"La duchesse n’aimait guère les toilette qui font costume. Elle-même, quoique en possédant, n’était jamais si bien qu’en velours noir avec des diamants."
Marcel Proust, à la recherche du temps perdu, la
prisonnière, 1923.
For Her, eau de parfum, Narciso Rodriguez |
Le premier parfum de Narciso Rodriguez s’est imposé sans
tapage : un portrait sobre noir et blanc en guise d’accroche publicitaire
à l’ère du porno-chic, un créateur encore inconnu dans nos contrée (Si ce n’est
pour avoir créé la robe de mariée de Carolyn Bessett-Kennedy), et un jus
soigneusement à l’écart des modes. For Her joue la carte de l’ambiguïté :
moderne, mais avec de sérieuse références classiques.
Des muscs, beaucoup de muscs, blancs et gras à la fois, créant une
atmosphère qui évoque la propreté confortable du coton fraîchement lavé et la
sensualité des corps. Le parfum enveloppe, crée un cocon douillet, une petite
bulle de confort ou se déploie une rose transparente, plus perçue, aperçue, que
vraiment vue. C’est à la fois un parfum très simple, très facile d’accès, et
sophistiqué. Plus qu’un jeu sur la sensualité des muscs, il réinterprète d’ancien
parfums chyprés, donnant l’impression d’être parfaitement contemporain tout en
nous gardant en territoire connu.
Peu de parfum donne à ce point l’impression de ne pas faire
d’effort, d’être parfait, d’avoir du style, mais sans se forcer. Avec en plus
une touche sexy. Le genre "nudité sous un cachemire qui tombe
parfaitement sur moi mais je ne l’ai pas fait exprès." Le genre qu’on
déteste sur les autres ; mais qu’on adore sur soi. Pas si étonnant, donc, qu’il
soit devenu un classique assez vite, avec sa clientèle encore fidèle 10 ans
après.
For Her, Christine Nagel et Francis Kurkdjian pour Narciso
Rodriguez, 2004.
Ce parfum me trouble, dans le sens où j'apprécié énormément son odeur mais où je serai incapable de le porter. Pourtant, j'aime les muscs, mais là, on est dans un effet cotonneux, "cocooning" beaucoup trop fruité pour pouvoir s'allier avec ma personnalité.
RépondreSupprimerJe vois un certain type de jeune femme le porter, plutôt littéraire, dans une université de grande ville, avec une grosse écharpe qu'elle aura elle-même tricoté, toute fière... Un profil assez précis donc, féminin dans l'âme.
Je n'ai pas d'image précise, peut-être parce que j'ai vu autour de moi des femmes vieillir, grandir dans certains cas, avec lui. Le public d'origine était celui-là, mais depuis il a évolué, est parti dans toutes les directions... Peut-être recrute-t'il encore dans ce milieu? Trop éloigné du mien actuellement: j'ai fait une fac de lettres, mais c'était il y a bien longtemps maintenant.
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