oiseaux de nuit

Limette, rhum et tabac… Voilà le thème. Avec ça, il y a moyen de faire beaucoup de choses, beaucoup d’ambiances qui vont du fumoir au tripot. Pour Frapin, c’est Marc-Antoine Corticchiato qui crée le parfum à sa façon habituelle : grossière, brutale, presque violente, qui réussit à doter ses parfums d’une belle énergie, d’une modernité que n'ont pas les raffinés versant dans le maniérisme. 

Quand j’écris modernité, vous m’imaginez sans doute faire la grimace… Disons que je suis comme le château de Versailles accueillant une exposition Jeff Koons, je trouve ça intéressant, amusant, parfois beau, je m’amuse, mais je suis content de me retrouver seul avec le fantôme de Madame de Pompadour une fois l’exposition terminée.

Speakeasy évoque l’atmosphère louche des anciens films hollywoodiens (années '50), un Macao ou Shanghai de cinéma, un orient de bars et de maisons de jeux. Tout le monde a une cigarette ou un verre à la main, les femmes sont des Salomé de comptoir, et les hommes des aventuriers pas nets, des marins en goguette. C’est le monde de la nuit, un monde où les paillettes se confondent avec l’or, où les yeux brillent de convoitise. Le parfum est sombre, riche et dense, confortable pour qui aime ces atmosphères enfumées, chaudes et chaleureuses. Simplement, quand on sort à la lumière du jour, on découvre que les collants sont filés, les chemises souillées, les traits tirés. Tout était donc factice ?

Speakeasy est un parfum pour oiseaux de nuit ; les belles de jour resteront fidèles à leur vieux Guerlain.

Speakeasy, Marc-Antoine Corticchiato pour Frapin 2012