pomme preppy

« Aimez-vous les tartes aux pommes? »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922.

Le fruit a imposé sa mode qui soulève généralement le coeur par ses excès de sucre, coulis dans le meilleur des cas, usine de bonbons de pure synthèse plus souvent. On en oublierait la pêche de Mitsouko et la prune de Femme, rejetant tout en bloc et jetant le bébé avec l’eau du bain. Même dans les parfums actuels, il y a des choses fruitées tout à fait plaisante: la poire de Petite Chérie, quelques jolies figues, dont celle du Jardin en Méditerranée. Et puis il y a Be Delicious.

Pour Donna Karan, Maurice Roucel a fait une pomme. Une jolie pomme verte, un peu aquatique, qui se fait fleur.  Le rendu est joli, évitant l’acidité qui ferait un peu shampoing cheap, surtout pour ceux qui ont des souvenirs d’Yves Rocher et de son shampoing -culte- pour enfant, ou l’excès de sucre rappelant la compote. L’équilibre avec la fleur est une vraie réussite qui évoque quand même un peu trop à mon nez un adoucissant quelconque pour la lessive. Type printemps en Normandie. (Merci les muscs…)

Relativement original dans le flot des sorties mainstream, il continue à se démarquer plus de dix ans après son lancement tout en respectant les codes de son époque fruitée et propre. Je le trouve un peu ennuyeux, mais pour un public jeune, voire très jeune, un peu première communiante preppy, il échappe à la mièvrerie façon princesse Disney. Absolument charmant à la récré, il passera aussi très bien lors des premiers stages... À abandonner absolument à la première promotion!

Be Delicious, Maurice Roucel pour DKNY, 2004.

(NB: on ne n’empêchera pas d'être un peu vieux con et de trouver quand même plus de charme à Anaïs Anaïs, l'ancêtre des parfums jeunes filles en fleurs.)