le dix, balenciaga

 du bon usage du vintage

Il est admis que j’évolue dans des failles spatiotemporelles ou je me sens à la pointe de la modernité lorsque je porte un aldéhydé des sixties ou un chypre des années ’70. Un jour mondain 1935, le lendemain demi-mondaine 1913, même pour moi, certains vintages sont plus difficiles.


Précisons l’appellation vintage : le mot est parfois utilisé abusivement pour qualifier toute version d’un parfum crée il y a longtemps. Soyons entre puristes et admettons que vintage désigne une production plus ou moins ancienne, plus ou moins fidèle à l’original d’un parfum, qu’il soit ou non encore produit. Par exemple, je peux porter Shalimar ou un Shalimar vintage qui a été produit au début des années ’80. (Oui, préciser la période de production est important.) Notez que les reformulations rapides peuvent transformer en vintage un parfum acheté le mois passé…



J’adore le défunt Dix de Balenciaga. Je l’économise pour faire durer parce que c’est sublime. Surtout la version extrait que j’ai la chance de posséder (fin ’60) mais aussi les versions eau de toilette qui sont fort jolies tout en étant différentes. Moins d’iris, c’est une violette poudrée, aldéhydée sur fond de chypre dans un genre très classique pour Madame, rembourré et riche. Plus conventionnel, plus dadame que la couture de Balenciaga qui pratiquait l’épure.


Je l’économise, mais j’ai aussi et surtout du mal à porter le Dix en eau de toilette. Pas assez altier, plus riche qu’élégant, il me fait sentir vieux. Arthritique. Et c’est vraiment un truc que j’ai avec l’excès de richesse, les fonds un peu trop gras. En l’occurrence celui du Dix est mêlé à un fond de poudre compacte, je me sens un peu serré dans ma gaine, les rides marquées. Ce n’est pas forcément désagréable, quoi que cette crise d’arthrite, je m’en passerais volontiers, mais enfin, même sans courir après la jeunesse (en même temps courir quand on a de l’arthrite… vous voyez ou je veux en venir), c’est un peu rude quand bien même c’est une vieillesse très confortable et qui n’est pas sans charme.

Bref, l’antique, c’est parfois très compliqué, même pour moi. Jamais pour vous ? 


Le dix, Francis Fabron pour Balenciaga, 1947.



Commentaires

  1. Très beau parfum, mais je n'arrivais pas à le porter, allez savoir...
    Bonne fin de semaine, Gabrielle Dlr

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    1. Ah ben comme j'ai du mal aussi, je comprends, nous sommes, sinon sur la même longueur d'ondes, sur des fréquences voisines...

      bon début de semaine!

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