pure et glacée

« C’était le printemps, un printemps pur et glacé. »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.

L’eau d’orange verte est un grand classique. Je l’ai beaucoup vue offrir comme premier parfum. Moins bourgeoise que Guerlain, plus élitiste que Roger et Gallet ou 4711. Plus moderne aussi. Presque plus radicale tant elle fait peu de compromis. Des agrumes, elle prend les facettes amères et glacées et les transi d’un peu de menthe avant de les étendre sur quelques fleurs, mais très peu, et un fond qui tire très discrètement vers le chypre, mousse et patchouli, plutôt que sur les douceurs de l’ambre.

C’est androgyne, de qualité, très chic. Mais surtout, c’est un plaisir fou. Lumineux comme un pâle soleil dans la lumière bleutée d’un jour glacé. Elle est incomparable pour se réveiller, se requinquer. Lorsque plus rien ne va, quand la chaleur nous accable, cette eau d’orange verte donne comme nulle autre la sensation de renaître dans une clarté radieuse, on en redeviendrait jeune et innocent. Elle fonctionne certainement mieux comme antiride que les sirops de glucose qu’on nous propose actuellement. La bonne nouvelle, c’est qu’elle est toujours là et toujours aussi appréciée. 

Petite mention spéciale pour la ligne parfumée qui l’accompagne : le gel douche (entre autres) est un pur moment de bonheur.

Eau d’Orange Verte, Françoise Caron pour Hermès, 1979.

Commentaires

  1. Bonjour Dau

    Ma Cologne préférée,
    (En flacon de 400 ml tant qu'il en existe encore dans ce format...sans vapo )
    Le gel douche est une réussite,
    le baume hydratant aussi.....

    Pourvu que personne ne la "reformule" ( Je croise les doigts....)




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  2. Bonjour,

    J'avoue, c'est aussi le format que je choisis. C'est plus économique (argument pseudo rationnel) et puis j'aime cette sensation généreuse du gros flacon en splash... Toute la ligne bain d'Hermès est une réussite. Petit plaisir quotidien, le savon pour les mains qui sent fort et bon et qui m'enchante à chaque fois. J'en inventerais des excuses pour aller me laver les mains encore une fois!

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  3. Bonsoir,
    Ma cologne préférée souvent car il y en a d'autres...
    en 400ml je n'ai jamais osé!

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    1. C'est impressionnant, mais beau... Et plus économique que le même volume en plusieurs flacons!

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  4. Bonsoir Dau (D'Eaux),

    Quel beau blog ! Un ton juste, et de splendides photos (guidé par Marcel Proust en habit Pléiade !). Je vous lis depuis peu, et franchis le pas avec cette merveilleuse série sur la cologne.

    J’ai plongé dans le parfum avec sycomore, de manière accidentelle. Et ce fut une évidence. Depuis, j’ai beaucoup senti, parfums de niche et grand public confondus ; mais sans retrouver la même émotion. Avoir un seul parfum semble être une chimère chez les perfumistas, mais peut-être n’en suis-je simplement pas un vrai. Parfois, j’aime beaucoup un parfum comme bel ami ou vétiver extraordinaire, mais ne me vois pas le porter. J’ai moins de flacons que de doigts sur une main, et je ne souhaite ni collectionner ni chiner.

    Mais, j’aime l’esprit cologne, sa fugacité autant que sa clarté. L’eau d'orange verte, sportive et joyeuse, m’a ouvert la voie. Le flacon est presque terminé que je regarde du côté de l’eau frappée, plus douce et lumineuse.

    Bravo, et au plaisir de vous lire !
    Aloxe

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    1. Ah point n'est besoin d'avoir beaucoup, mais changer est un plaisir et permet au nez de ne pas s'habituer, la grande douleur de la monogamie parfumée étant de ne plus sentir le parfum aimé...

      Venant d'un vétiver, et selon moi, l'un des plus beaux de l'offre actuelle, je ne porterais pas d'autres vétivers et je chercherais dans un autre registre, les colognes par exemple. C'est effectivement un esprit, un état d'esprit, un plaisir un peu à part dans ce que la parfumerie peut offrir. à la limite, ajouter des colognes, ce n'est même pas tromper son seul et unique parfum, juste lui offrir du repose, s'autoriser à mieux le retrouver, après une pause parfois rendue obligatoire par la météo par exemple. Fugacité, avec les muscs blancs, ce n'est plus toujours vrai...

      à bientôt et merci pour le compliment ;-)

      DAU

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  5. C'est tout à fait ça ! Avec la cologne, c'est n'être finalement qu'à demi-infidèle :) Comme vous le dites, ce registre est bien particulier, comme un aparté ou un silence musical.

    Quant aux muscs blancs, malheureusement, j'y suis hypersensible, avec une sensation rapidement âpre, presque agressive.

    Je vais partir à la découverte de La Manufacture et d'Institut Très bien !

    Très bonne journée,
    Aloxe

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  6. Hypersensible? C'est amusant (enfin, non, pas depuis qu'on en trouve partout) car c'est généralement un truc auquel beaucoup de gens sont anosmiques...

    Courage!

    Dominique

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