coquetterie

“Quel était le fait du fard, de la teinture?”

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le temps retrouvé, 1927.

Un livre qui parle de beauté chez Marabout, mais qui en parle autrement. Partant du constat que la pression est mise sur nous (Le livre se concentre sur la femme hétérosexuelle, mais le raisonnement s’étend facilement) Maïa Mazaurette livre sa petite réflexion pas fondamentalement philosophique mais plutôt pratique pour résister aux dictats souvent contradictoire. Le ton, c’est celui de la bonne copine, il n’empêche que la réflexion n’est pas idiote ou dépourvue de sens, que du contraire. Mais on se détend, on se décrispe et on s’amuse en réfléchissant un peu. Si le constat n’est pas neuf : la position est intenable entre tant d’injonctions contradictoires, j’ai beaucoup aimé le discours qui vise avant tout à déculpabiliser.

Qui remet les choses à leur place ? Oui. Qui envoie des vérités pas toujours agréables à la figure ? Parfois aussi, mais toujours gentiment. (Tout passe mieux avec le sourire aux lèvres.) Loin de s’enfermer dans une logique, le livre propose des ouvertures et des choix, mais de vrais choix, où il est question de se faire plaisir et pas de décrocher la lune. Parce qu’on a le droit de sortir de chez soi pas coiffé, mais aussi celui de se peindre les ongles des pieds si ça nous amuse. Pragmatique, il évite les justifications faciles et foireuses, du genre de celles qu’on peut trouver sur les blogs parfois...) au profit d’une vraie liberté qu’on peut trouver parce que la beauté, quand ce n’est plus une obligation, quand ce n’est plus une discrimination, ça peut aussi être un plaisir… Même si fondamentalement, c’est injuste et que ça le restera. Mais accepter ça, c’est le début d’une libération. Et dans le fond, ce n’est pas si important. Ça aussi, il faut parfois le dire.

Une bonne lecture d’été, pour les coquettes. Ou les pas coquettes...

Belle toute crue, Maïa Mazurette, Marabout, 2016.

Commentaires

  1. C'est un encore un livre dont vous m'avez donné l'envie. ;))
    A bientôt!
    Sara

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  2. Un immense merci Dau, de m'avoir fait découvrir Maia Mazaurette !

    Déjà, son livre ne pouvait que m'interpeler. Avec un corps hors norme comme le mien, je suis particulièrement sensible au diktats de l'apparence. Ne serait-ce parce que ce qui est tendance au niveau de la mode ou de la beauté ne me convient généralement pas du tout. Il faut bien qu'il y ait des avantages à être comme on est, mes joues bien rebondies font que je n'ai pratiquement pas de rides, et souvent quand je dis mon age, je vois bien que les gens ne simulent pas lorsque leur mâchoire tombe et qu'ils me disent "mais tu fais 10 ans de moins !". Ça, c'est ma petite satisfaction personnelle.

    Est-ce pour cette raison que je me permets de ne pas teindre mes cheveux, de garder mes mèches blanches et d'avoir les cheveux très longs alors qu'il est de bon ton, pour une "femme de mon âge" d'avoir les cheveux mi-longs au maximum, mais surtout teints ? Là aussi, je me suis pris des réflexions, de la part de mon oncle, qui a une femme nettement plus jeune que lui, mince et les cheveux teints...

    Ce qui me permet de rebondir sur les chroniques et le blog de Maia. Surprise, j'ai vu qu'elle tenait le blog de sexactu du magazine GQ. Et là je me suis régalée à lire ses billets. Les mecs en prennent pour leur grade (pourquoi les femmes simulent, pourquoi les femmes seraient les seules à faire des efforts pour se rendre désirables (Maia utilise un terme plus cru), les hommes qui préfèrent les femmes plus jeunes ( et l'écart ne s'arrange pas au fur et à mesure que les hommes prennent de l'âge et du bide), et surtout, ce bon vieux cliché qui dit qu'une femme mince à plus de partenaires qu'une enrobée, ce qui se révèle complètement faux...

    J'avoue que j'ai beaucoup ri. Même si quelqu'un dénonce la dictature des apparences qui a perdu de vue la vraie signification de la beauté, il y a quand même beaucoup de boulot à faire pour changer la mentalité des gens. Personne ne m'enlèvera l'idée que si les gens se plient à des règles aussi absurdes et contradictoires, c'est qu'ils le veulent bien. Mais qu'ils ne jugent pas ceux qu'ils ne veulent pas s'y plier.
    En tout ces, dès mon retour de vacances, je m'offre le livre de Maia !

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  3. Bon après-midi Dau et Cécile,
    Cécile, je lis vos commentaires sur la beauté et j'ai vraiment l'impression de me regarder (ou presque) dans le miroir. J'ai moi aussi un corps hors norme avec une petite ceinture, une poitrine généreuse et des fesses énormes, comme vous je ne fais pas du tout mon âge et je fais très souvent "tomber des mâchoires" ;)).
    En ce qui concerne les vêtements j'achète directement des pantalons pour homme avec la ceinture haute (sinon je montrerais carrément la moitié des fesses) et je les porte chez le tailleur pour arranger la ceinture, je ne porte pas de jupes puisque je suis petite, je choisis plutôt des robes et des étoffes lourdes, qui tombent bien. Je ne porte jamais de vêtements amples puisque je considère que je n’ai rien à cacher.
    Mes cheveux sont longs, parfois je coupe bien-sûr, mais seulement de temps à autre et je ne les défrise pas alors que le coiffeur insiste, ma mère insiste, ma belle-mère insiste... enfin tout le monde insiste sauf mon mari et mon fils.
    Je ne porte ni la queue de cheval, ni le chignon, ni autres (sauf parfois des tresses au milieu de la chevelure): mes cheveux sont libres, frisés, abondants et longs. Je les lave, je mets le masque j’attends 20-30 minutes, je rince et je sèche avec une serviette, et c’est tout. En ce qui concerne la teinture, je dois avouer que je mets la couleur parce que la distribution des mèches grises sur ma chevelure n'est pas belle du tout (si j'avais des cheveux blancs joliment parsemés ou sous forme de touches je crois que je n'irais jamais chez le coiffeur).
    A très bientôt !
    Sara

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  4. Je voulais dire "touffes" au lieu de "touches", ;))

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  5. Bonjour a toutes les deux,

    Alors, le livre, j'ai adoré parce que OUI c'est drôle et parce que ça ne cache pas le fait qu'on est principalement victime parce qu'on est très consentant... Le vrai drame, elle le dit, c'est la discrimination par la beauté: pas de gros pour ce boulot, pas de cheveux blanc pour celui-là... Pour le reste, on peut très bien vivre sans. Personnellement, je reste convaincu qu'avoir 20 ans, une taille 36 et des traits symétrique, c'est beau, bien plus que la figure façon Picasso période cubiste, l'estomac qui se relâche (Oui, là, je parle de moi...) etc.

    Mais en même temps, je peux très bien vivre sans être beau. Ce n'est pas la seule qualité qui soit. Et les autres sont un peu plus démocratiques. (Parce que la gueule de Garbo ou le charisme de Brando, c'est beaucoup une question de gênes.) Avoir du l'allure, ça ne compte pas pour rien. Avoir du style non plus. Et j'avoue une fascination pour les "jolies laides" comme Diana Vreeland objectivement hideuse mais absolument magnifique avec son blush rouge à la truelle sur les oreilles façon kabuki. ça m'intéresse beaucoup plus que le visage de Garbo. (Que je peux cependant contempler durant des heures...) Et puis, peu importe à quoi je ressemble, ça ne va pas m'empêcher de vivre. (D'autant que je sens toujours très bon, ce qui n'est pas rien non plus!)

    à bientôt mes belles ;-)

    Dau

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