silences

 


Dans un monde excessivement bruyant, il faut parler pour exister même si l’on n’a rien à dire. Comme je n’éprouve pas l’impérieuse nécessité de devoir exister, j’ai choisi le silence, extrêmement reposant, alors même que j’avais des choses sous le coude à publier, que ce soit sur le blog ou les réseaux, ce qui correspondait plus à mes envies du moment. Ou à mon absence d’envie ? En ce moment, tout ce à quoi j’aspire, c’est de pouvoir rester sur mon canapé, drapé dans mon plaid plutôt que dans ma dignité, occupé à regardé des dramas, à lire et à jouer avec mon skincare.

D’ailleurs, cela ferait du bien à ma PAL (Pile À Lire) qui comme toutes les PAL ne cesse de grimper parce que j’achète plus que je ne lis. En dehors des -rares- moments où aucun livre ne me fait envie qui sont en général également des moments de non-lecture et de statut quo. Tous les gens qui ont des PAL connaissent ce drame de la pile qui monte sans fin, je pense, et n’échappent pas à de passagers sentiment de culpabilités…


En ce moment, je dévore un livre d’histoire sur la nostalgie (Thomas Doodman, nostalgie histoire d’une émotion mortelle), invention relativement récente d’une maladie parfois fatale qui frappait surtout les militaires au XVIIIème siècle. C’est extrêmement intéressant et ça me donne l’impression fort agréable de comprendre, d’être plus intelligent et cultivé que je ne le suis en réalité. (Scoop : j’ai zéro connaissance en histoire de la médecine. Je pratique un peu plus la nostalgie mais vous avez compris que ce que l’on appelle aujourd’hui nostalgie ne correspond pas à la notion de nostalgie des siècles passés.)


Autre lecture : idol de Usami Rin, chez Picquier- la maison d’édition qui a tellement changé ma vie que je ne me souviens même plus de comment je vivais avant 1986- évidemment. Le roman, très court, nous plonge dans la vie d’une fan et nous fait par ce biais plonger dans l’adolescence et son mal-être. Mal-être dans lequel on peut se reconnaître à tout âge même si on le vivra, le supportera autrement à d’autres âges. (Dit le quinquagénaire qui vient de se commander un album de K-pop au Japon, je réalise l’ironie.) C'est vite lu, plutôt sombre mais pas déprimant, et assez addictif, on se demande vraiment jusqu'où l' (anti-)héroïne, dont la vie bascule quand son idol frappe un fan, pourra bien aller.


En réalité, une PAL, c’est assez rassurant. Manquer de livres à lire, même pour moi qui aime relire, c’est tout de même extrêmement désagréable et angoissant. J’ai déjà donné et détesté. Certes, je pourrais mieux contrôler ça, mais les circonstances m’ont parfois donné raison. (Jurisprudence confinement covid.) Et c’est un peu pareil pour tout. 

Parce que manquer de skincare n’est juste PAS ENVISAGEABLE, je remplis déraisonnablement mon placard. Je sais bien qu’on peut survivre avec de l’eau et du savon, mais psychologiquement, je ne suis pas prêt. Et puis, juste survivre, ça ne m’intéresse pas vraiment, c’est un peu peu à mon goût. Mais je suis obligé de me contenir un peu puisque, outre l’aspect financier, le soin ne se garde pas indéfiniment et que je n’ai qu’un visage. (Mais la main lourde.) Qu’est-ce que je suis donc ravi quand je termine un pot et que je peux passer au suivant même s’il est possible que ce soit le même mais, rien n’y fait, ouvrir un flacon reste quelque chose d’excitant donc jeter… aussi. (Si vous êtes comme moi, estimez-vous que vous avez un problème ou que vous profitez de la vie ?)


Contrairement à ce qu’on nous dit, les parfums, eux, se conservent bien et longtemps avec un peu d’attention et de prudence et nous sommes moins tenu de nous contrôler. 

Les disparitions et reformulations nous donnent, disons-le, souvent raison d’avoir fait du stock.  En ce moment, c’est dans la partie chypre fruité de mon stock que je pioche parce que ça va bien avec la saison et mon goût de l‘instant. Oui, je sais, c’est officiellement encore l’été et il y a des jours de chaleur et de ciel bleu, mais rien n’y fait : trop de pluie, de froid et de lumière grise m’ont psychologiquement fait passer en automne. De toute façon, on n'a vraiment jamais tort quand on porte un chypre, c'est la famille qui fait qu'on se sent sûr de soi donc à moi la peau de pêche, les charmes de Mitsouko, Femme et Y. C’est absolument merveilleux et je me régale. 


En reconnaissant que le premier parfum d’Yves Sant Laurent est peut-être un peu plus hivernal qu’automnal avec sa belle luminosité froide et son équilibre parfait entre le décolleté plongeant du chypre fruité et les notes vertes toutes en retenue qui en font probablement l’un des parfums les plus élégants du monde. Moins orné que Femme et Mitsouko, il n'est pas pour autant plus facile à porter, au contraire. (Injustement sous-estimé, il devient difficile à trouver; peut-être est-il temps de penser à stocker?)

Notez que, en soirée, en mode fille facile, j’ai un peu ressorti le Ella d’Arquiste, plus estival, qui rappelle un peu le premier parfum de Loris Azzaro, Diorella ou le Cristalle de Chanel, grosse vibe rétro, mais en version tournage de porno gay au bord d’une piscine à LA dans les années ’70. Sans complexe, torride et fun avec ce qu'il  faut de nonchalance.(Il n’y a pas que l’élégance dans la vie contrairement à ce que disent les services marketing pour essayer de nous vendre des choses pas du tout élégantes.)

Et, quand même, j’ai fini un flacon. Ça, c’est de l’exploit. Je vous avoue que j’ai dû me forcer un peu à porter cette Eau de Rochas que je trouve pourtant fort jolie. Je la préfère dans le froid. Mais il faisait beau et je me suis dit qu’être premier degré me finirait un flacon ce qui n’arrive pas si souvent : je me suis donc un peu forcé. NB : ne pas en racheter, je suis plus Ô de Lancôme sur moi, c’est sur les autres que j’adore l’eau de Rochas.


Je crois qu'il est temps que je me taise, je suis vraiment trop bavard pour quelqu'un qui prétend se taire. (Vous saviez déjà.)

Thé : zéphyr mandchou, un jasmin, très fin, qui vient de chez Honoris Causa, pour ne pas changer. 

Commentaires

  1. J'ai aussi une PAL qui déborde et je me laisse trop facilement tenter, comme par ce roman japonais dont tu parles... J'aime aussi terminer un produit, mais je suis tellement économe en utilisation que ça met du temps - je me force pourtant à utiliser plus, mais je n'y arrive pas vraiment.

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    1. Ah, moi, j'ai naturellement la main lourde et je dois (parfois) me retenir...

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  2. J'aime beaucoup venir ici car je me sens moins seule : moins de 5 livres en réserve et je fais une crise d'angoisse, j'adore ce moment où l'on ouvre une nouvelle crème, un nouveau flacon, je me réveille la nuit pour aller respirer du parfum. Bref, la vie, la vraie. Et merci d'être là !

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    1. Surtout qu'il y a ces moment où RIEN ne fait envie dans les librairies. Et je ne parle même pas de confinements pour pas nous porter la poisse mais quand même!

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  3. Bonjour, j'adore aussi finir des produits et en entamer des nouveaux, tellement fan que je fais des listes de mes produits (ouverts et en réserve) et y met la date probable de fin. Je suis alors tout excitée quand approche la date prévue de fin et déçue lorsque celle-ci ne correspond pas à la réalité. Je sais, j'ai un problème mais je l'assume :-D Belle fin de journée ensoleillée à Bruxelles !

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    1. Un problème? Mais non pas DU TOUT! En ravanche, j'ai de vrais soucis avec les listes, je les perds, les oublie, ne les tiens pas à jour... Bref, j'ai renoncé mais j'admire les gens qui savent s'y tenir. (Je pourrais noter sur le flacon, mais j'aurais l'impression de salir ou abimer, au minimum manquer de respect - et j'assume aussi!)

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  4. Ah ! La PAL, et il existe même la PAL de LQLEMT (Livres Qu'on Lit En Même Temps): j ne sais pourquoi mais lire plusieurs livres à la fois me rassure, ça me donne cette sensation d'ubiquité dans des univers tous très différents, c'est un bonheur. Et un bonheur coupable de ne leur accorder qu'un peu de temps à tous, comme les parfums en somme. Ô Dominique, vos photos sont toujours une merveille, et ce Mitsouko, ce Mitsoukooooooo, de l'écrire je le sens déjà. Avec la canicule ici en France et dans le sud, c'est compliqué d'être rafiné quand on prend 4 douches par jour, alors je m'amuse avec Montana et son parfum de peau qui disons-le, avec les 40° à l'ombre, donne envie aux passants de composer le 18 pour éteindre le feu de leurs narines !!! Idem pour Loulou de Cacharel et son odeur de nylon chaud, très sièges de voiture sur un parking.
    Être excessif ? Moi ? Ha ha ha je ris de me voir si beeeeeelle en ce miroir (pour la réf, c'est la Castafiore).

    _fabien_

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    1. Impossible de faire des piles de livres lus en même temps pour moi: je les laisse généralement en attente (non, pas traîner!) dans plusieurs endroits parce qu'il y a le livre de chevet, celui du salon ou je peux me concentrer, celui dans le sac pour lire dans les transports...
      J'adore le premier Montana, il était tellement '80, tellement trop que c'était merveilleusement ce qu'on voulait et attendait. Parce que, non, la subtilité et le raffinement, ce n'est pas la seule option et pas toujours la meilleure. (Je suis en Ma Griffe et c'est un autre genre, mais diablement peu discret aussi...)

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  5. Je suis tombé par hasard sur une ancienne publicité pour "Monsieur Net" de Jean Patou (1956) et par ces chaleurs suffocantes (en tous les cas chez moi) je dois dire que le nom de ce parfum m'interpelle et que j'aimerais replonger dans le passé pour sentir cet hespéridé (d'après Fragrantica) que je n'ai pas connu et qui a l'air d'avoir cessé d'être produit dans les années 1970. Sur la publicité la ligne comprend, en plus de l'eau de cologne, un pré-electric shave (c'était la mode), une eau de visage after shave, un lait de toilette after shave (aujourd'hui on appelle ça un baume), une lotion pour les cheveux, un savon et un talc. Mais étonnamment pas de déodorant. A part les pré et after shave qui ne m'intéressent pas, ça devait être génial ces lignes parfumées complètes...

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    1. Oui mais... Souvent les lignes parfumées sont vraiment misérable pour ce qui est du soin avec de l'hydratation promise mais pas obtenue et des formules souvent pas assez riche. C'est surtout une autre façon de se parfumer qu'il faudrait appliquer... par-dessus le soin. Et je ne suis vraiment pas assez motivé pour ça.

      Mais qu'est-ce que c'était beau et qu'est-ce qu'on sentait le luxe, ça OUI!

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  6. Bonjour, est-il encore possible de trouver Y dans sa version originale ? C’est un des plus beaux parfums que j’ai senti.

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    1. Il est encore trouvable sur eBay, pas dans la catégorie bonnes affaires, mais pas abominablement trop cher comme un vieux Guerlain on plus, sinon la version actuelle n'a pas trop mauvaise presse, certains la trouve très satisfaisante. (Mais je ne m'engage pas, ne la connaissant pas... Je ne saurais que recommandé de tester.)

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  7. Cher Dau, tu souffres d'abibliophobie (la peur de manquer de lecture), phobie que je partage amplement puisque je possède 6234 ebooks sur ma liseuse, c'est plus que je ne peux en lire, mais je continue de télécharger allégrement (oui je pirate -quelle horreur!- mais j'achète aussi des livres papier en parallèle, mon bureau est tapissé de bibliothèques, quelle goinfrerie, je me fais peur!). Je partage également avec toi la passion des parfums en général et des parfums Oriza en particulier, ainsi ce matin je me suis vaporisée d'Empire des Indes, hier c'était "Marions-nous"... et demain?
    J'aime bien venir flâner sur ton blog, c'est un moment cocooning... Amitiés de Baladine

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    1. Je n'envisage pas de me soigner, j'aime bien mes stocks. J'ai encore un peu acheté d'ailleurs... Et puis sinon, on ferait comment en cas de coup dur si on n'avait plus RIEN à lire. (Pareil pour les parfums, d'ailleurs!) Je vote pour le cocooning, surtout en ce moment. Merci ;)

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