au soleil

"Toute la journée au bord de la mer, en plein soleil, par les grandes chaleurs…"

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.

Sun de Jil Sander est un hénaurme succès en Germanie. C’est assez difficile de s’en rendre compte de ce coté du Rhin, mais enfin, c’est peut-être un peu plus facile à Bruxelles où on est au cœur de l’Europe mais où on ne se prend pas pour le centre du monde. (Tacler les parisiens, ça, c’est fait.) Mais, franchement, je vous conseille d'aller le sentir. Dans le genre parfum qui sent bon l'été et les vacances, il est assez unique, signé, relativement original hors d'Allemagne et même pas cher... Que demander de plus? Petite précision: c’est typiquement le parfum pour lequel énumérer une liste de notes serait une erreurs, fiez-vous plutôt aux impressions générales, à l'ambiance.

Sun sent la plage. L’exploit, c’est que le parfum réussit à évoquer le bord de mer en été sans notes marines et sans accord monoï-coco. Lancé par quelques agrumes et fruits, on a un vaste bouquet de fleurs blanches qui se situe quelque part entre la crème (solaire) de luxe et le savon. Le fond est très benjoin-vanille. Curieusement, c’est assez peu exotique. L’ambiance n’est pas tahitienne pour deux sous. On n’est pas non plus au bord de la manche, plutôt du côté de la Méditerranée dans un resort de luxe.

Imaginez-vous à la plage, alanguie sur une serviette blanche, à l’ombre, avec le dernier Point de vue à feuilleter, des fruits à grignoter et un cocktail à siroter. Le ciel est bleu, la brise caresse vos cheveux, votre peau est bien hydratée, elle sent bon la crème de luxe et le maître-nageur tout bronzé* est prêt à tout pour attirer votre attention de bourgeoise soyeuse.

Elle est pas belle la vie en Sun ?

Sun, Pierre Bourdon pour Jil Sander, 1989.

* C'est mauvais pour lui, mais ça, on s'en fiche, on ne compte pas le ramener à la maison à la fin des vacances.