Il est comment le dernier Thilliez ?

Efficace. C’est un peu sans surprise avec l’auteur : on s’accroche, on veut savoir, on est surpris et jamais déçu. Tel le junkie, j’ai eu ma dose et c’était de la bonne. A force de lire l’auteur, j’avais saisi l’astuce (que j’avais déjà rencontrée sous d’autres plumes ou au cinéma ?) mais peu importe, le roman se lit avec plaisir, se dévore. Cerise sur le gâteau, il reprend, réarrange, réinterprète des romans déjà existant (le manuscrit inachevé) mais sans être une suite, en pouvant se lire de façon parfaitement indépendante, simplement, il donne de nouvelles perspectives (pas plus rassurantes.) J’adore le principe. (ça satisfait mon côté monomaniaque ?)

Si je devais faire un reproche, c’est le manque d’empathie suscitée par le roman, je ne me sens proche d’aucun des personnages. Plaindre les victimes, oui, mais elles manquent un peu d’épaisseur, restent des personnages de papier auxquels on ne s’attache pas vraiment. Pareil pour les enquêteurs dans le fond. Quant aux méchants… Ce sont de très bons vilains, mais j’avoue que je les oublie le roman refermé. Tant mieux, il y aurait de quoi faire de très mauvais rêve.

J’ai adoré ma lecture frissons dans la canicule de 2022. J’en ai lu plusieurs de l’auteur avant et je lirai probablement les suivants. (Sans pour autant aller embêter mon libraire toutes les semaines en lui demandant si le nouveau Thilliez est sorti.)

 

Labyrinthe, Franck Thilliez, 2022.

Et du coup, je porte quel parfum pour lire un thriller ?  

Alors, dans mon placard, le parfum parfait, ce serait mon parfum chéri de feue la maison Annick Goutal (devenue infréquentable depuis le rachat par Amorepacific) qui n’est aujourd’hui plus au catalogue parce que… C’était l’un des parfums les plus culottés et radicaux qui soit, une bombe olfactive qui faisait des dégâts. L’iris lui conférait une élégance froide dans l’un des plus beaux, des plus riches sillages qui furent, digne des années ’40 avec un trait d’alcool de prune et, surtout, c’est là qu’on entre dans le thriller, le patchouli le plus fascinant que j’ai jamais senti qui sentait la racine, le terreux, le sombre avec des facettes humides, poussiéreuses, moisies qui évoquait la cave, la tombe fraichement ouverte pour l’exhumation du cadavre. C’était un parfum improbable chez Annick Goutal, dans la parfumerie en général, mais qui fonctionnait parfaitement. Certes, il était difficile à porter tant il sentait la vamp originelle, dangereuse, malfaisante, capable de mener tous les hommes à leur perte d’un battement de faux cils… Mais c’était merveilleux. Séduisant, addictif et angoissant à la fois.