un pas de côté

"La simplicité du Swann élégant n'avait été chez lui qu'une forme plus raffinée de la vanité."

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann, 1913.







Appâté par Jeanne Doré (billet sur Au Parfum), j'ai redécouvert Ô de Lancôme. Je l'ai beaucoup senti dans ma jeunesse et toujours beaucoup aimé. C'est peut-être de lui que je tiens mon faible pour les eaux chyprées. C'est une famille un peu à part dans le monde du parfum. Pour certains, elle sont juste des eaux d'été, pas des vrais parfums, mais pour les amateur du genre, elles constitue un plaisir en soi. Un plaisir différent, un peu égoïste. Une autre définition de la beauté, du chic, de l'élégance, plus désinvolte, nonchalante. Plus libre.


Ô sent bon les agrumes, le citron, les aromates et les notes vertes avec une pointe de fleurs, très peu, pas trop. Plus que le fruit il évoque la feuille du citronnier. C'est une joie de s'en asperger, de se baigner dans sa fraîcheur. Ce qui me frappe en le contemplant aujourd'hui, c'est la finesse de ses notes, à quel point sa simplicité est travaillée pour être joliment équilibrée, juste.

Et puis, il y a le fond, plus chaud. Ce fond de chypre patchouli et mousses qui fait dire que c'est "un vrai parfum" et non un simple rafraîchissement d'été. Quelque chose d'adulte. Durant deux décennies, c'est sur des adultes que je l'ai senti. Pas des petites filles ou des adolescentes. Souvent en été, mais à d'autres saisons aussi. C'est quand le fond de l'air est frai que je le trouve le plus joli. Il est plus net, plus éclatant et je perçois mieux ses subtilités, ses nuances de jaunes et verts, mais quelque soit la saison, il me donne envie de sourire, de rire même Parce que Ô sent un peu l'école buissonnièr, l'échappée belle, la possibilité de faire un pas de côté, de prendre des libertés, tenté pas le bleu du ciel.



Ô, Robert Gonnon pour Lancôme, 1969.

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