résurrection

 


« Je ne me sens pas encore trop solide à présent, mais la période de fièvre et de grand désespoir m’a l’air passée »

Colette, Claudine à l’école, 1901.

 

Claudine à Paris, en 2022, c’est Dominique à Bruxelles. Comme l’héroïne de Colette, j’ai traversé les affres de la maladie et m’en remets fort lentement. (traduction, j’ai passé un week-end horrible mais je vous épargne le bulletin de santé détaillé.) J’ai fort peu vécu et fort mal vécu. Pour être positif, je peux dire que j’ai perdu du poids et que ma silhouette se rapproche de la silhouette idéale inventée par la mode. Moralité : la mode promeut des silhouettes maladives, ce que nous savions déjà. L’occasion de redire du bien de (ce snob qui refusait le prêt-à-porter de) Cristobal Balenciaga qui dans ses collections présentait des modèles élégants et confortables pour toutes les morphologies. Bien sûr, c’est beaucoup plus facile de faire des vêtements beaux (plus ou moins) et de dire aux gens que c’est à eux de fournir des efforts pour rentrer dedans mais pourquoi devrions-nous nous sentir tenu d’accepter de flatter le vêtement plutôt que le contraire ? Nous payons les fournisseurs, c’est bien assez. Pourquoi pas porter des logos pour leur faire de la publicité gratuite en prime ?

 

Esthétiquement, c’était une véritable débâcle. Maladie plus sécheresse météorologique m’ont complètement déshydraté, j’avais la peau qui tirait et la sensation d’être la momie de Ramsès II. (Et non Joan Collins dans Dynasty saison 3 -la plus belle, celle aux tenues de veuves avec moult voilettes- et la peau tirée par un lifting très réussi.) J’avoue que je n’avais aucun courage pour des routines élaborées, des essais compliqués, je m’en suis donc tenu à la bonne vieille méthode éprouvée des superpositions. Juste de l’hydratation, mais en plusieurs couches de brumes, toners, sérums et essences sous le sleeping mask, ce qui m’a parmi de ressembler à quelque chose. (Juste un être humain, mais venant de la momie de Ramsès II, c’est déjà bien.) La superposition, c’est vraiment le meilleur conseil qu’on puisse donner pour hydrater et sur-hydrater, mais vous pouvez faire bien plus simple que moi en superposant simplement plusieurs couches du même toner, l’idée est juste que plusieurs couches légères valent mieux qu’une couche épaisse. Je change les textures et les produits uniquement parce que j’ai du stock, du choix et que ça m’amuse.

 

En parlant de test cosmétique, autant mentionner ici la intensive ceramide lotion de Pyunkang Yul qui n’est pas pour moi. Le soin est classique, avec de solides ingrédients hydratants et réparateurs pour la peau, mais il n’est pas très nourrissant. (J’ai la peau du corps plus sèche que celle du visage.) Mais avec sa texture agréable, légère, qui pénètre vite, il m’a suffi pendant qu’il faisait très chaud. En fait, il comble un (presque) vide : celui de l’absence de soin pour peaux sensibles et normales à grasses. 

C’est assez typique de la cosmétique européenne de considérer qu’une peau sensible est forcément sèche et de nourrir… Ce n’est pas toujours le cas. Quand j’étais jeune, c’était encore pire et je pouvais dire la même chose de l’anti-âge qui considérait systématiquement que vieillir était se dessécher et qu’il fallait nourrir. Ici, nous tenons un bon soin hydratant, apaisant, réparateur, mais pas riche, trop gras. On est sur le même registre que chez Cerave, celui d’un lait médical, non parfumé, fonctionnel et bien pensé mais un peu plus luxueux sans être cher pour autant. (Moins de 20€/500ml.) La texture est vraiment agréable, s’applique facilement, s’étire bien (pas la peine d’utiliser ce soin pour faire un massage, ça ne fonctionnera pas vraiment) ne laisse pas de film gras dans un joli packaging bleu. Je le redis, mais on passe de l’hôpital public Cerave à la clinique privé Pyunkang Yul et je préfère parce que j’ai quand même un peu des goûts de luxe. Recommandé, oui, mais pas pour les peaux sèches.

 

Le parfum n’a pas vraiment été à l’ordre du jour mais j’ai quand même fini par revenir à la vie après trois jours avec Météorites de Guerlain. Le parfum divise. Il y a ceux qui lui reprochent de ne pas sentir la poudre Guerlain, ce que je peux comprendre bien que je n’éprouve pas le besoin de passer toute la journée au fond d’un poudrier, dit-il juste avant de se précipiter pour écrire un article sur le poudré ultime-non, et ceux qui lui reprochent d’être un parfum calibré pour le marché asiatique. C’est vrai, on sent qu’il est fait pour séduire l’extrême orient ou la marque est plus connue pour son maquillage que pour ses parfums, que l’étiquette a tout pour séduire les japonais (et moi qui la trouve très jolie aussi) et que l’odeur est pensée pour d’autres goûts que le goût de la clientèle historique. Ce qui me dérange dans ce rejet, c’est le jugement de valeur qui condamne d’emblée un goût qui n’est pas le nôtre comme inférieur. Franchement, quand on entend dire en boutique ou ailleurs que « c’est fait pour le marché asiatique » c’est péjoratif, aucun doute. (Snob, peut-être raciste et totalement stérile. Parce que, oui, il y a des traditions à perpétuer mais il faut s’adapter, plaire et surtout s’inspirer et se renouveler pour durer at pour ne pas tourner en rond.)

 

Météorites, si on met son à priori de côté n’est pas un chef-d’œuvre mais un joli parfum facile et agréable à porter. Il sent bon le propre, le shampoing de luxe à la pomme, et une jolie violette poudrée, timide, discrète, toute en transparence et en légèreté ce qui est plutôt bienvenu. D’une part parce qu’on a aussi besoin de légèreté dans sa garde-robe (et dans sa vie ?), d’autre part parce que le sujet cosmétique, le propre poudré, quand il est aussi figuratif et central, s’accommode mal d’une forte présence qui transformerait la jeune fille fraîche en infirmière hygiéniste maniaque. Je préfère que mon parfum évoque le cheveu qui brille plutôt que les mains rougies et desséchées par l’abus de gel hydroalcoolique.

 

Sans prise de tête, c’est un parfum qui se révèle à l’usage. On le découvre agréable, facile à porter, avec son élégante simplicité sans prétention. Il crée une petite aura de vitalité joyeuse, souriante et sereine. Alors, oui, ce n’est pas une œuvre majeure, mais c’est bête de s’en priver parce qu’on le sous-estime ou qu’on a décider de bouder parce que Guerlain s’adressait à d’autres qu’à nous. Je vous rappelle que vous êtes peut-être le centre de votre monde mais que l’empire du milieu, c’est la Chine. (Je vous laisse le soin de choisir si je parle de la république ou de la république populaire, de toute façon, dans ma tête, c’est toujours un empire.)

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