alcool et cosmétiques

 une liaison dangereuse?


Avertissement : personnellement, je supporte peu, voire pas du tout, l’alcool, mais je vais essayer d’être objectif sans prendre mon cas pour une généralité et surtout d’être un peu nuancé et de ne pas hurler que c’est le mal ou être rassurant à tort en prétendant que ce n’est pas du tout un problème parce que c’est comme toujours compliqué. (Et les produits qui illustrent sont tous… sans alcool sauf mention contraire.)

 



Il y a plusieurs types d’alcools et celui qui pose problème, c’est celui qui est renseigné comme éthanol, alcool dénat(uré) ou alcool tout court. S’il y a un préfixe, il est question d’alcools gras et on peut foncer. C’est du bon vieil alcool façon gnôle ou désinfectant dont on parle et pour se faire un avis, il faut aussi savoir pourquoi on en met dans les cosmétiques parce que, non, les marques ne font pas les choses juste pour nous embêter avec un projet machiavélique en tête de type domination du monde. Ça ne se passe comme ça que dans les mauvais dramas que même moi je devrais refuser de regarder.

 



L’alcool est un conservateur. Vous n’êtes pas surpris, c’est une chose qu’on sait tous : l’alcool, c’est top pour désinfecter et tuer tout ce qui est vivant, fini les bactéries et les moisissures dans nos cosmétiques grâce aux conservateurs. Comme l’alcool peut être bio, il a beaucoup été utilisés par les marques avec le label bio. Présentement, ça ne veut rien dire, bio n’étant pas un label de qualité ou d’innocuité. D’ailleurs, l’utilisation d’alcool est en recul aussi dans la cosmétique bio, nous ne sommes plus en 1995.

 

L’alcool est un agent de pénétration. Il endommage temporairement la barrière cutanée, ce qui permet à certains actifs de pénétrer plus profondément et d’agir là ou ils le doivent.

 

L’alcool est un texturisant. Dans certains soins, il est présent pour permettre l’application et s’évapore directement, ce qui permet de faire des produits légers (et frais) qu’on ne sent pas sur la peau. Typiquement, on va trouver de l’alcool dans la crème-gel d’été, dans les solaires, etc.



 

C’est très résumé pour faire simple et la plupart du temps les marques combinent les différentes raisons même si d'après moi, comme conservateur ou agent de pénétration, c'est pas très moderne. Mais qu’est-ce qui cause problème, puisque jusque là, l’alcool a plutôt l’air génial ? Le revers de la médaille bien sûr. L’alcool tue tout, y compris le microbiote cutané, il peut flinguer la barrière cutanée et dessécher en s’évaporant. Bref, toutes les bonnes raisons de l’utiliser sont aussi des bonnes raisons de l’éviter et encore une fois, c’est la formule qui va décider. Et notre bon sens. (Oui, là, je m’avance un peu, vous et moi savons que ce n’est pas la chose du monde la mieux partagée.)

 

La formule est un tout et elle peut très bien compenser les effets néfastes de l’alcool pour ne garder que ce qui l’arrange. En plus, la peau est résiliente, chaque fois qu’on se lave, on endommage le film hydrolipidique et il se reconstitue, la barrière cutanée se répare, etc. MAIS. Forcément mais. Il y a des peaux qui seront sensibles à l’alcool, parce qu’elles sont plus délicates, plus sèches, endommagées… ça peut être lié à la nature de la peau ou à des agressions. Si vous êtes soudainement irrité, il est préférable d’arrêter l’alcool mais vérifiez aussi le reste de votre routine. Peut-être que c’est votre nettoyant qui est trop décapant ou que ce n’est pas une bonne idée d’exfolier deux fois par jour…

 



Mais j’aurais tendance à penser que trop d’alcool n’est pas une bonne idée. Comme toujours la taille compte. Une marque bio à l’ancienne qui met de l’alcool dans tout ses produits, c’est beaucoup et ce n’est probablement pas à faire. La place de l’alcool dans la routine peut aussi intervenir. Sur une peau qui vient d’être nettoyée, au film hydrolipidique endommagé, peut-être que l’alcool ne passera pas alors qu’en étape finale pour un solaire ou du maquillage sur une peau bien nourrie et hydratée, ça ne posera pas de souci.

 

Et il y a ce que vous seul pouvez savoir… Dans quel état est votre peau ? Si elle est irritée, réactive, enflammée, évitez l’alcool. Si elle est déshydratée ou sèche, évitez l’alcool aussi. Pas de problème pour les peaux grasses ? Pas si vite. Bien sûr, il y a un effet matifiant immédiat, des pores resserrés, tout pour croire que l’alcool est l’ami des peaux grasses. Mais face à ce qui est vécu comme une agression, il est possible que la peau « dégraissée » par l’alcool compense en produisant plus de gras, c’est l’effet rebond. La solution, c’est probablement de faire des tests. De s’abstenir d’alcool pendant un mois (le temps d’un cycle de peau au moins)  de voir si votre peau va mieux ou plus mal. Oui, vous risquez de passez un mauvais moment en changeant votre routine, c’est valable pour tout le monde et c’est désagréable pour tout le monde mais c’est la seule façon de vérifier et de voir si la peau est moins rouge, moins grasse, moins déshydratée, moins irritée… Et peut-être de changer de routine.

 

solaires ganier récemment testés AVEC alcool
qui ne m'ont pas DU TOUT réussi.
(d'autres ont aimé)


Pour reparler de moi, je peux témoigner que ce n’est pas marrant, ni facile de se passer d’alcool. Il se trouve que ma peau réagit et réagit de plus en plus. D’abord, je n’ai pas aimé dans les lotions (j’étais ado dans les années ’80, donc bon.) et les sérums puis… Dans les produits de fin de routine, ce n’était pas un souci jusqu’à présent et j’utilisais sans vergogne des solaires alcoolisés parce que c’est quasiment l’un des seuls moyens d’avoir une texture agréable, jolie et pas luisante. Mais aujourd’hui, ça ne passe plus. Ce sont de petites rougeurs sous la peau, des petits boutons, lorsqu’au beaux jours je tente de reprendre des solaires plus léger. Est-ce que c’est emmerdant ? Très très. J’étais déjà limité par les allergies, devoir renoncer complètement à l’alcool, c’est un coup dur. Mais briller ou avoir des boutons et une peau irritée, le choix est vite fait.

 

Donc l’idée, ce n’est pas de dire qu’un produit est bon ou mauvais juste en regardant une liste INCI et d’éliminer sur base d’un ingrédient, c’est de dire que ça dépend, ça dépasse et que c’est fonction de VOTRE peau et que le plus important c’est d’apprendre à la connaître, pas de consulter une application ou de consulter une revue et de suivre l’avis de quelqu’un d’autre. En fonction de ça, réfléchissez aux avantages, aux inconvénients et choisissez, si vous pouvez entre le avec et le sans en prenant ce qui vous apporte le plus de bénéfices. Et tant qu’à faire rappelez-vous aussi que ce qui ne convient pas à d’autre peut s’avérer être votre sauveteur ou l’inverse. Donc NUANCE ! (Notez que je dis ça, mais une gamme peaux sensibles qui utiliserait de l’alcool, je trouverais ça mal pensé dès le départ et je n’accorderais aucun crédit à la marque sans même avoir l’impression d’être de mauvaise foi.)

Commentaires

  1. Joli topo du rôle de l'alcool dans les cosmétiques! Et tu es très nuancé et objectif. C'est pas donné à tout le monde.

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    1. On essaye. Mais bien sûr, ça ne donne pas de réponse toute fait et on en revient toujours à réfléchir un peu par soi-même...

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