embarquement pour cologne

« Elle apporta des brosses, des peignes, de l’eau de cologne, un peignoir. »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le côté de Guermantes, 1921.

Avez-vous remarqué qu'on ne parle jamais de colognes dans les blogs? Ce n'est pas assez chic, pas assez pointu. À vrai dire, l'eau de cologne, c'est même un peu commun, voire franchement cheap. Après tout, tout le ondé à des souvenirs d'eau de cologne, celui d'un gros flacon posé sur le rebord de la baignoire, celui des lingettes rafraîchissantes au fond du sac à main maternel, d'une friction par bonne-maman...

C'est pour ça que j'ai envie d'en parler. Parce que c'est plein de souvenirs, d'émotions, que ça nous raconte quelque chose de notre histoire à tous. Parce que c'est un produit profondément jouissif aussi: peu concentré, peu cherté sans sillage, on peut la faire couler à profusion. C'est d'ailleurs l'un des rare parfum qui se vende encore en flacon, pour inviter à le faire couler le long des bras, pour en baigner sa nuque, en asperger son torse, en éclabousser sa chute de reins et s'en rafraîchir au plus des genoux. Comme elle n'a pas de tenue, on peut même recommencer encore et encore.

Au départ, c'est une véritable eau pour la toilette dont on abuse parce qu'on se méfie de l'eau. Elle aurait pris son envol en Italie et se serait posée au bord du Rhin. On oublie souvent que Cologne, Köln, est une ville. Une ville que j'aime bien. Elle n'est pas ttes jolie, la reconstruction après la seconde guerre mondiale n'est pas très heureuse, mais on s'y sent bien. Ses rues, à l'ombre de l'imposant Dom sont accueillantes, chaleureuses, très aimables. De là, l'eau aurait été ramenée par des militaires à la cour du Bien Aimé. Cette eau de Cologne allait si bien avec ce XVIIIème siècle qui rejetait les lourdeurs et les ombres classiques et s'aimait léger et lumineux. Elle se mariait si bien à la sobriété de l'anglomanie naissante. Et puis, Napoléon l'aimait tant... Tout cela ne la rend-il pas un peu plus chic, tout d'un coup?

Son secret, c'est sa simplicité, sa légèreté, sa transparence, sa vivacité, tout ce qui l'oppose à la richesse somptueuse, mais un peu lourde, de l'extrait. La formule est simple, traditionnelle, inchangée: Beaucoup d’alcool, des agrumes, des aromates pour beaucoup de fraîcheur et pour fixer, un peu de fleurs, quelques bois, épices, en toute discrétion.  ça n’a aucune tenue, mais c’est lumineux et joyeux!


J’aime les colognes, les classiques, les toutes simples, les jolies, les récentes… Alors, en janvier, je vais parler colognes, histoire de déserter un peu le boudoir, au profit de la salle de bain et du rebord de la baignoire, de respirer un air frais et vivifiant, même si l’hiver nous confine dans nos appartement. Vous embarquez avec moi?

Commentaires

  1. Mon cher Dau,
    Je vous suis dans votre voyage "Cologne", d'ailleurs je suis absolument fan des senteurs "Eau de Cologne" et bien des fois incapable de porter autre chose. A cause du climat sec à Madrid, c'est surtout en hiver, un hiver très froid et très sec que les eaux de Cologne sentent mieux. Le soleil impitoyable de l'été oblige les madrilènes à utiliser l’eau de Cologne après la douche plusieurs fois par jour, une habitude quasi médicale de la part, en général, des espagnols.
    A bientôt!
    Sara

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    1. Sara,
      Je savais que je pouvais compter sur vous quand il était question de colognes!
      Pour ce qui est du climat, elles sont à l'aise partout, mais c'est quand le temps est froid et sec que je les préfère aussi. Quoique, certaines, un peu plus capiteuse quand au fond, un peu plus baumé ou un peu plus fleur d'oranger soient particulièrement agréables en été quand il fait chaud. avec leur faibles concentrations, elles font mieux passer les notes plus lourde que les eaux de toilettes ou de parfum, je trouve.

      à bientôt

      Dominique

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  2. J'adore ces Colognes...
    ...Toutes...
    On en trouve partout, et sous tous les climats , elle réveille vivifie donne de l'élan , un coup de "peps"

    Quand je pars loin, je ne peux m'empêcher de chercher et trouver la Cologne préférée des autochtones.

    La plus populaire vendue souvent sur les marchés, pour les plus humbles , flacons très rustiques
    de fabrication locale peut s'avérer très intéressante niveau mélanges de bois et d'agrumes.

    Là 555 chère aux cairotes qui sent le "lemoun" ( minuscule citron doux et sucré) et le santal ...

    La 4711 que la Thai Airways offrait aux passagers,de 150 cl très prisée dans toute l' Asie du Sud Est.

    La "Garuda" un peu "rude" et assez mâle ( Genre voyage d'Hermés , plus âpre mais légere,
    aussitôt mise aussitôt partie...)

    La" Violet Water" de New York totalement fluo.

    La Souvenir d'une Cologne trouvée à Amsterdam à étiquette bleu-glacier "Boldoot Imperiale" hélas disparue il m'en reste un petit flacon, une des plus tenaces.

    L'eau de Nice inoubliable fleurie citronnée et musquée.

    Notre Roger et Gallet Extra vieille, qui fait fureur dans toutes les boutiques "chics" étrangères.

    L'Eagle brand vendue dans tout Java.
    Mentol et eucalyptus, ils la vendent aussi en huile- médicament quasi miraculeux."Obat Malaria''
    effet glaçon sur la peau.

    Santa Maria Novella de Firenze ( Là c'est du luxe ) mais on se laisse faire "pour une fois ou deux..."

    Alvarez Gomez Colonia Concentrada citronée et boisée après la douche (un clin d'oeil à Sara)

    L’Eau de la Reine d’Hongrie à Montpellier ( fleurs de romarin) encore vendue par Fragonard .

    Canoé de Dana que j'ai souvent vue chez mes grands parents.

    Sans oublier la Cologne ''Eau des Minimes "

    Confidence :(Chuuut ) J'ai fait les vitres au " Bien Etre - Eau de cologne naturelle" je ne sais pourquoi,
    ma main s'est égarée entre les produit vitres et les eaux de Colognes fraiches, c'est parfait, idem pour le carrelage .. ça m'a mise de bonne humeur( je n'aime pas faire les vitres) Alors tant qu'à sortir l'échelle double, pour une fois ....

    Bonne soirée à tous.



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    1. Touti,
      Mais quelle altlas, quel encyclopédie de la cologne!
      Que de souvenirs... Je parlerai de certaines citées, mais pas de toutes, je vous laisse la surprise. en sachant que j'ai une sélection courte, une dizaine, et assez classique. (Bah oui, c'est plus le ton du blog ;-) Et aussi l'envie d'explorer ces colognes en eau de parfum qui tentent de respecter l'esprit, les formules originales, mais en donnant un peu de tenue et de sillage. (Et qui y arrivent!)

      Le coup de vitres, je ne dis rien: il m'est arrivé de les faire au vinaigre de toilette à la violette Santa Maria Novella. Et, non, ce n'était pas du snobisme, juste le luxe de faire avec un peu de plaisir une corvée... Je n'aime pas faire les vitres non plus.

      à bientôt!

      Dau

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