mauvais genre

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, Albertine disparue, 1925.

J’aime bien les orientaux en été. La chaleur qui les écrase les rend en fait plus sociables. Et il suffit d’un peu de parcimonie, de quelques gouttes au creux des reins par exemple, pour leur faire donner le meilleur d’eux-mêmes. Si vous n’êtes pas adeptes de la cologne, c’est assurément plus plaisant qu’une fausse fraîcheur entretenue par d’horribles bois ambrés. L’année passée,

Destiné à parfumer les cigarette, Habanita est un mélange ambigu de fleurs sans douceur (le géranium est très présent au départ), de vanille poudrée, de cuir, de tabac et de benjoin fumé. C’est sombre, androgyne et tapageur. L’eau de toilette rééditée est fidèle à l’Habanita de toujours. (

Je n’ai jamais compris pourquoi on parlait si peu de lui. Ou plutôt si : c’est parce que les gens sont snobs. Et cons. Habanita est d’un excellant rapport qualité prix. Ce n’est pas un parfum de niche bêtement luxueux parce qu’il est cher. C’est bien meilleur qu’un tabac par Tom Ford, et curieusement pas plus démodé, mais c’est plus facile d’afficher une étiquette de prix qu’un goût exigeant pour les gens bêtes. Heureusement, il reste un fan club d’Habanita en eau de toilette, qui s’entête, n’en démord pas, parce que les vrais savent. C’est le genre de club privé un peu décadent que j’adore. Un club où l’on fume, où l’on boit, où l’on écoute du jazz en se fichant de ses vêtements parce que les robes charleston sont faites pour être relevées et les pantalons pour tomber… Mauvais genre, on vous dit !

Habanita, Molinard, 1921.


Commentaires

  1. Le billet qui fait remonter un souvenir enseveli (M. Proust serait sûrement content): je l'ai porté quand j'étais étudiante, cadeau de l'amoureux d'alors. Mais ça alors... je le portais sur la nuque, à la frontière de mes cheveux qui étaient longs alors et souvent en chignon.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh, que cet amoureux avait du goût! Et même pas peur d'une femme de caractère vu le parfum...

      Supprimer
  2. Bonjour Dominique. Je crois qu'il fait parti de mes parfums préférés. Jamais je ne m'en lasse. Si on peut zapper l'edp, l'EDT et la Cologne font mon bonheur.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Indémodable. Et c'est toujours un choc quand on le redécouvre après l'avoir un peu délaissé, je trouve! On est d'accord pour l'edp, on peut passer. (Même si elle est plutôt jolie. Pour quequ'un qui n'a jamais porté Habanita et n'oserait pas y aller directement?)

      Supprimer

Enregistrer un commentaire