fidélités

"Elle était tellement née conjugale, que n’ayant su conserver un époux, qui était du reste une canaille, elle n’a jamais eu une liaison qu’elle n’ait pris aussi au sérieux que si c’était une union légitime, avec les mêmes susceptibilités, les mêmes colères, la même fidélité. Remarquez que ce sont quelquefois les plus sincères, il y a en somme plus d’amants que de maris inconsolables."

Marcel Proust à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1920.

Il faut que je vous avoue un truc : parfois, il m’arrive d’avoir de tentations et de céder à la fidélité. Parfois, je peux faire une fixation et m’adonner à un parfum, oui, rien qu’un, ou alors à une marque. J’essaye d’être fort, de résister, de prendre sur moi, mais j’ai des périodes comme ça, je n’y peux rien. Remarquez, je sais que ça passe, que ça se calme, je considère donc que ce n’est pas grave. N’empêche que le sentiment de culpabilité est là. Je m’en veux. Je m’en veux beaucoup de délaisser certains chéris qui ne le méritent pas.

En ce moment, je fais une fixette sur Guerlain. Je n’ai envie que de certains parfums qui viennent de cette maison pour cet automne. Parce que Mitsouko va si bien avec la saison, que le Vétiver est si joli quand il fait froid et que j’aime beaucoup le Dress Code Habit Rouge mais que ce n’est pas possible quand il fait beau. (Je ne parle même pas de l’Heure Bleue, je l’aime toute l’année…) Autant Goutal et Dior, enfin, les classiques de Dior uniquement, sont des maisons qui m’attirent au printemps, en été, autant là, j’ai moins envie. Mais je m’en veux terriblement de ne plus porter mon Heure Exquise ou mon Eau Sauvage. J’ai l’impression d’être une mère indigne qui abandonne son enfant sur le parvis d’une église.

Je sais que ça passera. Mais quand même… Et vous, ça vous fait ça aussi parfois ?