dirais pas que je boude ou que je me replie sur moi, je dirais plutôt que je me concentre sur l'essentiel, les valeurs sûres. L'euphorie de la découverte, de la nouveauté n'est plus là ? Je dirais que cela n'est pas grave car je n'ai plus rien à prouver, je me suis (enfin) trouvée. La sérénité n'est pas synonyme de frilosité, de lassitude ou de "vieux" (je repense à un jeune collègue qui parlait de moi et de mes "parfums de vieux". C'est vrai que je ne me ballade pas avec un faux Vuitton, un téléphone recouvert de strass et je ne m'asperge pas de spice-bomb : on n'est carrément pas dans la même galaxie!). Et puis l'envie peut prendre des chemins détournés et apparaître là où on ne l'attendait pas....

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  4. Oh, Ambre Rouge, la Panthère est ce dont il ne faut pas me parler tant ce parfum me consterne! Je vois très bien l’hommage aux anciens, je pense beaucoup à Mystère de Rochas, mais il y a dans ce parfum des choses qui me dégoûte absolument et que je trouve absolument laide. Particulièrement cette note fruitée du départ qui me soulève littéralement le coeur. Je sais qu'il est de bon ton de s'enthousiasmer, mais rien à faire, je ne supporte tout simplement pas ce parfum. J'aurais pourtant aimé être convaincu. Enfin, ça ira peut-être mieux avec les flankers des prochaines années?

    (Rien que ça me déprime chez Cartier comme chez d'autres.)

    Pour le reste, l'Eau Scandaleuse et le Narcisse Bleu, je vous rejoins tout-à-fait, tous(Je pense qu'ils font une certaine unanimité, non?), ce sont de belles créations que j'ai moi aussi grand plaisir à porter. Mon seul regret est qu'elles ne sont pas assez connue, assez portée. Mais c'est agréable aussi de se sentir faire partie d'un cercle restreint.

    Quant aux logos et aux strass, je range tout ça sous une même étiquette "signe de pauvreté intérieure!" Bravo de ne pas rejoindre cette triste galaxie! Sinon, ne vous inquiétez pas, le coup de blues chez moi n'est que passager. :)

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  5. Vous me rassurez !
    Je me doutez bien que la Panthère ne devait pas vous plaire, votre silence jusqu'à présent était éloquent ! Paradoxalement, votre opinion divergente me rassure parmi ce concert de louanges. J'ai eu la même réaction que vous à propos d'un autre parfum sur lequel tout le monde crie au génie et s'enthousiasme, "Séville à l'aube" : je trouve qu'il sent le Lacabiotal et comme je ne supporte pas les collutoires, il me fait vraiment fuir ! J'ai essayé de comprendre pourquoi il a suscité une telle euphorie à sa sortie, mais pour moi c'est rédhibitoire....

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  6. Ah, Ambre Rouge... Je ne l'aime pas non plus, sur moi il reste beaucoup trop vert et trop crissant, il est parfaitement insupportable et importable.Maintenant, je crois que j'ai tendance à "fixer" assez bien le vert et la fraîcheur. Peut-être sur d'autre est-il très beau. Mais je crois qu'il est surtout un succès dû à une très bonne communication.
    Effectivement, quand je n'aime pas, j'ai tendance à garder le silence. Un silence un peu méprisant. Pas nécessairement parce que je n'ai pas envie de rentrer dans la polémique, mais parce que je n'ai guère envie de parler d'une chose laide, même s'il est quelquefois bon de s'indigner, mais pour ne pas en rajouter dans le fait que tout le monde parle de la même chose en même temps en occultant tout le reste. Je préfère essayer de ramener des perles un peu moins connues à la surface. Cela dit, sans aimer du tout cette Panthère, je ne la trouve pas particulièrement affreuse ou ratée, c'est juste qu'elle me semble présenter moins d'intérêt que certains veulent bien le dire et qu'un passage est vraiment affreux.

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