ça ne va pas être possible #octobre2015

Marcel Proust, les plaisirs et les jours,  1896.
Se réveiller au cours d’une insomnie, comme d’habitude et découvrir sur les réseaux que le cauchemar s’est invité dans la vraie vie. Penser aux gens qu’on connaît à Paris, s’inquiéter, apprendre que tout le monde va bien et penser à ceux qui ne reçoivent pas de nouvelles, à ceux qui sont en deuil. 

Pas le courage d’écrire un billet. Pas le courage d’être futile et léger. Pas tout de suite.

Alors, il me reste les mots, pas les miens, pour dire le chagrin. Des mots beaux et poétiques. Des mots dans lesquels se réfugier pour continuer à avancer, de la même façon qu’avant. Être élégiaque et frivole, croire aux jolies choses, guetter les instants précieux. 

Se parfumer, geste dérisoire quand tout s’effondre, mais  laisser un beau sillage derrière nous, pour que la vie soit belle, que marcher dans les rues puisse encore être un enchantement. Regarder le ciel et espérer y voir les colombes de l’Air du Temps. 

Détails. Frivolités. Faire face avec élégance. Arborer un sourire malgré les larmes, malgré la peur. 


Commentaires

  1. Bonsoir Dau,
    Il est une heure du matin dans la nuit de lundi à mardi, mais je n'arrive pas à dormir. J'ai de la chance, pas un membre de ma famille ou de mes amis proches n'a été touché. Ce matin, en arrivant à mon travail, j'ai déchanté : on a appris le décès de 2 de nos collègues, et une amie et collègue s'est effondrée dans mes bras en larmes car un de ses copains est mort dans la fusillade du Bataclan. Je pense que mon mari et ma fille aurait pu être au stade de France, partager un moment père-fille à regarder un de ces matchs de foot qu'ils aiment tant, on aurait pu être à un concert de rock indépendant comme on les aime tant au Bataclan, mais ce soir là, ma fille et moi étions à la piscine et nous nous sommes tombées de sommeil en rentrant à la maison pour découvrir l'horreur le lendemain matin.
    Maintenant, il faut réapprendre à vivre, à sortir, à s'amuser, à assister à des manifestations culturelles, parce que ce sont devenus des actes de résistance. Je ne veux pas penser que l'on est entré en guerre parce que je pense à ma fille de 12 ans et que je ne veux pas qu'elle connaisse l'horreur aussi tôt.
    Nous étions plusieurs ce matin à avoir choisi de porter le deuil au bureau, à être habillés de noir. Par esprit de contradiction, j'avais choisi de porter Habit rouge...
    Une grosse bise comme on fait chez nous à Sara, merci pour son petit message qui m'est allé droit au cœur.
    Et Paris restera une très belle ville pleine de vie, d'esprit de liberté et de création grâce à ses habitants.
    Affectueusement à vous tous
    Cécile

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh, je suis content que tout aille bien pour toute la famille et en même temps désolé pour les collègues.

      Oui, c'est important de continuer à vivre, pas juste survivre. Pour nous et pour les autres. Porter le deuil, ça ne veut pas dire s'enfermer dans un tombeau et, si cruel que ça puisse paraître, ça ne dure pas éternellement. Heureusement d'ailleurs. Et ce n'est pas pour ça qu'on oublie. Et il y a les plus jeunes pour lesquels on ne peux pas construire un monde qui soit un sépulcre.

      Paris reste... Je ne sais pas. Mais ce que je peux vous dire, c'est que je me réjouis d'y aller en décembre. Quand j'ai eu des chagrins, Paris ne m'a jamais laissé tomber et m'a toujours consolé. Je ne la laisserai pas tomber non plus. Je suis comme Joséphine Baker, j'ai deux amours...

      Supprimer

Enregistrer un commentaire