printemps-été 1956

"La blancheur du plastron, d’une finesse de grésil et dont le frivole plissage avait des clochettes comme celles du muguet, s’étoilait des clairs reflets de la chambre, aigus eux-mêmes et finement nuancé comme des bouquets de fleurs qui auraient broché le linge."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1919.
diorissimo, Christian Dior

Diorissimo est souvent décrit comme un muguet, comme LE muguet, comme un muguet dans un décor de sous-bois. C’est assez juste bien sûr, mais ce n’est pas tout à fait cela pour moi. Bien sûr il évoque les clochettes dans le bois, mais pour moi, il est aussi très (très heureusement) marqué par son époque. Non, Diorissimo n’est pas juste une transposition de la nature dans un flacon. De même qu’un même sujet en peinture est traité différemment par Van Eyck, Poussin et Ingres, Diorissimo est un muguet traité par Roudnitska pour Christian Dior dans les années ’50.


De cette époque, il garde une incontestable féminité couture, une élégance posée, un charme aimable. Diorissimo est mis en scène, délicat comme une  femme fleur souriante, un objet raffiné et délicat sur un piédestal. La simplicité apparente du parfum complète parfaitement les postures un peu affectées des mannequins du couturier. Ce qui fait que Diorissimo est si réussi, c’est qu’il est lui aussi stylisé, travaillé. Et la plus belle réussite, c’est probablement que nous ne nous en apercevions pas du tout et que nous le trouvions si naturel. C’est cela qui en fait un grand classique qu’on trouverait indatable au premier abord. Tous les autres muguets doivent, il faut en convenir, lui céder la première place. Quelle chance qu’il soit encore en vente partout pour une somme finalement très raisonnable !

Diorissimo, Edmond Roudnitska pour Christian Dior, 1956.

NB : je parle de l’eau de toilette actuelle que je compare avec mes souvenirs de l’esprit de parfum, porté dans la deuxième moitié des années ‘80.


Commentaires

  1. Bonsoir Dau.
    Vous avez trouvé la phrase parfaite chez Marcel Proust qui illustre tout ce qu'évoque pour moi Diorissimo.
    Tout y est....

    BRAVO.

    Bon week end

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  2. Mon premier parfum, offert par mon Papa (je devais avoir une quizaine d'années) et qui m'a valu le surnom de "Petite Muguette" par mon premier "admirateur"...

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  3. Votre père avait un goût exquis, Ambre rouge! Je vous envie un peu, personne dans ma famille, hormis ma mère avant qu'elle le devienne (elle portait parcimonieusement l'extrait de Nuit de Longchamps de Lubin) ne s'intéressait vraiment aux fragrances, surtout pour une jeune fille.
    Et pour revenir au sujet, je suis d'accord avec vous Dau, Diorissimo est le résultat d'une grande maîtrise, très construit, moins figuratif qu'il n'y paraît au premier abord et faussement candide.

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    1. Bonjour Hermeline
      Oui, je reconnais que j'ai eu beaucoup de chance, mais surtout grâce à mon arrière grand-mère paternelle, totalement autodidacte, qui a éduqué en matière de goût ses enfants, petits-enfants et arrière petite-fille (en l'occurrence moi). C'était la femme d'un seul parfum, Mitsouko. C'est la raison pour laquelle Guerlain fait un peu partie de l'ADN de la famille. Ce qui n'a pas empêché mon père d'explorer les duty free (il voyageait énormément pour son travail) et de dénicher des pépites comme Diorissimo pour sa fille...

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    2. Bonjour,
      Je suis bien d'accord avec Hermeline, quelle chance!
      Si seulement on pouvait encore l'offrir aux jeunes filles... Je le trouve toujours aussi joli et aussi portable! Et il étonne encore dans le monde actuel par sa grâce ravissante. (Peu de parfums sont aussi charmants que lui à l'heure actuelle!)

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