un lit à une place

"Décidément, il valait mieux ne pas risquer…"

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.

La Maison Martin Margiela prétend recrée avec Lazy Sunday Mornig une ambiance de paresse dans de beaux draps. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas Kouros qui évoquait un jeune homme sous la douche et les draps salis par l’amour. Ici, tout est clean et net, ça se passe à l’hôtel et ce n’est pas la suite nuptiale, tout est immaculé. 

Il y a des aldéhydes au départ. Qui évoque surtout le pressing, le fer à repasser. Une ambiance un peu synthétique, que je trouve personnellement très agréable. Le cœur est timidement floral assez abstrait, un peu muguet, posé sur un patchouli très propre, marié à des muscs blancs qui, miraculeusement, ne font pas «lessive.» C’est très étonnant de voir le parfum évoluer, être joli, alors qu’on s’attendrait à quelque chose de statique et d’ennuyeux à force d’être clean. On est loin de la volupté, mais je prends vraiment du plaisir à me baigner dans cette ambiance très lumineuse qui rappelle White Linen de Lauder en plus abstrait, en plus moderne, peut-être un peu plus cool mais tout aussi élégant dans le genre distant.

Le parfum est assez traître, on le croit peu présent, disparu, jusqu’à ce qu’une bouffée se manifeste, jusqu’à ce qu’on le sente sur une étoffe. Sans avoir du sillage (il est plutôt intime), il est perceptible, se laisse entrevoir sans s’imposer. Ce n’est pas le parfum auquel on penserait pour s’envelopper, pourtant, sa présence, un peu inhumaine, réconforte en offrant un espace serein. Un parfum qui n’a l’air de rien mais qui se révèle assez addictif… C'est un lit à une place, mais pour se reposer, quoi de mieux?

Paradoxalement, Lazy Sunday Morning est parfait pour le bureau.

Lazy Sunday Morning, Louise Turner pour Replica by Maison Martin Margiela, 2013

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