macho macho man,I've got to be a macho!
À la fois iconique et caricatural, Azzaro pour homme est le symbole d’une certaine époque qui a durablement marqué l’histoire de la parfumerie. Longtemps, je l’ai trouvé insupportable, probablement de l’avoir trop senti et par rejet de cette virilité façon barbier qu’il exaltait mais le temps m’a fait réviser mon jugement sur son importabilité. Il est vrai que la formule a perdu en vigueur, ce qui le rend plus fréquentable, mais surtout, avec le recul, on réalise qu’il n’était pas sans qualité.
L’odeur paraît simple, un départ de lavande mêlée d’hespérides et d’aromate, très clair et savonneux sur un cœur de vétiver assez dur parce que c’est un parfum « pour les hommes qui aiment les femmes qui aiment les hommes » sur un fond cuiré-boisé-ambré qui se voulait sexy et qui semble bien diminué aujourd’hui, ce qui n’empêche nullement de reconnaître Azzaro quand on le croise. Ce qui est étonnant, c’est que l’assemblage semble particulièrement lisible. Collant au design de son époque Azzaro pour homme semble avoir pris les éléments masculins de la fougère et du rasage pour les styliser à la façon d’un objet moderne, un peu space age, en plastique ultra coloré qui se serait quand même inspiré de formes plus anciennes, les aurait retravaillées pour les rendre nouvelles même si, lorsque nous y prêtons attention, nous les devinons encore.
Après des années MLF, Azzaro accompagnait un retour d’une certaine virilité machiste qui semblait vaguement hésiter entre l’humour de la moustache de Tom Selleck et le premier degré beauf. Les acheteurs ont décidé qu’Azzaro était beauf, c’est ce qui fit son incroyable succès : puisqu'il y a beaucoup de beaufs, on l’a senti partout et longtemps, ce qui a occulté ses qualités. Car le parfum en avait. Sa bonne odeur de propre renouvelait plaisamment la fougère classique en la débarrassant des connotations vieillottes qu’elle pouvait avoir en affichant clairement une vigueur sexy et musclée qui sentait les vestiaires d’après match plutôt que le salon de coiffure. Et ce n'était pas sans un certain charme.
Aujourd’hui, il est plaisant à (re)sentir et à porter. Sa forme bodybuildée est peut-être un peu moins musclée que jadis, mais elle est tellement plus agréable que ses nombreux héritiers nés il y a peu, tous dopés aux bois ambrés. En comparaison, Azzaro fascine par son naturel et séduit encore. Reste qu’il est encore difficile à porter: le retour de la fougère continue a en faire un parfum cliché. Si Azzaro semble beau c’est à condition de détourner le slogan "sur les hommes qui aiment les hommes" ou "sur les femmes qui aiment qui elles veulent", c'est encore mieux. Alors, on profite de cet accord très lisse qui date d'une époque qui savait encore faire la part belle à la nature. En effaçant mentalement son historique, je prends plaisir à sentir Azzaro, je le trouve d'une certaine façon cool et facile à vivre. Mais j'admets le porter assez peu en dehors de chez moi parce qu'il traîne beaucoup trop de choses dans son sillage et que ce n'est absolument pas mon héritage.
Pour homme, Gérard Anthony, Martin Heiddenreich, Richard Wirtz pour Azzaro, 1978.
Comme vous je l'ai détesté autrefois et jamais porté mais je reviens sur mes goûts de l'époque. Les bois ambrés contemporains, finalement aussi caricaturaux, nous font regretter ce genre de composition. Néanmoins je trouve "Polo" de Ralph Lauren et Paco Rabanne "Pour Homme" grands succès de la même époque plus élégants. A noter que je ne les portais pas non plus, mon jugement est récent.
RépondreSupprimerJe suis d'accord. Déjà ils sont plus classiques et moins datés. Le Polo, je l'ai porté jadis d'ailleurs, mais il n'étais pas un si grand succès, ile est venu bien après et c'est pour cela que je m'en souviens mieux mais on ne le sentait pas à tous les coins de rue comme Azzaro. L'autre très grand succès, c'est Drakkar Noir mais, lui, je ne peux toujours pas. On en reviens toujours à la même conclusion, même quand ce n'était pas terrible, c'était quand même un peu plus fini, abouti, réussi, jadis. À moins que la nostalgie ne joue?
SupprimerAbsolument d'accord: Drakkar noir est vraiment impossible ;–) et pourtant adoré encore aujourd'hui par les 50/60 ans. Je pense que la nostalgie joue très peu dans nos conclusions. Tous les amateurs de parfums, même jeunes, disent peu ou prou la même chose.
RépondreSupprimerC'est vrai que les jeunes recommencent à l'apprécier... D'ailleurs, ils le portent beaucoup mieux que moi!
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