pourquoi ne pas aller en Turquie?

"Le miniaturiste acquiert ses lettres de noblesse en représentant des histoires toujours plus originales, qui nous ressemblent néanmoins."

Orhan Pamuk, mon nom est rouge, 1998. 

On parle beaucoup de la Turquie en ce moment : attentats, droits de l’homme, démocratie, etc. Alors que, avant,  on ne parlait que de plage, de soleil, et d’hôtel all inclusive. Et un peu d’Istanbul quand même. On en oublie qu’il y a des gens, une histoire, une culture… Alors, pourquoi ne pas aller y voir un peu en lisant Orhan Pamuk ? Stambouliote, il nous parle beaucoup de sa ville, nous raconte l’histoire de son pays à travers ses romans et ses personnages. Il y met la vie quotidienne et les grandes questions éternelles et universelles sur fond de temps qui passe. C’est infiniment délicat, nuancé, avec des allures de conte, plus que de saga. 

J'ai découvert l'auteur au début du siècle avec Mon nom est rouge, probablement acheté parce que le rouge est ma couleur préférée, je ne l’ai plus lâché depuis et il ne m’a jamais déçu. J'ai toujours été touché par ses romans, j'ai toujours été ému par ses personnages de papier, parfois symboliques, mais toujours profondément humains. Il y a une vraie délicatesse mais aucune facilité, aucune grosse ficelle. Les romans me parlent parce qu'ils sont justes, sans artifice, sans effet, sans coup de théâtre ou émotion surjouée. Orhan Pamuk ne s'autorise pas la facilité, il n'en a pas besoin, il a du talent. On l'oublie, mais parfois, il suffit de ça... Et quand l'histoire bascule dans le conte, on est bien en mal de dire quand on a quitté le réalisme. La métaphore est aussi une forme de pudeur, de délicatesse.

En ce moment, je découvre son premier roman Cevet Bey et ses fils qui nous raconte la vie du  premier commerçant musulman et de ses descendants de 1905 aux années ’80. C’est peut-être plus réaliste, un peu moins existentiel, que les romans de la suite, mais la poésie et la magie sont au rendez-vous. Le voyage littéraire est là, dépaysant, cultivé, passionnant. Parce qu’on ne va pas se raconter d’histoires, laissons Orhan Pamuk le faire, si je lis ce n’est pas pour me cultiver d’abord, c’est surtout pour le plaisir. 

Commentaires

  1. Bonsoir Dau !
    Voilà encore une chose que nous avons en commun ! J'ai découvert Orham Pamuk en 2003 avec Mon nom est rouge. Le rouge est aussi ma couleur préférée et comme j'ai choisi Garance comme prénom pour ma fille, j'y ai vu un signe et j'ai offert un exemplaire à plusieurs de mes proches, en guise de clin d'oeil. Garance a le sien bien sûr, pour plus tard, quand elle sera en âge de le lire. Je suis restée une fidèle, je me souviens d'être plongée dans la lecture de Neige, cinq minutes avant de rentrer dans la salle où se déroulaient les écrits d'un concours...
    Dans un genre complètement différent, j'ai beaucoup aimé aussi les aventures picaresques de Memed le Mince par Yachar Kemal.
    Bien à vous
    Cécile

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Cécile,

      Ah, Ah, décidément nous sommes fait pour nous entendre...
      Belle idée le cadeau à Garance. JE me demande juste quel est le bon âge. Ce n'est pas une lecture facile, la forme peut dérouter... Le genre de question que je ne me suis jamais posé, mais c'est à l'évidence un livre pour adulte, même si je pense qu'on peut être, assez jeunes, sensible à sa magie. (Et puis, rien n'empêche de le redécouvrir plus tard, d'ailleurs peut-être que je devrais le relire.)
      Je retiens Bachar Kemal qui m'a déjà tenté sans que je franchisse le pas. Maintenant, en pleine confiance, je le lirai.

      à bientôt,

      Dau

      Supprimer
  2. Oui la Turquie offre bien plus que des hôtels en bords de mer, et des soubresauts politiques à qui veut bien ouvrir les yeux, au delà d'une culture d'une richesse inouïe et de paysages grandioses, une histoire passionnante, mélées de mystères comme je les aimes...Ici le mysticisme fait bon ménage avec les hammams, et les vieux monsieurs se tiennent encore par la main dans la rue... Merci pour ce rappel! (Ah j'oubliais, je n'ai jamais mangé de meilleurs loukoums qu'en Turquie...) Alors oui, il faut lire et relire Orhan Pamuk (j'ai un faible pour le château blanc, mais je l'ai dejà dit quelquepart par-ci, par-là...) A bientôt.
    B.(Arcachon)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est con, quand même, comme on peut parfois réduire un pays à des clichés, même en allant sur place. Quoi qu'à mon avis, pas forcément humble, on ne devrait pas prétendre avoir visité un pays quand on en a vu qu'un bout de plage et un buffet d'hôtel. (Même si ce genre de vacances peut faire du bien quand on a besoin de repos, là n'est pas la question...)

      J'avoue quand même n'avoir jamais vu qu'Istanbul et ne pouvoir parler du pays en général. Mais avec Istanbul, c'est forcément l'amour.)
      à bientôt, (ailleurs? ;-)

      Dau

      Supprimer
  3. La Turquie du XXème siècle, je l'aime dans Corto Maltese, "la maison dorée de Samarkand" . Génialissime

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai jamais lu Corto Maltese. (Honte sur moi?) Bien que j'ai toujours été sensible à la beauté du dessin, je n'ai jamais franchi le cap de lire un livre... à essayer donc!

      Supprimer
  4. Bonjour Dau,
    connaissez-vous le parfum appelé "Mon nom est rouge", de Majda Bekkali ?
    J'ignore s'il est inspiré par le roman d'Orhan Pamuk, mais c'est une rose lumineuse mais dense et épicée, que j'affectionne particulièrement !

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire