cuir refoulé

« Mais, ainsi que l’avait craint M. de Charlus, c’était peut-être un très bon cœur et c’était, paraît-il, un garçon d’une admirable bravoure. »

Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, le temps retrouvé, 1927.

Tom of Finland, État Libre d'Orange
Je devrais vous parler de torse velu aux tâtons qui pointent sous le blouson de cuir, de sexe dur qui tend le jeans et de lèvre avides sous la moustache conquérante. Bref un grand passage d’homoérotisme torride. Sauf que non. Ce sera pour un autre jour, si jamais je décide de vous parler d’Azzaro pour homme par exemple, mais là, je n’en ai pas envie, tout simplement parce que le Tom of Finland selon État Libre d’Orange ne m’inspire rien de la sorte même si c’est ce qui est officiellement au programme. Tant mieux ou tant pis ! Mais c’est souvent comme ça avec la marque : des compositions relativement classiques sous des appellations provocantes. Et j’ai tendance à trouver que ce n’est pas plus mal.

En l’occurrence, Tom of Finland évoque pour moi un appartement au design scandinave baigné d’une lumière pâle et froide. Des surfaces nues, des fauteuils en cuir et bois clairs peut-être signé Alvar Aalto, une table basse. Rien ne traîne. Un jeune homme, grand et mince, qui pourrait poser pour le dépliant de l’office du tourisme suédois sort de la douche, sèche rapidement son corps glabre et se balade dans un slip blanc impeccable en allumant des bougies pour réchauffer l’atmosphère.

A sa façon moins rentre dedans, ce cuir propre et doux qui se poudre doucement est très séduisant. Je l’aime beaucoup. Il peut décevoir celui ou celle qui s’attendrait à une expérience inspirée des darkrooms, parce qu’il est surtout joli et facile à porter mais il me touche parce qu’il est tellement propre sur lui qu’il doit forcément cacher quelque chose. Et ça, dans le fond, ça m’excite. 

Tom of Finland, Antoine Lie pour État Libre d’Orange, 2007.

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