lectures sombres


 


Privé de sommeil en cette saison où la nuit s’étire sans fin et les jours se réduisent à peau de chagrin, il me reste les livres à condition que ceux-ci ne me demandent pas une concentration soutenue dont je serais bien incapable et présentent suffisamment d’intérêt que pour fixer mes pensées qui s’égarent, s’éparpillent, se dispersent. Pas de vraies nouveautés, je reste en terrain connu, m’adonne au plaisir rassurant de la série qui me permet de retrouver des personnages connus et aimés, me plongent dans des ambiances déjà familières sans demander trop d’efforts.


La cité hantée de Preston & Child est moins une paresse que la reprise d’une habitude, celle de lire, à doses homéopathiques, sans trop de fatigues ajoutées. L’ambiance vampirique dans le sud des États-Unis sied à l’inspecteur Pendergast, les éléments surnaturels permettent d’accepter l’histoire sans trop raisonner, je me suis laissé guider dans les vieilles demeures sombres, les cimetières abandonnés sans bouder mon plaisir alors que la série me pesait dernièrement. Peut-être était-ce un bon épisode, peut-être étais-je trop épuisé que pour discuter et réclamer mieux.


La question ne s’est pas posée avec la nature de la bête de Louise Penny. Oui, il y avait le plaisir de retrouver l’équipe d’inspecteurs québécois, les habitants farfelus et attachants de three pines, mais en basculant du meurtre d’un enfant à une histoire d’espionnage, l’auteure injecte quelque chose de nouveau dans sa série, fait une vraie bonne histoire intrigante et sombre que j’ai eu du mal à lâcher lorsqu’il falait vivre et non plus lire.


Point de série avec Somoza mais la joie de se plonger à nouveau dans une histoire un peu étrange, troublante et intelligente, cette fois néo-gothique puisque le cadre est victorien. Dans une « maison de repos pour gentlemen » on part à la recherche des origines de Sherlock Holmes. Une infirmière nous sert de guide dans un hôpital psychiatrique de luxe en bord de mer pour découvrir qui a pu inspirer Conan Doyle en résolvant au passage une série de meurtres inexplicables.  Ce n’est pas le roman le plus profond de l’auteur espagnol, mais un de ceux où il nous fait partager son amour des livres et rend hommage à un auteur qui l’a inspiré. C’est très bon ; on veut savoir, embarqué par l’ambiance pour commencer mais bien vite emporté par les rebondissements, les volte-face. Tout n’était pas totalement imprévisible pour moi, mais j’ai eu mon quota de surprises et de choses inattendues qui ont fait que le monde n’existait plus en dehors de ces quelques pages.



J’aurais pu acheter les aiguilles d’or pour sa jolie couverture qui prouve qu’on peut mettre à la portée de tous un objet un peu soigné, mais j’avais appris avec la série Blackwater que Michael McDowell écrivait de bonnes histoires. Ambiance sombre et délétère pour ce roman qui oppose deux familles dans le New York de la fin du XIXème siècle. D’un côté le clan des arrivistes de la justice et de la politique, de l’autre celui des femmes qui vivent par le crime, mais nulle part des personnages à aimer, quasi aucune place pour la sympathie, juste une curiosité pour des mondes inconnus qui semblent presque fantastiques. Oui, je suis une petite bourgeoise qui découvre le vice dans un roman feuilleton dévoré en cachette, horrifiée, choquée mais totalement captivée et réclamant sa dose quotidienne. Devrais-je avoir honte d’avoir détesté tout ce (et tous ceux !) qui m’empêchait de lire ?


In these words est-il un manga ou un roman graphique ? Son érotisme cru et cruel développe une histoire BDSM de serial killer qui ne distille pas le malaise mais impose d’emblée violence et perversion en brouillant les frontières entre rêves et réalité, emprisonnant le protagoniste principal dans un univers malsain. L’aspect policier n’est présent que pour explorer des fantasmes de viol et il faudrait que je relise pour comprendre -l’histoire est construite en forme de boucle qui invite à la relecture- mais pas par une nuit d’insomnie. Ni dans le métro. Un ouvrage à conserver dans l’Enfer de ma bibliothèque plutôt qu’à déposer dans une boite à livres. Cela valait donc la peine d’acheter l’édition de luxe plutôt que le format poche ?

Il me semble que l’hiver touche à sa fin, qu’il a été long, sombre, intense et que je suis enfin prêt pour le printemps, prêt à contempler des cerisiers en fleurs sur fond de ciel bleu, voir se décliner les nuances de rose sur l’écran de mon iPad et fondre devant des dramas qui osent toute la palette du mignon, du joli, du romantisme le plus fleur bleue qui soit. J’ai envie de blush pastel, de sentir la rose et les mimosas, de lâcher le plaid pour recevoir des bouquets de fleurs liés par des bracelets en platine et diamants … Et je ressortirais bien l'Air du Temps.

Commentaires

  1. Oh merci pour cet article! j'adore l'atmosphère de ces lectures sombres.

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  2. J'ai trouvé de quoi piocher pour mes prochaines lectures ! J'ai déjà Les Aiguilles d'or, je suis une fan de la série Blackwater....

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    1. Cette série était tellement bien... Là, c'est différent mais aussi bien. Et ça se lit aussi vite.

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