l'élégance signée Chanel

“Certes, une femme élégante, Albertine peu à peu en devenait une.”

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, la prisonnière, 1923.

En sentant Allure, on sait qu’il vient de chez le bon faiseur et qu’il est tout en élégance. Habillement construit, Allure est facetté et permet à chacun de l’appréhender différemment Allure. Personnellement, j’y rentre par la voie habituelle de chanel, du floral abstrait, relevé d’une petite pointe fraîche avant de remarquer des muscs, un fond ambré vanillé. C’est très bien fait, un peu cosmétique chic, à la fois bien présent sans être entêtant et tenace sans être collant. 

C’est un parfum d’une grande élégance. Tout tombe juste, il n’y a rien à ajouter, rien à retirer. Si Chanel s’encombrait de références à Paul Morand et Diana Vreeland au moment de la sortie du parfum, il me semble surtout qu’Allure est marketé pour plaire à tout le monde et rentrer dans les code du chic Chanel. Et sincèrement, ça le fait. Facile à porter, il est à sa place partout et toujours. 

Pourtant, je n’ai jamais vraiment aimé Allure. Dès sa sortie, je l’ai boudé et je continue à le bouder, tout en admirant ses qualités. Simplement, j’ai l’impression d’un parfum qui vise l’élégance pour l’élégance et n’a pas d’autre discours et finit par évoquer l’une de ces femmes constamment occupées de leur allure, cherchant leur reflet dans chaque miroir, et vous remettant à votre place pendant l’amour en vous assénant un « attention, tu vas me décoiffer ! » On réalise soudain qu’elle n’a aucune personnalité et qu’on préfère aller au lit seul avec un bon livre.

Il n’empêche que, bien fait et relativement innovant, il reste une piste intéressante à explorer d’un point de vue purement technique, très Chanel, très grande maison de luxe française, un peu stérile et sans âme.

Allure, Jacques Polge pour Chanel, 1996.