jonquille forcée

"Faites-moi respirer du lointain de votre adolescence ces fleurs des printemps que j’ai traverser moi aussi."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.

ostara, Penhaligon's
Ostara évoque immanquablement le printemps. Il semble avoir voulu le mettre en flacon. Des brassée de jonquilles, cernée de vert, soutenues de jacinthes. Impossible de ne pas l’aimer, de ne pas en avoir envie. Le parfum est baigné d’une claire lumière d’or pâle, il est joyeux et frais, délicat. Malheureusement, il a fallu faire un choix et sa lumière se patine, se réchauffe. On quitte le printemps pour quelque chose de plus mur, on quitte les prairies, on rentre à l’intérieur, dans la chaleur de l’appartement, le parfum s’alourdit de cire d’abeille, de benjoin, de vanille…

Porté au printemps, il peut décevoir, on l’aurait aimé plus vert, plus frais et qu’importe qu’il se meurt tôt. Mais les clients en veulent pour leur argent, il faut leur donner de la tenue et, paradoxalement, Ostara devient un parfum d’automne-hiver, ces moments où nous souhaitons nous souvenir du printemps, chaudement enveloppés dans nos écharpes. Autant, je trouve qu’il peut être décevant porté au printemps, autant je pense qu’il peut faire merveille en bouquet dans le salon, fleurs de serre, fleurs forcées…

Un peu décevant quand même. Pas parce que le parfum n’est pas joli, mais parce qu’il n’est pas tout à fait ce qu’il promettait. Finalement, la classique jacinthe, Bluebell, de la même marque, plus austère avec ses notes terreuses, me semble une option printanière plus réussie.


Ostara, Bertrand Duchaufour pour Penhaligon’s, 2015.

Commentaires

  1. Je sous tout à fait d'accord avec toi : le départ est assez enthousiasmant, c'est jaune, charnu, on sent le suc qui coule de la tige épaisse coupée... et puis sur la fin ça s'alourdit, se baume, le soufflé retombe... tellement dommage.

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    1. La dictature de la tenue. Mais ça reste pas mal, c'est juste décevant par la façon dont on nous le vend. On nous aurait parlé d'un bouquet de jonquilles dans un douillet appartement victorien au cœur de l'hiver, la déception n'aurait peut-être pas lieu.

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  2. Et bien voilà, c'est tout à fait ça !
    Je l'ai beaucoup aimé au début et l'ai porté ce printemps, mais effectivement à la longue ce fond finissait par devenir pesant, hors saison, et ne s'accordait pas tant avec mes envies de verdure et de fraicheur. Merci d'avoir mis des mots sur mon ressenti, je vais tenter de le ressortir, pour voir ...

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    1. Bon, si on est plusieurs à le penser, au moins, on peut croire qu'on est pas à côté de la plaque. (Positivons.) Mais je pense vraiment qu'en l'envisageant autrement, on peut éviter celle déception et prendre du plaisir avec lui. Franchement, à tester par temps froid, je suis persuadé que ça lui ira mieux.

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