élégance vintage

"C’est que la véritable élégance est moins loin de la simplicité que la fausse…"

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles sen fleurs, 1919.

eau de toilette, Givenchy III
Chanel prétend avoir inventé la petite robe noire. Guerlain prétend lui avoir donné son parfum. Il n’empêche que l’emblématique petite robe noire, le mythe, l’objet du désir, est celle portée à l’écran par Audrey Hepburn dans Breakfast at Tyffany’s. Cette image est iconique, un des emblèmes de la grâce au XXème siècle, de l’élégance intemporelle, du chic absolu. La robe était signée Givenchy, un nom que l’histoire de la mode aurait peut-être oublié sans Audrey, bien que Monsieur de Givenchy ai habillé nombre d’élégantes. Mais en gentleman, il les a habillées sans imposer sa marque, se contentant de leur fournir des robes, simples et belles, qui les mettaient en valeur. Vous savez, un peu comme quand vous dites d’une femme qu’elle était parfaite mais tout en étant incapable de vous souvenir de ce qu’elle portait exactement, parce que ce qui vous a marqué, c’est avant tout son allure. 

Givenchy III pourrait être le parfum de cette femme, dans cette petite robe noire, un parfum qui révèle au lieu de masquer. Un parfum, un chypre vert, construit comme une robe : des matières difficiles à travailler, le galbanum et la mousse de chêne, raides, épaisses, mais parfaitement coupées, ajustées, travaillées jusqu’à être confortables, jusqu’à se faire oublier par celle qui les porte. Pris entre le vert du départ et le fond de chypre, le parfum est construit, architecturé, pour épousé le corps, la personnalité. Le discret cœur de fleurs, rose et jasmin, bien sûr, les grands classiques, les valeurs sûres, mais aussi la fraîcheur de la jacinthe, la modestie du muguet, lui apporte le moelleux, la souplesse qui aurait pu lui manquer entre des mains moins expertes. Le charme est là. Désarmant de naturel, de simplicité vraie. Le travail est caché, les peines voilées. La tête se relève, sans raideur, le sourire monte aux lèvres. L’élégance, c’est bien plus qu’une robe, c’est la personne qui l’habite.


Givenchy III n’est peut-être pas un grand parfum, mais c’est un parfum important, parce que l’élégance est indémodable. 

Givenchy III, 1970, Givenchy.

Commentaires

  1. Breakfast at Tiffany's est mon film préféré d'Audrey Hepburn. D'abord, il y a la nouvelle de Truman Capote, ensuite le fameux chat de gouttière qui est un personnage à lui tout seul (en plus de parfums, de livres, de thés, je suis complètement dingue des chats), c'est un film où il y a beaucoup d'humour (l'incroyable fume-cigarette qui finit par mettre le feu pendant la fameuse soirée...) mais surtout parce qu'il y a une incroyable nostalgie, celles des brûlures secrètes de l'existence, qu'on essaye de camoufler pour faire semblant d'être celui ou celle que l'on n'est pas en réalité sans comprendre que ce sont ces fêlures qui font notre personnalité... D'ailleurs la chanson que chante Audrey Hepburn dans ce film est vraiment emblématique...
    Ensuite, Audrey Hepburn est pour moi la femme parfaite. Les deux femmes que j'admire le plus ce sont Audrey Hepburn et Maria Callas. Et j'ai appris récemment que Maria Callas vouait un culte à Audrey Hepburn à qui elle voulait ressembler physiquement et qu'elle voulait imiter dans sa façon de s'habiller.
    J'ai senti il y a quelque temps l'Interdit, le parfum que Givenchy avait créé spécialement pour Audrey Hepburn. J'adore ces chyprés, comme Givenchy III ou Calèche : ce n'est pas la femme fatale qui va culbuter dans les fourrés le premier jeunot sur son passage, ni le parfum gnangnan des jeunes filles en fleurs. C'est la "femme" tout simplement, le parfum comme une épine dorsale, la grande classe, des femmes magnifiques et en même temps, extrêmement généreuses, comme l'était Audrey Hepburn.

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  2. L'Interdit, j'en ai un bon souvenir, mais je le trouve un peu "dame", un peu trop pour la grâce d'Audrey qui a toujours conservé un côté "gamine" je trouve... D'ou le choix de penser à la petite robe noire et à Audrey plutôt pour le vert de Givenchy III qui me semble plus près de son charme pas si haute-couture que ça. La haute couture est un peu trop figée pour Audrey, je trouve. Audrey qu'on a plus souvent vue à la fin de sa vie en polo et jeans pour aller voir en Afrique et nous sensibiliser au sort des enfants. J'adore cette façon qu'elle a eu de tourner le dos au glamour pour des choses bien plus importante à ses yeux: ça, c'était vraiment l'élégance suprême.

    Quand à Breakfast... Forcément, c'est culte. Et comment ne pas tomber amoureux de l'actrice lorsqu'elle redresse la tête, des larmes dans les yeux dans la scène de la bibliothèque? Impossible! Oui, le film est vraiment une comédie douce amère, avec d’innombrables blessures cachées derrière le charme, l'humour et les élégances. C'est en ça qu'il est réussi: il ressemble à la vie.

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