“Il avait eu plaisir, cette fois, à voir la pénombre de la pièce zébrée de rose, d’orange et de blanc par les rayons odorants de ces astres éphémères qui s’allument dans les jours gris.”
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, un amour de Swann 1913.
Giorgio, Beverly Hills |
Il faut bien que je confesse un amour certain pour Giorgio. Il a bien perdu de son aura depuis sa grande époque, lui qui était si exclusif, introuvable, il se retrouve régulièrement soldé et bradé, révélant toutes ses faiblesses, son côté un peu cheap. Voilà qui ne m’empêche pas de l’aimer, même si je sais que je ne devrais pas, que je devrais peut-être même avoir honte, si j’étais capable d’éprouver de la honte, qu’il dépare ma collection de chefs-d’œuvre, etc. Sauf que je ne porte que ce qui m’amuse et que si c’est souvent beau, je ne boude pas mon plaisir et je n’hésite pas une seconde à m’encanailler.
Giorgio sent un peu la cagole, c’est dit. Sa tubéreuse-fleur d’oranger soulignée d’une pointe d’ananas, solaire, rayonnante, imposante, sent bon le mini short en denim lacéré mais strassé, les cheveux blondis par le soleil californien et le péroxyde… J’aime Giorgio parce qu’il me met en vacances et me donne ma dose de ciel bleu. C’est un jour de ciel bleu technicolor dans la grisaille de la ville, l’impression de sortir d’une séance d’UV avant d’aller tourner mon bout de rôle, trois répliques et un maillot rouge trop serré, dans baywatch.
Tellement pas moi? Quel ennui d’être toujours soi. Et dans la vie, il n’y a pas que les visons et les tiares en diamants, n’est-ce pas?
Giorgio, M.L. Quince, Francis Camail et Harry Cuttle pour Giorgio Beverly Hills, 1981.
Bonsoir Dau,
RépondreSupprimerAprès la lecture j'ai eu l'occasion de le tester aujourd'hui et je dois confesser que je l'aime beaucoup en temps chaud ; alors qu'elle n'apparaît pas sur la piramide olfactive, sur ma peau cette pointe ananas se fait si évidente que la senteur devient vraiment solaire, lumineuse et rayonnante, un vrai plaisir à un prix dérisoire, juste pour la joie...
A bientôt!
Sara
Ah, je suis content! Oui, on se fait plaisir avec celui-là! Et la note ananas, pour moi aussi, elle est impossible à manquer et fait toute la différence... C'est très léger parce que ces années-là faisait le fruité discret, juste là pour souligner, mettre en avant le propos et qu'on a été habitué à bien plus présent depuis, mais c'est bel et bien là. Et, pour le coup, j'adore malgré tout les reproche qu'on a pu faire et qu'on peut encore faire au parfum...
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