à user sans modération

« Toutes ces fillettes avaient voulu profiter du soleil, car les journées de février, même quand elles sont si brillantes, ne durent pas tard, et la splendeur de leur lumière ne retarde pas la venue de son déclin. »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, la prisonnière, 1923.

Commençons donc par la Echt Köelnisch Wasser, la 4711, celle qu’on ne peut manquer lorsqu’on se balade dans Cologne, celle qui est partout, sur les affiches, les façades, à l’office du tourisme et dans les parfumeries. Elle est ancienne, elle a sa propre légende et se présente comme l’authentique. Ce n’est pas forcément vrai mais à quoi cela servirait-il d’épiloguer sans fin. Après tout, qui s’en soucie. Elle est une référence, elle est universellement connue et appréciée et fait son job de cologne depuis si longtemps qu’elle nous semble avoir toujours existé. Ne l'avons-nous pas tous connue, sur un rebord de baignoire, un lavabo, chez des grands-parents, une vieilles tante? N'avons-nous tous pas un souvenir de son étiquette baroque en turquoise et or qui contribue à son charme rétro et kitsch ?

Très citrique, extrêmement brillante, elle lance son accord de citron et de bergamote joyeusement, sans faire de chichis. On a à peine le temps de remarquer les aromates (romarin) qui la nuancent, les quelques notes fleuries (lavande et néroli) qui lui donnent du cœur. 4711 est toute entière un départ, le parfum d’un instant joyeux, semblable à un rayon de soleil entre deux nuages qui fait scintiller une rue détrempée par la pluie comme si elle était pavée de diamants de la plus belle eau. Certains lui reprochent d’être si fugace, mais tenter de maintenir sa fraîcheur lui ferait faire une grimace semblable à l’un de ces masques que les habitants de Cologne aiment à arborer au Carnaval en lieu et place de l'éclat de rire qu'elle nous offre. 4711 suit strictement les lois de la nature qui veulent que l'odeur fraîche des agrumes ne dure qu'un instant.


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Il faut savoir profiter de l’instant, en verser entre ses mains, les frotter et pencher son visage pour respirer, alors, on découvre vraiment cette cologne pour ce qu’elle est, un moment de fraîcheur intense, qui délasse, vide l’esprit, et fait se sentir bien. Il faut la traiter comme un remède contre la fatigue, les nausées, les coups de blues, à user sans modération.  Alors, on peut l’aimer sans réserve. La considérer comme un vrai parfum et attendre d’elle qu’elle nous fasse sentir bon, c’est un peu trop lui demander et c’est aussi se gâcher le plaisir.

Commentaires

  1. Mon cher Dau,
    4711 se vend assez bien en Espagne malgré les ventes massives d'Alvarez Gómez et surtout de Nenuco. Ces derniers temps j'ai vu et senti pas mal de gens qui commencent petit à petit à utiliser les eaux de cologne tout au long de l'année, et tous hésitants les emploient en hiver avec bien sûr des résultats excellents! ;))
    En ce moment il commence à faire froid et à pleuvoir (Dieu Merci!) ce qui fait que les eaux de Cologne sentent vraiment, vraiment bon.
    A bientôt!
    Sara

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  2. Je crois que chez nous elle se porte un peu mieux que sa grande rivale, l'Extra-vieille de Roger et Gallet qui se trouve un peu noyée parmi les autres eaux de la marque. Par contre, j'ai de gros doute quant aux tentative de rajeunissement de la marque 4711 par déclinaison ou ajout d'autre senteurs et variantes... Elle reste la référence cologne dans la tête des gens qui ne semblent pas vouloir s'intéresser aux autres bouteilles qui n'ont pas la traditionnelle étiquette à dorure...

    Ici, le froid arrive aussi et je ne m'en réjouis guère. Je m'en vais me remettre un peu de cologne (Celle d'Acqua di Parma aujourd'hui!) pour oublier tout ça!

    à bientôt

    Dau

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