poudré

 

oscar, oscar de la renta

Dans le genre « ok il fait chaud mais les eaux chyprées m’ennuient » si vous n’osez pas la volupté des fleurs ou carrément du gros ambré parce que vous avez peur de passer pour la traînée du quartier (seuls les perfumistas sachant que sous leurs airs glacés c’est en Calèche que madame trompe monsieur avec le chauffeur et en N°19 qu’on fait les meilleures séances BDSM), il y a la possibilité d’oser à peu près tout avec un sillage modéré avec les produits corps et l’excuse parfaite de la vague de chaleur et de la moiteur pour tenter la poudre. Y avez-vous jamais pensé? Avez-vous jamais essayé cette façon de sentir beau?

Je reconnais que c’est totalement raciste parce que à moins d’avoir la peau blanche, le talc, ce n’est pas vraiment joli. Mais déjà que c’est compliqué de trouver des poudres corps, demander de la diversité revient à se faire d’énormes illusions qui auront pour seul résultat la suppression des poudres déjà existante parce que, avec les laits, il n’y a pas de problème alors on ne va pas s’embêter plus longtemps.

(Si les marques pouvaient considérer la diversité pour leurs réclames, on serait déjà contents. L’Oréal fait un peu d’effort chez Yves Saint Laurent, aussi bien pour black opium que pour Y pour homme…)

shalimar, guelain

Ça ne se fait plus beaucoup et c’est bien dommage. Celles qui restent sont une survivance du passé donc on n’est pas dans l’absolue jeunesse et la modernité, mais qui s’en soucie ? Certainement pas moi. Notez que même parfumée au nougat ou aux bois ambrés, une poudre, ça fera toujours plus petit marquis versaillais que minette pop. Réfléchissez bien et demandez vous ce que vous êtes dans votre tête. Moi, je n’ai pas besoin de réfléchir, je connais la réponse avant d’arriver à la fin de la question : je ne suis pas une minette pop. Personne n’avait de doute, je crois. Même si je peux être une midinette sentimentale, avoue le blogueur en vaporisant un peu d’Anaïs-Anaïs pour aller regarder King’s land sur Netflix.


Bien sûr, les parfums poudrés se prêtent mieux à l’exercice de la poudre (l’eussiez-vous cru ?) qui permet en un geste désuet mais terriblement raffiné un plan fixe sur ce qui est peut-être l’un de vos moments préférés du parfum.  


Shalimar, sans surprise, est une jolie réussite, plus poudré, plus sec. Le parfum semble arrêté sur le cœur irisé poudré, floral et soyeux, vanillé mais à peine, plutôt benjoin boisé. Il sonne plus androgyne selon les repères traditionnels masculins/féminins de la parfumerie et ça lui va bien, en le rendant plus mystérieux sans l’assombrir, le rendre plus « fatal » au contraire il est même plus rassurant.

Moins connu, Oscar de la Renta, appelé Oscar aujourd’hui, exprime un bouquet floral épicé très œillet, sur un santal crémeux musqué-vanillé, très poudré, bien sûr. Il tient un peu de l’heure bleue sans les notes un peu grasses qui peuvent dater le Guerlain, du Balahé de Léonard pour ceux qui s’en souviennent et de l’œillet LouisXV d’Oriza Legrand. Vous pensez bien que j’étais obligé de l’aimer, surtout en version poudre.


Un peu moins transparent, aérien, qu’en eau de toilette, il se fait un peu plus sensuel, d’autant plus que la discrétion, relative, de la version poudre par rapport aux versions alcoolisées, invite au rapprochement pour mieux sentir cette odeur si délicieuse. Si c’est le plus féminin des deux, en poudre, il ne choquera pas les plus farouches partisans de la distinction des sexes en parfums puisqu’il en reste. (Ce qui m’étonne toujours un peu, je l’avoue.)

 

Assez facile à trouver sur internet, c’est l’un des parfums que je recommande aux amateurs de classiques qui aiment les variations sur des airs connus et la pointe de mystère des parfums un peu oubliés. Oublié, même s’il n’a jamais vraiment connu la gloire de ce côté de l’Atlantique qui a trop longtemps considéré qu’un bon parfum devait nécessairement venir de Paris.


NB : Est-ce que j’ai déjà essayé de me poudrer la perruque avec ces deux-là ? non, mais maintenant que vous m’y faites penser…

 

Commentaires

  1. A mon âge on a connu les parfums qui avaient quasiment tous un talc dans leur ligne. Aussi bien les masculins que les féminins. Je me souviens très bien de celui de "Pour Monsieur" de Chanel que j'adorais utiliser l'été après la douche quand il faisait très chaud (à l'époque l'eau de toilette était une merveille qui a été massacrée depuis). Et comme l'IFRA n'avait pas encore sévi, se laver avec le savon d'un parfum puis utiliser le talc de la ligne équivalait quasiment à s'asperger d'eau de toilette de nos jours.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'était le bon temps... Les lignes corps étaient vraiment luxueuses. Je dirais que, dans mon souvenir, ça s'est terminé à la fin des années '80 à peu près en même temps que la fin du flacon remplacé par le vapo systématique et la mort de l'extrait qui n'est plus vraiment une nécessité de nos jours. Ce qu'on appelle "parfum" n'étant souvent qu'une eau de parfum. une fois de plus, c'était mieux avant. (C'est souvent le cas quand on cause parfum, la démocratisation étant un peu devenue du nivellement par le bas, mais je dois être un vieux ronchon.)

      Supprimer
    2. Et la "niche" ne remplace pas vraiment ce qui a été supprimé à la fin des années 80 malgré la pléthore de marques. Quasiment aucune (voire aucune) ne propose de talc, de déodorant, de lait pour le corps. Ah si, j'oubliais Hermès (mais qui n'est pas une marque de "niche") qui a encore plusieurs produits pour le corps dans sa ligne "Eau d'orange verte".

      Supprimer
    3. Oui, mais le baume, même s'il est très bien chez Hermès d'un point de vu cosmétique, ça m'embête parce que la durée de conservation est réduite et que j'aime changer de parfum... C'est un truc de fidèle, ça! Moi, je suis un infidèle. La poudre à l'avantage de de garder indéfiniment sans risque. donc je peux m'en servir trois fois par an pendant 10 ans...

      Supprimer
  2. Il fait chaud ici, mais Scherrer 2 dans la nuque fait de moi une provinciale pleine d'ambitions qui toise les autres de la tête aux pieds. Je m'entête à me foutre de tout, mais pourvu qu'elles soient douces ;)
    ~Fabien~

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les mauvaises langues ont eau dire: les épaulettes années '80 c'était quand même bien pour donner de l'allure. Un lancement pouvait décevoir mais il y avait fort peu de laideur en dépit d'une tendance au gigantisme qui était fort plaisante à mes yeux. Que cette époque me manque...

      Supprimer
    2. ....et c'est surtout que ces parfums évoquent un imaginaire que nous aimons.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire