automne

Une surprise jaillie d’une fiole qui a traversé l’océan : Eaux Troubles évoquera peut-être d’autres choses à sa clientèle québécoise, mais il n’est pas sans me parler. Des bois, quelque chose d’un peu minéral et surtout des impressions de saison…

Rarement un parfum m’avait à ce point fait ressentir l’humidité. Tout semble y être : le ruissellement de la pluie sur les murs, l’humidité dans une cave, des notes de champignon. C’est l’automne pluvieux et froid, pas celui qui prolonge l’été dans une lumière dorée jouant sur des feuilles rousses, mais celui qui transit en annonçant l’hiver dans une lumière jaune, tirant sur le brun, qui salit le gris du ciel, attriste les rues. Le parfum sèche en laissant place au confort des bois, plus chalet rustique que marqueterie Louis XVI. On tire les rideaux, on se love dans un plaid.

Une salle de classe, le banc du fond près du radiateur, les jours qui se traînent dans une semi-obscurité et l’ennui qui se confond avec la tristesse. Étonnant  émouvant, comme un ancien souvenir qu’on ne voulait pas faire revenir à la conscience et curieusement beau. Troublant.

Eaux Troubles, Claude-André Hébert.