Apparu un jour comme le messie, on oublie aujourd’hui à quel point l’influence de Serge Lutens fut grande. Même s’il n’inventa pas la parfumerie de niche, elle existait depuis longtemps, il l’a mis en lumière et la rendit hautement désirable en imposant, comme il l’avait précédemment fait avec le maquillage chez Christian Dior puis chez Shiseido, un univers poétique et précieux, mais surtout singulier et unique où il était enfin permis d’être soi, totalement en dehors du carcan la mode et des codes du bon goût. La différence, l’étrangeté étaient permises, encouragées.
Le jasmin de à la nuit que j’arbore n’est pas le plus original de ses parfums, peut-être pas le plus intéressant. Pour moi, c’est le plus beau, celui qui réconcilie l’ombre et la lumière. En dépit de son nom, je le trouve terriblement diurne, ensoleillé, mais la part d’ombre est bien présente qui laisse entendre l’appel d’un feulement félin sans jamais montrer la bête. À rebours d’une certaine idée de la niche qui voudrait tout montrer, Lutens sait suggérer et le résultat n’est pas sans évoquer le glamour d’un vieux film hollywoodien qui aurait déjoué les pièges du code Hayes.
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